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5 ans de #MeToo : peut-on d’ores et déjà parler de changement ?

Eya Ben Nejm
2 novembre 2022

Crédit visuel : Nicholas Monette – Directeur artistique 

Article rédigé par Eya Ben Nejm – Journaliste

Cela fait cinq ans que le mouvement #MeToo circule sur les plateformes médiatiques. Ce mouvement regroupe des personnes qui ont témoigné afin de briser le silence et les stigmates autour des agressions sexuelles. L’experte Kharoll-Ann Souffrant de l’Université d’Ottawa (U d’O) informe sur l’essor du mouvement et son impact sur la société, rejoint par deux étudiantes de U d’O qui partagent leur point de vue sur le mouvement.

L’ampleur du mouvement #MeToo a mis en lumière des témoignages à l’échelle mondiale. Le mouvement comptabilise près de 54 millions de gazouillis en cinq ans sur les médias sociaux. Mis à part cet l’impact médiatique, que retenir des cinq ans du mouvement ?

Mouvement plus ancien

MeToo désigne, pour l’étudiante de deuxième année en science politique Lara Horo, un «mouvement féministe révolutionnaire […] qui peut changer la vie des femmes, sauver des vies». Le mouvement a connu son essor médiatique lors du scandale concernant Harvey Weinstein. Néanmoins, pour Averi Winn, étudiante de deuxième année en science politique et Juris Doctor, le mouvement est plus ancien que 2017. 

Souffrant confirme ses propos et explique les origines du mouvement. Celui-ci a débuté en 2006, par la militante afro-américaine Tarana Burke, survivante d’agression sexuelle. Lors de son élaboration, ce mouvement s’adressait aux filles et aux femmes issues de communautés noires de milieux défavorisés, continue Souffrant. La médiatisation d’un mouvement préexistant a des avantages et des désavantages, d’après l’experte. Cela a permis de «normaliser l’expérience [des survivant.e.s] et de la nommer sans tabou, sans honte», mais sa viralité aurait conduit à «invisibiliser les femmes noires qui étaient à l’origine du mouvement en 2006».

Par exemple, Horo a connu le mouvement à la suite d’un scandale médiatique en Amérique latine. L’experte explique que la notoriété des personnalités attire l’attention des médias. La viralité du mouvement commence en effet par le gazouilli d’Alyssa Milano en 2017, qui appelle les victimes à partager leurs propres expériences.

Ce n’est que le début…

L’impact du mouvement à bouleversé la sphère politique et judiciaire en apportant plusieurs changements. À l’échelle provinciale, Souffrant prend en exemple le projet de loi 151 au Québec, qui consiste en «des politiques de prévention et d’intervention en matière de violences sexuelles dans tous les cégeps et universités». Ce n’est pas le seul : l’experte évoque des changements sur le délai de prescription. L’abolition du délai de prescription permet aux personnes de porter plainte au-delà des 30 ans anciennement établis, explique-t-elle. Elle mentionne aussi la mise en place de tribunaux spécialisés en violence conjugale et sexuelle au Québec.

Pour Winn, ces changements ont été causés par l’attention médiatique qui a permis d’interpeller les politiques, de les pousser à considérer la question. Néanmoins, Horo explique qu’il est important de sensibiliser et d’établir des «projets de loi pour lutter contre les agressions ». Souffrant critique le manque de mesures, dans les écoles le sujet serait « moins abordé » alors que les victimes et les agresseur.se.s sont aussi des mineur.e.s. Malgré la mise en place de certaines mesures, elle regrette que celles-ci ne soient pas de plus grande ampleur, pour faire face à la quantité d’agressions sexuelles.

Un mouvement de telle ampleur a permis à Horo de mieux se sensibiliser sur la question du consentement. Du côté de Winn, elle voit le mouvement comme « une grande opportunité qui n’a pas été ouverte aux anciennes générations. Aujourd’hui, il y a des espaces de discussion, d’apprentissages autour du consentement ». L’experte rappelle les origines inclusives de ce mouvement, qui se base selon elle sur « l’empathie et la solidarité autour des victimes ». Horo interprète #MeToo comme un mouvement qui appelle tou.te.s, peu importe leur orientation sexuelle, ethnie, origine. Souffrant conclut qu’il ne faudra pas s’arrêter là. Le mouvement #MeToo ne serait que le début d’un combat qui s’accentue au fil du temps. 

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