Crédit visuel : Megan Payne – Contribution
Critique rédigée par Megan Payne – Contributrice
Des dick pics sous les étoiles, deuxième ouvrage de l’écrivain et pianiste Pierre-André Doucet, raconte la désintégration d’une relation amoureuse contemporaine. L’utilisation par l’auteur du langage parlé dans son écriture et sa représentation réaliste des difficultés du maintien d’une relation à distance dressent le portrait de la réalité de la vie de couple.
Doucet met en scène Marc, un homme habitant Montréal. Ce dernier occupe un emploi dans un centre d’appels pour rembourser les dettes qu’il a contractées pendant ses études, et tombe amoureux de Marc-Antoine. Alors que Marc doit rentrer à Moncton pour aider sa sœur à garder ses enfants, son compagnon part en voyage. Tous deux décident cependant de poursuivre leur relation ; mais avec le temps, la distance, et leurs préoccupations, cette dernière s’érode.
Langue et contrastes
Comme le titre le laisse entendre, le récit est raconté dans un langage cru et poétique, parfois sexuellement explicite, sans pour autant être pornographique. S’il intègre des échanges de textos pour faire avancer la narration de manière fluide, cette forme d’échange est difficilement incorporée et reste artificielle pour l’audience. Mais le roman semble avoir une bonne compréhension des règles implicites de la communication par messages, ces passages jouant beaucoup sur la création d’un effet d’ennui et de ralentissement quand Marc passe ses soirées sur son cellulaire.
Les dialogues sont marqués par la variation de la langue parlée, qui sert à approfondir la caractérisation des personnages. Certain.e.s interlocuteur.rice.s parlent peu le français, et démontrent un certain malaise avec la langue avant d’opter par la suite pour l’usage de l’anglais. Le chiac, parlé par Marc et ses proches qui habitent Moncton, est également utilisé dans les textos. D’autres personnages ont une grammaire très soignée, qui contraste avec l’écriture familière du protagoniste. Sans en faire un sujet principal du roman, la narration met de l’avant les enjeux linguistiques que les lecteur.rice.s d’un milieu francophone minoritaire peuvent reconnaître.
Romance peu romantique
Le roman initiatique contemporain s’attaque aux défis et enjeux que vivent les gens dans la mi-vingtaine. L’auteur s’approprie les clichés romantiques, puis les remanie à son goût. C’est bien le cliché du coup de foudre qui met en marche l’intrigue, alors que Marc avoue à son colocataire qu’après un rendez-vous et un court échange de messages, il se voit déjà tomber amoureux. Cette rencontre initiale donne de l’espoir à la lectrice et au lecteur, qui se rendent rapidement compte que la relation endurera des défis ; un ton mélancolique est adopté pour raconter ce récit tandis que Marc et Marc-Antoine expriment ce désir d’entretenir une relation à distance, mais n’y parviennent pas.
Des dick pics sous les étoiles vaut la peine d’être lu. S’il s’agit du premier ouvrage de cet auteur que je lis, ce ne sera certainement pas le dernier puisque j’ai beaucoup apprécié le contraste entre le style poétique et le langage cru utilisé. Je ne conseillerai pas ce roman à celles et ceux qui cherchent une belle histoire romantique avec une fin heureuse, mais je vous le recommande si vous cherchez une lecture qui défait les clichés sur l’amour et sur la vie.