Inscrire un terme

Retour
Actualités

Les institutions canadiennes et le racisme systémique

Actualités
18 octobre 2020

Crédit visuel : Le racisme dans les institutions canadiennes

Par Thelma Grundisch – Journaliste

Trois panélistes se sont entretenus sur la lutte contre le racisme dans le gouvernement et la politique du Canada dans le webinaire baptisé Le racisme dans les institutions canadiennes, le 15 octobre dernier. Il avait pour objectif de créer un espace pour la population étudiante afin de réfléchir et partager sur les formes de discriminations et d’inégalités qui persistent dans les institutions et notamment à l’Université d’Ottawa (l’U d’O).

L’événement était organisé par Marie-Eve Desrosiers et Jenn Wallner, professeures agrégées et respectivement titulaires de la Chaire de recherche en francophonie internationale sur les aspirations et mouvements politiques en Afrique francophone, et de la Chaire de recherche Jean-Luc Pépin. Le professeur Philippe Frowd y a animé une discussion entre la très honorable Michaëlle Jean, 27e gouverneure générale du Canada, le député de Hull-Aylmer Greg Fergus et Daniella Ingabire, étudiante à la maîtrise et assistante d’enseignement à l’U d’O.

Idéologie empoisonnée

L’ancienne gouverneure générale a lancé la discussion en rappelant que le racisme ne peut être compris aujourd’hui, ni éradiqué, sans avoir à l’esprit ses origines. C’est selon elle, le suprématisme blanc qui est à l’origine de la déstructuration des peuples conquis et de la déshumanisation, et que cette idéologie empoisonne les liens sociaux depuis des siècles.

Fergus a renchéri en précisant que « quand on ne voit pas quelque chose, on ne peut pas reconnaître son existence ». C’est pour lui le problème principal aujourd’hui : il faut reconnaître la couleur de peau des gens, et rendre visible le racisme systémique. Desrosiers le décrit comme étant le fléau des institutions politiques. S’il s’immisce dans toutes les institutions, il fait aussi partie du quotidien de chacun.e, et impacte les manières de faire et d’agir, notamment sur le campus, décrit Ingabire. 

Elle explique qu’ « on réduit souvent le racisme […] à une faute à dimension individuelle […], mais c’est un racisme plus profond, qui est ancré dans la colonisation et intériorisé ». Selon l’étudiante à la maîtrise, ce racisme systémique se matérialise à l’U d’O par une minorité de professeur.e.s et d’assistant.e.s d’enseignement noir.e.s, et par un manque de ressources pour les étudiant.e.s noir.e.s.

Combat pour le changement

La très honorable Michaëlle Jean a expliqué que « le racisme systémique doit être l’affaire de tout le monde […] il faut une prise de conscience du fait que chaque geste, chaque parole peut faire la différence », et tou.te.s devraient se prêter à cet exercice de vérité. Une « bonne gouvernance est une gouvernance inclusive […] et l’activisme est là pour rappeler l’état à ses devoirs », soulignait-elle.

Le problème est que le système n’est pas légitime aux yeux des personnes opprimées, a appuyé Fergus; il s’agirait non pas de défaire le système, mais de le changer de l’intérieur, à travers différentes politiques. Le changement s’inscrit pour ces deux panélistes comme un balancier entre réformes et manifestations. 

Le député de Hull-Aylmer a également souligné la nécessité que les personnes qui ne sont pas noir.e.s participent à la discussion et au combat ; il veut encourager le dialogue entre les groupes, mais aussi en leur sein. Ingabire a rejoint ses arguments, et a demandé aux allié.e.s de « crier quand vous voyez du racisme ou que vous croyez voir du racisme ». Elle a aussi précisé qu’il s’agit d’un travail très exigeant, car « être racisé.e c’est à plein temps, alors être allié.e ça doit l’être aussi ».

Les participant.e.s ont insisté sur le fait qu’il faut désormais bâtir ou rebâtir les liens de confiance qui ont été brisés entre la population et les institutions. L’ancienne gouverneure générale a conclu la discussion en appuyant sur l’importance de « se livrer à un devoir de vérité, en réclamant à hauts cris un nouveau départ ».

La conférence s’est déroulée au lendemain de l’incident à caractère raciste impliquant une professeure de l’U d’O, et au milieu du mois du bien-être des étudiant.e.s noir.e.s.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire