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L’activisme environnemental est-il encore trop blanc ?

Marina Toure
10 novembre 2022

Crédit visuel : Archives

Article rédigé par Marina Touré — Cheffe du pupitre Actualités

Le 15 octobre, des activistes de la campagne Plant-Based Future ont organisé une manifestation en renversant du lait de vache dans des supermarchés. C’était une manière de critiquer les régimes alimentaires non végétaliens et de mettre en avant l’urgence de changer nos modes de consommation. Ce n’est pas la seule forme d’activisme environnemental que l’on peut voir de nos jours. Plusieurs luttent localement et internationalement pour rendre l’activisme plus inclusif.

Adriana Calderón, étudiante en deuxième année dans le programme d’études internationales et langue moderne, se rend à la COP 27, prévu du 6 au 18 novembre prochains, en tant que représentante de la jeunesse mexicaine et de l’Université d’Ottawa (U d’O). Ce voyage est l’occasion pour elle de participer activement à la discussion sur la crise climatique et de recentrer les débats sur les populations qui souffrent le plus des changements climatiques, celles d’Amérique Latine, d’Asie et d’Afrique, explique-t-elle.

Activisme inclusif

Christine Beaudoin, doctorante en sociologie à l’U d’O, insiste sur l’importance de créer des espaces inclusifs. Elle mentionne des organisations comme 4 Directions Conservations Consulting Services, qui mettent au centre les communautés autochtones dans la planification de la protection de l’environnement. Pour Calderón, il est essentiel d’inclure ces communautés, ainsi que les personnes racisées et les populations du Sud, dans le combat pour la protection de l’environnement. Ces populations sont selon elle les plus marquées par les crises climatiques et pourtant y contribuent en même temps le moins.

C’est l’un des objectifs de Calderon à la COP 27. Elle souhaite énoncer sa demande de dommages et intérêts en raison de l’exploitation des pays du Sud par les pays du Nord. Pour elle, il s’agit d’un combat constant, car il est essentiel de décentrer la cause des actions des activistes blanc.he.s qui sont souvent les plus connues mais qui ne représentent pas toujours le mouvement pour le mieux. Beaudoin met en avant le fait que même si certain.e.s activistes racisé.e.s sont souvent invité.e.s aux événements comme la COP 27, ils.elles ne sont pas toujours écouté.e.s ni invité.e.s à prendre part aux décisions.

Discussions mondiales : quelles voix sont entendues ?

Selon Beaudoin, c’est un débat que l’on retrouve dans le monde de l’activisme environnementaliste: il faut se demander qui est invité.e dans ces événements et qui est exclu.e. Pour ces raisons, Calderón considère qu’il est important de savoir quel message est partagé par les activistes blancs qui ont le privilège d’être écouté.e.s. Elle remarque, que bien souvent, loin de faire des actions aussi provocatrices que de renverser du lait, les activistes racisé.e.s se font arrêter dans leurs pays pour de simples manifestations. Il faut donc selon elle que le travail de ces activistes se fasse en solidarité avec les activistes moins privilégié.e.s pour assurer le partage d’un message inclusif pour tou.te.s.

Beaudoin discute cependant de la difficulté parfois pour trouver des compromis dans ces situations. Dans ses recherches, elle se concentre sur les points qui permettraient de respecter l’intérêt de la nature, mais aussi des personnes. L’un ne va pas sans l’autre, selon elle. Calderón et Beaudoin tentent toutes deux de transposer leurs demandes dans le système, afin de changer les choses de manière durable.

Changer le système & collaboration

Les travaux de Beaudoin lui ont permis de constater l’importance de la collaboration avec le gouvernement, mais aussi de la science citoyenne pour préserver l’environnement. Les organisations locales utilisent les résultats des recherches comme outils face au gouvernement, afin de faire comprendre l’impact que peuvent avoir certaines actions. Calderón considère qu’il serait plus efficace de tenter de changer le système, plutôt que certains autres combats qui ne touchent pas vraiment la manière dont les choses sont pensées.

Pour Beaudoin, le combat pour la protection de l’environnement ne touche donc pas que la crise climatique, c’est un aussi un combat contre le racisme, le colonialisme, et certaines lois du gouvernement. C’est le cas de la loi 23, présentée par le gouvernement provincial de Doug Ford, qui tente selon elle de diminuer les pouvoirs d’organisations envrionnementales. Celles-ci contrôlent la construction autour de zones environnementales essentielles pour la survie des espèces en voie de disparition, comme l’explique Beaudoin. C’est une approche partagée par Calderón, qui rêve d’un changement dans les conversations et les perspectives des activistes environnementalistes.

Beaudoin et Calderón tentent de mettre en avant dans leur combat des moyens d’inclure des voix que l’on n’entend pas. Localement, soit les groupes et organisations communautaires, mais aussi à l’internationale, les populations et activistes qui ne sont pas invité.e.s aux discussions globales. Toutes deux sont conscientes que ce combat pour la protection de l’environnement, bien qu’en progrès, demande encore beaucoup de travail.

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