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Éditorial

2020, l’année noire du 21ème siècle ?

Rédaction
4 août 2020

Crédit visuel : Pixabay

Par Caroline Fabre – Rédactrice en chef 

Entre Troisième guerre mondiale évitée de justesse, réchauffement climatique de plus en plus critique et virus inconnu rapidement transformé en pandémie, l’année 2020 nous aura surpris.e à bien des égards. Alors que nous avons officiellement terminé le mois central de cette année qui promet d’être riche en émotions, revenons sur les principaux événements qui l’ont marquée.

Nous étions bien loin de nous douter en célébrant la fin de l’année 2019 le 31 au soir, que celle qui suivrait nous plongerait dans une sorte d’interminable stupeur. De mauvaise surprise en mauvaise surprise, nous avançons dans cette année qualifiée par certains d’apocalyptique. À raison si vous voulez notre avis.

À la façon d’une partie de Jumanji ayant viré au drame, où chaque mois qui succède est pire que le précédent, 2020 semble être l’année des remises en question, des déceptions, de l’impossible. Fort heureusement pour nous, les rhinocéros, zèbres et éléphants ne se sont pas encore téléportés à Ottawa, les plus proches étant enfermés dans le zoo de Papanack.

Nombreuses sont les théories du complot à avoir vu le jour concernant cette année, tout particulièrement sur internet, tentant inlassablement d’expliquer en quoi 2020 constituerait la fin de l’humanité. Erreur dans le calendrier grégorien nous ramenant en 2012, précédente date de l’apocalypse, coronavirus inexistant, créé par Bill Gates dans un laboratoire, ou créé afin de réguler la population mondiale ; chaque théorie apporte son lot de surprise.

L’Australie part en fumée

L’année s’est ouverte sur les terribles incendies qui ont ravagé pas loin de 17 millions d’hectares en Australie. Nous trichons peut-être un peu ici, ces feux monstrueux ayant débuté au mois de juin de l’année précédente.

Finalement maîtrisés mi-février, le bilan reste lourd : 33 personnes sont décédées, un milliard d’animaux ont péri, et pas loin de 2 500 habitations ont été calcinées. Un paysage ravagé, à feu et à sang  symbole de cette véritable catastrophe écologique.

Menace d’une Troisième guerre mondiale 

En parlant de feu et de sang, nous avons évité de justesse début janvier une « Troisième guerre mondiale ». Si des tensions existent depuis des dizaines d’années entre l’Iran et les États-Unis, l’assassinat du général Soleimani lors d’une offensive américaine le 3 janvier n’a pas contribué à améliorer les choses.

Ordonnée par Trump, cette attaque a fait suite à l’assaut contre l’ambassade des États-Unis perpétrée le 1er janvier. S’en est suivie une période où les tensions atteignaient leur paroxysme, l’Iran et l’Irak appelant à la vengeance.

Et nous ne sommes pas sûr.e.s de vouloir voir qui aura le dernier mot. Et pour quelle raison. Si les enfants se voient enseigner l’adage « On ne répond pas à la violence par la violence », peut-être que les politiciens et les hauts dirigeants devraient le réviser, de temps à autre.

COVID-19 : qui es-tu ?

Le chapitre suivant, vous le connaissez plutôt bien. Virus, confinement, quarantaine. Masques, distanciation, vaccin inespéré. Des mots malheureusement devenus bien trop coutumiers. Supposément apparu en Chine en décembre 2019, le virus proviendrait d’une source animale. Pangolin, chauve-souris ou encore serpent, plusieurs espèces ont été visées.

D’abord cantonné au continent asiatique, le coronavirus, ou COVID-19 s’est propagé comme une traînée de poudre, touchant les pays limitrophes, puis  les pays limitrophes des pays limitrophes, et ainsi de suite. Avec 18 millions de cas à ce jour, le petit virus sous-estimé par tou.te.s s’est transformé en véritable pandémie.

Et, nous en parlions pus haut, nombreuses sont les théories du complot qui l’entourent. Peut-être que le virus a été crée dans un laboratoire de Wuhan ? Ou qu’il a été créé pour servir d’arme bactériologique ? Que la salive de lama constituerait un puissant antidote ? Peut-être que Bill Gates s’ennuyait et voulait réduire drastiquement la population ? Pardon, nous mélangeons tout. Mais il est difficile d’avoir des sources fiables quand tout le monde semble avoir son mot à dire sur la question.

