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Arts et culture

Dans le bleu : une pièce de théâtre autobiographique pour se sentir vivant.e

Eya Ben Nejm
9 février 2023

Crédit visuel : Facebook / Page Dans le bleu

Critique rédigée par Eya Ben Nejm – Journaliste

Le 1er février a eu lieu au théâtre communautaire de l’Île à Gatineau la première représentation de la pièce de théâtre Dans le bleu, interprétée par Magali Lemèle et réalisée par Gabriel Plante. C’est une pièce autobiographique qui relate les péripéties et les réflexions philosophiques de la comédienne. Lemèle y raconte son voyage maritime à bord d’un voilier pour traverser l’Atlantique.

Dans le bleu était une pièce de théâtre initialement prévue pour 2020. Cela dit, la pandémie n’a pas permis au projet de prendre forme, en raison de la fermeture des théâtres. Dans le bleu a donc refait son apparition sur la scène artistique en 2023 au théâtre communautaire de l’Île. Tout au long de la pièce, l’unique comédienne interprète le rôle de tous les personnages rencontrés au cours de son aventure. Parmi les figures récurrentes se trouvent un capitaine et une fille marseillaise, avec qui elle embarque. Durant son périple, elle affronte ses peurs et le jugement des autres.

Dans le bleu est une pièce authentique, qui ne relève pas de l’imaginaire, mais est issue d’une histoire vraie. Lemèle se met à nu devant le public en dévoilant des moments personnels. La pièce de théâtre peint l’aventure d’une femme libre au milieu de l’océan, dans son état le plus vulnérable.

« Mon histoire »

Mimi Masson, spectatrice de la pièce et professeure à l’Université d’Ottawa, exprime sa joie d’être au théâtre de l’île pour pouvoir profiter des œuvres artistiques. Depuis la pandémie, elle explique n’être pas souvent sortie. Dans le bleu est une occasion pour elle de se changer l’esprit. Bien qu’elle ne connaisse pas vraiment la pièce, elle trouve la dimension autobiographique intéressante et enrichissante. Masson était accompagnée de son frère Jean Nicolas Masson, comédien de profession et lui aussi spectateur de la pièce. Ayant déjà  joué avec Lemèle, il était d’autant plus intéressé de découvrir son voyage, informe-t-il.

Certes, Dans le bleu est un spectacle pour le public, « mais ça reste mon histoire », exprime Lemèle. Incarner sa propre histoire est un sentiment particulier, avoue-t-elle. Jean Nicolas Masson annonce qu’il est habituel de voir des spectacles autobiographiques. Ce n’est pas étrange, appuie-t-il. Selon lui, les pièces identitaires qui se focalisent sur soi-même reposent sur un objectif de recherche d’une réponse, d’une quête de soi, et peuvent même revêtir une forme thérapeutique.

Dans le bleu est aussi un récit poétique, dont la mise en scène s’appuie sur un jeu de lumière et des décors peints en arrière-plan. Effectivement, Lemèle déclare que la mise en scène de la pièce repose sur « les fantômes qui l’habitent ». Ainsi, le jeu de couleurs entre le rouge et le bleu ou encore du sombre à la lumière illustre différents moments éprouvés par la comédienne. Son histoire a pour objectif de faire voyager les spectateur.ice.s et de les amener à se sentir vivant.e.s.

Un récit philosophique

Les thématiques abordées laissent le.la spectateur.ice s’identifier et vivre l’histoire comme la sienne. La liberté est la ligne conductrice du conte. « Vivre ses rêves » requiert de faire face à des contraintes sociales, que Lemèle appelle à dépasser pour pouvoir vivre pleinement. Son aventure commence avec des doutes, elle se questionne sur la lucidité de son choix de traverser l’Atlantique avec des inconnu.e.s. Cela dit, Lemèle déclare avoir toujours voyagé avec des étranger.e.s, en ajoutant qu’elle aime « défier la vie ».

Les années 2014 à 2017 ont marqué la vie de l’autrice. Elle explique être familière avec le monde de la voile, mais la traversée vers l’Atlantique fut une tout autre aventure. Dans son voyage, elle ressent une forte solitude. L’histoire regorge de ce sentiment. La présence du capitaine, de la fille marseillaise ou des rencontres passagères ne permettent pas d’atténuer cette sensation. Seule, sans ses proches, elle est livrée à ses pensées. La rupture entre elle et son partenaire marque également un tournant dans l’histoire.

La puissance de mère Nature renforce le récit. L’autrice porte une attention particulière à sa personne face à l’océan. Elle est témoin du ciel bleu ensoleillé et des différentes variantes d’une tempête au milieu de l’Atlantique. Lemèle se montre coriace face au danger de l’océan. En groupe, les passager.e.s doivent parfois survivre avec les moyens du bord pour faire résister le bateau aux intempéries. Ces moments montrent l’insignifiance de l’être humain face au pouvoir de la nature. L’aspect environnemental est également abordé, notamment lorsque Lemèle observe les bouteilles en plastique jetées dans la mer. C’est un clin d’œil qui rappelle la problématique actuelle au sujet des déchets marins.

Cette pièce de théâtre d’une durée d’une heure trente se produit jusqu’au 12 février au théâtre de l’Île.

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