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Campement à Tabaret : les négociations entre l’Université et les manifestant.e.s piétinent

Ismail Bekkali
4 juillet 2024

Crédit visuel : Ismail Bekkali – Journaliste

Article rédigé par Ismail Bekkali – Journaliste

Le 29 avril s’est installé devant le bâtiment Tabaret un campement de manifestant.e.s en soutien à la cause palestinienne. Leurs revendications, centrées autour de la demande de désinvestissements des entreprises impliquées dans le génocide palestinien, n’ont pas encore été répondues par l’Université d’Ottawa (U d’O). Entre obstinations et négociations depuis huit semaines déjà, quel est l’état des discussions entre les deux parties ?

Des échanges au ralenti

Dès l’installation du campement fin avril, les revendications des manifestant.e.s du campement étaient claires : la divulgation complète des investissements de l’établissement, son désinvestissement de toutes les entreprises impliquées dans le génocide, la cessation de tout partenariat avec les institutions universitaires sionistes et enfin l’adoption de la définition du racisme anti-Palestinien.ne.s de l’Arab Canadian Lawyers’ Association.

En entrevue avec La Rotonde, Nour, une des organisatrices du campement et vice-présidence événements de l’INSAF, explique le déroulé des négociations avec l’administration de l’U d’O. Au sujet de la première demande, une liste d’investissements a été publiée au début du mois de juin par l’Université, mais, selon Nour, cette liste serait loin d’être exclusive. En effet, une partie importante des investissements de l’Université serait dirigée vers ses fonds de pension, qui à ce jour n’ont pas été divulgués, alors qu’ils seraient les plus éthiquement compromettants.

En ce qui concerne le désinvestissement, « aucun progrès n’a été fait à ce niveau-là », affirme l’organisatrice. « Certains progrès ont été entamés concernant notre troisième et quatrième demande, mais il n’y a rien de concret ou prometteur pour l’instant », dénonce-t-elle.

L’étudiante continue en décrivant le ton des négociations ayant eu lieu au fil des semaines avec leurs principaux interlocuteurs : Éric Bercier, Vice-recteur associé aux affaires étudiantes, François Dionne, Directeur des investissements et fonds de pension, ainsi que Jacques Beauvais, Provost et vice-recteur aux affaires académiques. L’organisatrice décrit les premières semaines comme un échange de propositions entre les deux parties, durant lequel l’administration de l’Université refusait selon elle de céder à tout compromis en faveur des revendications exprimées.

« Les propositions qui nous ont été renvoyées n’ont fait qu’empirer, jusqu’au jour où on nous a annoncé que Jacques Beauvais et François Dionne ne prendraient plus part à nos discussions », rajoute Nour, qui décrit l’état actuel des négociations comme « critique ». En réponse, les organisateur.ice.s du campement se sont munis de l’aide d’un avocat pour mener leurs interactions avec le personnel de l’U d’O. Selon l’organisatrice, malgré la rigidité de la position exprimée par l’administration de l’U d’O, la détermination des manifestant.e.s du campement ne faiblirait pas. 

Une administration de moins en moins coopérative

Les organisateur.ice.s du campement ont tenu une conférence de presse le 27 juin. Durant celle-ci, ils et elles ont indiqué que l’U d’O aurait menacé de démanteler le campement de force en faisant appel aux équipes de police pour raisons d’intrusion prolongée sur leur propriété. Des membres des forces de l’ordre auraient même été aperçus autour du campement, selon l’une des organisatrices de ce dernier. Les intervenant.e.s de la conférence de presse, parmi lesquel.le.s se trouvaient deux représentant.e.s des associations Labor for Palestine Canada et Palestinian Youth Mouvement, le professeur titulaire de criminologie à l’U d’O Justin Piché et le Dr. Yipeng Ge, ont dénoncé le manque de coopération de l’Université.

Un droit de réponse à été offert à l’U d’O par La Rotonde, mais celle-ci n’a pas souhaité répondre, nous redirigeant vers la déclaration de Jacques Beauvais du 5 juin dernier.

Vers l’ouverture d’un nouveau dialogue ?

Cette dernière conférence de presse n’est pas restée sans conséquence. L’INSAF a révélé quelques jours après que les discussions avec l’administration de l’U d’O sont désormais réouvertes. Une première rencontre serait prévue cette semaine, sous certaines conditions, puisque selon l’INSAF, les étudiant.e.s ne pourraient pas avoir d’avocat, tandis qu’un avocat expérimenté se trouve de l’autre côté de la table.

Delphine Robitaille, présidente du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO), se dit enthousiaste à l’idée que les négociations soient de nouveau ouvertes, et félicite et encourage les efforts des organisateur.ice.s du campement. Pour clarifier la position du Syndicat, elle affirme que ce dernier « a adopté en 2021 une position de soutien à la Palestine et son autodétermination ». La présidente ajoute que la position du Syndicat s’est « affinée » au cours des mois et au fur et à mesure des consultations étudiantes ayant eu lieu, pour aboutir finalement à un soutien complet à la cause du campement.

Robitaille continue en insistant que le SÉUO veut avant tout respecter la motion votée par les étudiant.e.s au cours de l’Assemblée générale. Ce soutien s’est manifesté par « une constante communication » avec les organisateur.ice.s du campement afin d’assurer la sécurité des étudiant.e.s sur le terrain, mais aussi en jouant un rôle de médiateur entre les deux parties.

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