Toujours est-il qu’en ce début du mois d’août, la situation n’a que très peu évoluée.

Fin du monde ?

Si cet événement semble être légèrement passé à la trappe, nous avons bien failli tous mourir le 29 avril 2020. Un astéroïde mesurant entre 1,5 et 4,1 kilomètres de diamètre aurait frôlé la Terre.

Jugé « potentiellement dangereux » par la National Aeronautics and Space Administration (NASA) de part sa taille, « sachant qu’il suffit d’un astéroïde de seulement 1 kilomètre de diamètre pour mettre fin à l’humanité en cas de collision avec la Terre », 52768 de son doux nom aura décidé de nous épargner. Trop aimable à lui, nous avons déjà suffisamment de problèmes.

Parait-il que son petit frère baptisé Apophis devrait nous faire la même frayeur en 2029. Mais d’ici-là, peut-être que la COVID-19 nous aura transformés en zombie, ou qu’une éruption solaire nous aura tou.te.s carbonisé.e.s. Voyons le positif dans chaque situation.

Black lives matter 

Finalement, il nous aura fallu une pandémie pour unir nos forces contre le racisme. Il s’appelait George Floyd, et le 25 mai, il a été assassiné à Minneapolis, soupçonné d’avoir utilisé un faux billet  dans une épice­rie. Des manifestations et des émeutes ont eu lieu un peu partout à travers le monde, en son hommage, et démontrant le début d’une lutte contre les violences policières bien trop longtemps tolérées. 

Dans un balado baptisé Why now white people proposé par Code Switch, deux journalistes cherchent à expliquer les raisons de ce soudain éveil collectif. Parmi plusieurs des théories énoncées émerge celle indiquant que les populations avaient ce besoin d’agir. Agir contre le coronavirus n’étant cependant pas à la portée de tou.te.s, les gens se sont rabattus sur les violences policières. Et intrinsèquement, le racisme.

C’est un peu comme si, à défaut d’être occupés avec nos vies de tous les jours, nous nous rabattions sur le militantisme comme passe-temps. Ou comme moyen de quitter notre appartement, en temps de coronavirus. Avant, nous avions toujours de bons prétextes pour ne pas prêter attention aux victimes, mais là, loin de nos familles, de nos ami.e.s, de notre travail, nous avions besoin de divertissement.

Et aussi bizarre que ça puisse paraître, avec l’allégement du confinement et des mesures qui y sont liées, ce militantisme semble s’être relâché, à la façon d’un effet de mode. Les meurtriers de Floyd ont peut-être été emprisonnés, mais pas ceux des autres victimes de violences policières, comme Regis Korchinsky-Paquet, Breonna Taylor ou encore Ahmaud Arberry. Hypocrites que nous sommes.

Une vague de dénonciations 

À l’instar des mouvements de dénonciation de violences policières, des mouvements de dénonciation d’agressions sexuelles ont vu le jour dans plusieurs pays depuis le début de l’année. Ceux qui font suite au célèbre #MeToo venu des États-Unis en 2017 montrent à quel point la culture du silence et de la honte est encore de mise en  2020. Des manifestations ont d’ailleurs eu lieu un peu partout dans le monde, comme à Québec et Montréal, mais aussi à Paris ou encore au Mexique. 

La situation ne semble pas avoir changé en trois ans. Et si ces mouvements ont eu une grande ampleur durant quelques jours voire semaines, ils ont, à l’instar du mouvement Black lives Matter, été bien trop rapidement été oubliés. Même cause, même issue ? Peut-être est-ce un signe que l’histoire se répète en boucle ?

Nous refusons d’y croire ; la honte changera de camp, à un moment ou à un autre. Certain.e.s y travaillent activement, comme le collec­tif fémi­niste de Hyènes en Jupons. Collectif lui aussi réduit au silence, car suspendu définitivement de WordPress. Une nouvelle preuve qu’il reste encore beaucoup à faire en matière de justice. 

Si cette première portion de l’année 2020 aura mis nos nerfs à rude épreuve, espérons que les mois qui suivront nous permettrons de nous reposer mentalement, et de mener à bien nos projets, mis à l’écart pour la plupart.

Finalement, peut-être sommes-nous dans une version alternative d’une partie de Jumanji ?

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