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Sports et bien-être

Lutter contre le diabète au Canada : le Cadre fédéral est déposé !

Dawson Couture
21 octobre 2022

Crédit visuel : Pixabay 

Article rédigé par Dawson Couture – Chef du pupitre Sports et bien-être

Le gouvernement fédéral a déposé le 5 octobre son Cadre national sur le diabète. Ce plan d’action vient un an après l’adoption, par unanimité, de la Loi relative au cadre sur le diabète et de l’allocation d’une somme de 35 millions de dollars sur cinq ans pour des fins de recherche, d’innovation et de prévention du diabète. Le Cadre vise à centraliser la stratégie, les informations et les ressources relatives au diabète à travers le pays pour mieux affronter cette maladie chronique.

Le Cadre est le fruit du travail de l’Agence de la santé publique du Canada, en collaboration avec de nombreux intervenant.e.s, y compris des personnes ayant le diabète, des chercheur.se.s, les provinces et les territoires et des organisations à but non lucratif (OBNL), comme Diabète Canada. Selon Martin Payer, pharmacien et président de Diabète Outaouais inc., « cela fait des années qu’on attend cette stratégie, tou.te.s les intervenant.e.s en soins diabétiques en parlent depuis longtemps ».

La diabète, une vraie épidémie

Ann Besner fait partie du Cadre supérieur à Diabète Canada, se spécialisant en connaissances et connexions pour les personnes affectées par le diabète. Il était essentiel, selon elle, que le Canada adopte une stratégie sur le diabète en raison de la prévalence de la maladie, qui ne cesse de croître.

Pour décrire la situation du diabète, Payer utilise une expression rendue maintenant célèbre : « l’épidémie du siècle ». En 2022, plus de 11,7 millions de personnes vivent avec le diabète ou le prédiabète au Canada seulement, soit 30 % de la population. Toutes les trois minutes, une nouvelle personne est diagnostiquée. Ces individus doivent ainsi faire face à une maladie qui affecte tous les aspects de leur vie, remarque Payer.

Le pharmacien explique que les provinces et les territoires ont présentement chacun.e leur propre stratégie pour faire face à cette « épidémie ». Sans stratégie nationale, Payer estime cependant que les intervenant.e.s ne donnent pas les mêmes conseils à travers le pays. « Peu importe si on consulte un.e médecin à Gatineau ou à Vancouver, les informations devraient être les mêmes », déclare-t-il.

Il existe également un besoin pour une prévention plus efficace contre le diabète, selon lui. Le diabète de type 2 peut être évité en améliorant les habitudes de vie, souligne-t-il, mais il n’existe aucun outil préventif pour le diabète de type 1. Payer soutient néanmoins que la sensibilisation et le traitement peuvent empêcher les complications liées aux deux types de diabète. Si le diabète augmente les risques de maladies cardiovasculaires, oculaires et rénales, Besner insiste que les interventions comportementales, les tests de glycémie et les médicaments aident à la gestion quotidienne de la maladie.

Des changements à l’horizon

Selon Besner, Diabète Canada et ses partenaires plaident depuis longtemps auprès des gouvernements. Elle signale que les recommandations de l’OBNL ont été partagées avec les différents paliers dans le cadre de l’élaboration de ce projet. Besner et Payer confirment que le Cadre est inspiré du modèle de l’ONUSIDA, mis en œuvre en 2017 pour mettre fin à l’épidémie de VIH/SIDA.

Alors que le Canada avait une stratégie sur le diabète de 1999 à 2013, Besner explique que cela fait plus d’une décennie qu’une telle stratégie n’existe plus. En comparaison à l’ancienne stratégie, Payer souligne que la nouvelle approche du gouvernement fédéral met l’accent sur la prévention. Selon lui, cette démarche aura un plus grand impact sur le taux de diabète sur le long terme, tout en sauvant de l’argent à l’État.

D’après Payer, un des problèmes majeurs avec le traitement et la prévention du diabète est le renouvellement continu des renseignements. La centralisation que prévoit la stratégie assurerait, selon lui, que tou.te.s les professionnel.le.s de la santé « parlent le même langage ». Dans un modèle national et encadré, il estime que les intervenant.e.s pourront recevoir des ressources plus facilement et offrir les renseignements nécessaires pour que les individus avec le diabète prennent de bonnes décisions.

Besner souligne que de nombreux groupes présentent un risque disproportionné de développer le diabète de type 2, y compris ceux.celles de certaines origines ethniques, dont les peuples autochtones, les personnes plus âgées et les personnes à faible revenu.  Le Cadre pourrait donc rejoindre ces groupes qui ont historiquement eu moins accès à de l’information et des services, insiste le Président de Diabète Outaouais.

Encore du travail à faire

Diabète Canada et Diabète Outaouais ont exprimé leur satisfaction face au dépôt du Cadre la semaine dernière. Il reste, toutefois, aux divers paliers de gouvernement et aux intervenant.e.s d’adopter les recommandations du Cadre. « Le défi consistera maintenant à encourager et à soutenir cette adoption », soutient Besner. 

Payer aimerait également voir plus d’investissements de la part des gouvernements dans les programmes de prévention du diabète. Alors qu’il reconnaît leurs efforts en ce qui concerne la révision du guide alimentaire ou les programmes d’exercice, ce dernier désire que le système mette davantage l’accent sur la prévention.

Maintenant que le Cadre a été déposé, Besner est d’accord qu’« il faut y donner suite ». Selon elle, il est nécessaire que les gouvernements financent et mettent en œuvre le Cadre avec des initiatives spécifiques dans leurs budgets de 2023. Cela passerait par l’amélioration de l’accès aux ressources, la création d’un organe de convocation et de coordination pour piloter le projet, la coordination de l’accès aux données, l’éducation inclusive et la recherche.

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