Inscrire un terme

Retour
Arts et culture

Résurrection théâtrale avec le Centre National des Arts

Culture
13 janvier 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail – Direc­trice artis­tique

Critique rédigée par Fanta Soua­ré – Jour­na­liste

La COVID-19 ne tuera pas le théâtre, c’est certain. Depuis l’automne 2020, le Centre National des Arts (CNA) s’est engagé à piloter douze pièces novatrices dans le contexte de la pandémie avec Envolées Théâtrales. Si la première partie du projet a été un peu décevante, la deuxième partie, ayant débuté le 7 janvier 2021, elle, est loin de l’être !  

Les œuvres ont toutes été créées dans le but de ramener les arts de la scène à tou.te.s celles et ceux voulant se laisser emporter par le spectacle. Ces pièces de théâtre imaginées et produites par différentes troupes canadiennes ont ainsi été présentées dans des lieux publics divers, pour ensuite être transformées en des œuvres virtuelles accessibles à tou.te.s en tout temps. Bien que les dialogues soient énoncés dans la langue de Shakespeare, des sous-titres français et anglais sont disponibles pour une meilleure accessibilité.

Hymnes à l’espoir

Dans Iniskimla première présentation de la série, un peuple de plusieurs nations se réunit pour redonner vie et honorer la nature. Ces artistes se rassemblent pour conter l’histoire du bison disparu aux mains des colons, qui renaîtra grâce à leur communion et vénération. La production de la Canadian Academy of Mask and Puppetry de Calgary ne dure peut-être que cinq minutes, mais chaque seconde est remplie d’émotions.

J’ai eu les yeux rivés à mon écran en observant les marionnettes et les lanternes lumineuses virevoltant dans la noirceur. Ces lumières dansantes sont accompagnées d’une narration riche et profonde en anglais et en Blackfoot, une langue du peuple algonquien. C’est un spectacle culturel splendide, et une histoire qui vaut la peine d’être contée.  

Un autre spectacle de la série est Until the Next Breath, monté par le Catalyst Theatre d’Edmonton. La pandémie prend l’avant-plan de cette présentation qui soulève mille et une questions portant sur la survie, la respiration et le touché. Le court métrage commence dans le style du film Contagion, avec des sons angoissants et des images sombres et mélancoliques, annonçant la propagation d’un virus mortel. Les combinaisons, masques et sirènes hurlantes rappellent le monde simili post-apocalyptique dans lequel nous vivons, et va même jusqu’à nous couper le souffle.

Un personnage présage que nous ne verrons plus jamais un retour à la normale, et que le monde que nous connaissions tire à sa fin hâtive. Cette contextualisation est malheureusement beaucoup plus proche de la réalité que nous aimerions l’admettre et c’est assez pour glacer le sang !

Dans les dernières quelques secondes, une personne ose enlever son équipement de protection et prendre une grande respiration pour tendre la main à son voisin. Cette transition rapide, que je juge un peu trop soudaine, rappelle que le simple geste d’une bouffée d’air de pleine conscience amène espoir et réconfort. Si la force de cette œuvre vient définitivement de sa trame sonore qui s’infiltre dans l’esprit du public et fait dresser les cheveux, elle passe aussi par le jeu de couleurs fluorescentes, représentant les extrêmes dans lesquelles nous vivons.

Manque de profondeur 

L’œuvre qui m’a moins plu est Reframed, une pièce d’Electric Company Theatre de Vancouver, qui joue le rôle d’un récit de mise en garde périmé. La pièce suit un groupe d’individu.e.s qui manque d’individualité et est absorbé par l’hystérie de foule sur les réseaux sociaux. Par conséquent, les acteur.rice.s sont rivé.e.s à leurs écrans téléphoniques tels des zombies sans cervelle qui jouent les perroquets.

Reframed critique la façon dont nous ostracisons ceux et celles qui osent poser des questions, et défier les opinions des masses. C’est un message d’avertissement très pertinent au 21e siècle, qui résonne malheureusement comme une idée répétée qui n’offre rien de nouveau. Cependant, la chorégraphie offre un effet de transe réussi et le montage vidéographique impeccable de la pièce compense pour la morale d’un épisode de Black Mirror manqué.

Pouvoir de la danse

The Fire Kedgys’ Howl est une performance des Neighbourhood Dance Works de Saint John’s, qui se déroule dans un univers féérique et mythologique, au beau milieu d’un parc public. Les danseur.euse.s sont doté.e.s de costumes en papier recouverts de titres de manchettes, énonçant les divers problèmes de notre société.

Soudainement, la corne sonne pour guider l’humanité à un havre de paix à travers une danse abstraite, accompagnée d’une chorale solennelle. Beaucoup de questions me sont passées par la tête durant le visionnement de cette performance étrange digne d’un autre monde, mais c’est bien cela qui fait son charme.

La deuxième partie des Envolées Théâtrales a été pleine de surprises plaisantes. Les différentes thématiques des œuvres enrichissent le projet et font qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre. J’attends avec enthousiasme le troisième et ultime volet du projet, qui devrait être disponible très prochainement.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire