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Sports et bien-être

Nombre de pas quotidien : comment démêler le vrai du faux ?

Elsa Niyongabo
28 janvier 2022

Crédit visuel : Dereck Bassa – Photographe

Article rédigé par Elsa Niyongabo – Journaliste

Certaines personnes marchent par plaisir tandis que d’autres le font dans le but d’atteindre un objectif numéraire. Les divers téléphones intelligents, montres et autres appareils connectés permettent aujourd’hui d’obtenir des données plus ou moins précises quant au nombre de pas. Cependant, qu’en est-il de l’avis des expert.e.s ? Quelles sont les véritables recommandations ?

10 000 pas ; mythe ou réalité ?

Selon Pascal Imbeault, professeur titulaire à l’École des sciences de l’activité physique de l’Université d’Ottawa (U d’O), l’origine du chiffre 10000 remonte aux années 1960. « Sa source provient de l’invention d’un appareil japonais créé lors des Jeux olympiques de Tokyo [en 1964], qui se nommait Manpo-kei, ce qui signifie : compteur de 10 000 pas », explique-t-il. Il précise que ce chiffre correspond à environ huit kilomètres de marche, alors que la moyenne au Canada se situe entre 5000 et 6000 pas par jour présentement.

Alex Nkingi, étudiant de troisième année en communication à l’U d’O, se souvient qu’en 2019, sa moyenne quotidienne se situait justement autour de 10000 pas. « Ce chiffre m’était [en quelque sorte] imposé par l’application de mon téléphone », avoue-t-il, constatant que celui-ci a drastiquement baissé depuis le début de la pandémie.

« [Plutôt que de recommander un certain nombre de pas], les professionnel.le.s de santé conseillent de faire entre 20 et 30 minutes d’activité physique par jour », affirme de son côté le professeur, ce qui correspond à deux heures et trente minutes par semaine.

Intérêt pour la santé ou effet populaire ? 

D’après Imbeault, l’utilisation des applications de santé relève plus d’un effet populaire que d’un véritable intérêt pour la forme physique. Il constate d’ailleurs que tous les téléphones vendus aujourd’hui sur le marché en sont équipés.

Nkingi parle également d’effet de mode, mais déclare que grâce à la comparaison des données, les appareils connectés permettent de faire du sport entre ami.e.s tout en se trouvant à des endroits différents. Ainsi, il s’agit selon lui d’un bon moyen pour entretenir des liens sociaux en temps de pandémie.

Une utilité confirmée par Imbeault qui admet que ces applications de santé représentent tout de même une grande évolution sur le plan scientifique. « Les appareils connectés sont une mine d’or pour la réalisation de projets de recherche […]. [Ils fournissent une aide précieuse] aux chercheur.euse.s pour comptabiliser les données afin de pouvoir ensuite les exploiter », nuance-t-il.

Comprendre les impacts

 Imbeault évoque que les statistiques démontrent que les effets positifs de ces outils technologiques sont observés la plupart du temps chez les individus qui disposent d’un niveau socio-économique élevé. « Les données fournies par les appareils connectés peuvent provoquer un effet stimulant chez les personnes qui savent en faire bon usage, tandis qu’elles peuvent engendrer un effet anxiogène chez d’autres », poursuit-il.

Nkingi affirme quant à lui qu’à trop regarder les chiffres, on finit par entrer en compétition avec notre téléphone. « Les applications ne te donnent pas de limite. À chaque instant, une vibration te rappelle que tu n’as pas fini ta marche, et cela crée un sentiment d’insuffisance chez moi  », confie l’étudiant en communication.

Pour Imbeault, surveiller son activité physique peut être bénéfique à condition que cela soit fait de manière encadrée. Il existe, selon lui, un risque réel de tomber dans l’obsession, ce qui peut être encore davantage problématique lorsque la personne concernée souffre de troubles alimentaires. Il serait donc nécessaire selon lui de se référer à un.e spécialiste en activité physique pour éviter ce type de risques.

Nombre de pas quotidien idéal ?

« La majorité des personnes disposant de ces outils sont [tout de même] en mesure de gérer et d’interpréter les données fournies », ajoute Imbeault, mentionnant que l’utilisation de celles-ci n’apporte, toutefois, que peu d’effets positifs.

Il n’existe pas réellement de recommandations en termes de pas par jour rapporte le professeur de l’U d’O. Celui-ci rappelle l’importance d’effectuer entre vingt et trente minutes d’activité de façon quotidienne. Il est d’ailleurs, selon lui, tout à fait possible de le faire de manière discontinue tout au long de la journée. En ce qui concerne les recommandations vis-à-vis de l’éducation ou du travail en ligne, il conseille de ne pas conserver la même position pendant plus de quarante-cinq minutes.

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