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Arts et culture

Diversité culturelle en musique avec LeFLOFRANCO

Culture
26 janvier 2021

Crédit visuel : Freshh Anderson – Contribution 

Entre­vue réali­sée par Thelma Grun­­­disch – Jour­­­na­­­liste

Artiste et éducateur, LeFLOFRANCO est un musicien de la scène hip-hop francophone d’Ottawa, dont l’influence se répand à travers le Canada. Après la sortie de trois Extanded Plays, d’un album, et sa récente participation à Contact ontarois, il partage sa vision du métier d’artiste en virtuel, et son expérience de la pandémie.  

La Rotonde (LR) : D’où vous est venue cette passion pour la musique ?

LeFLOFRANCO (LFF) :  Je dirais que la musique […] coule dans le sang de ma famille. Pour le hip-hop, c’est vers quatorze ans que j’ai commencé à regarder des vidéos, m’approprier des titres, et performer dans ma chambre. Et puis, j’ai été invité à me produire avec d’autres jeunes adultes à Gatineau dans un spectacle qui faisait la promotion de la non-toxicomanie. C’est comme ça que j’ai été piqué : premier texte, première performance, et premier prix remporté.

LR : Comment décririez-vous votre musique ?

LFF : J’aime bien dire que je fais de la pop urbaine multicolore. Le rap est un peu la fondation de mes textes, ma zone de confort, mais en termes de production, c’est très hip-hop […].

Depuis 2017, je m’aventure un peu partout. Il y a de la pop, un peu d’EDM [electronic dance music] […], des sons qui viennent des Caraïbes, de la musique issue de mes origines haïtiennes, mais un peu plus de R&B [rhythm and blues], plus mélodieux. L’idée est que tout ça me représente. Je voulais vraiment faire transparaître la personne que je suis […] et ma diversité culturelle à travers ma musique.

LR : Quelles sont vos sources d’inspiration ?

LFF : Il y a beaucoup d’artistes qui m’inspirent, ou m’ont inspiré dans mon adolescence, comme Tupac ou La Fouine, mais aussi des artistes de la région comme Squerl Noir, KimyaDJ UNPIER, ou Loud de Montréal […]. J’écoute énormément de musique, et j’ai beaucoup d’ami.e.s qui sont dans le milieu. On s’inspire les un.e.s les autres et on s’influence aussi. Ma vie est aussi une grande source d’inspiration : mon environnement, mes ami.e.s, ma famille, ma femme, ma fille. Tout ça se retrouve dans mes textes.

Mon album répond à la question « si je suis, qu’est-ce que je suis en fait ? », dans douze titres. Ma réponse est que je suis une force inhérente, je suis une énergie liée à […] la musique. Pour moi, la musique est thérapeutique. Je vais y véhiculer une émotion et peut-être un message, mais je pense qu’à travers ça, le public est invité à en découvrir un peu plus sur l’artiste, et sa réalité. 

LR : Comment décririez-vous le fait d’être un artiste hip-hop dans la région d’Ottawa ?

LFF : C’est particulier, et je ne dirais pas que c’est facile. Nos voisin.e.s au Québec ont un star-system bien établi, avec beaucoup d’artistes et une scène hip-hop reconnue. Mais pour moi, c’est une grande fierté d’être un artiste hip-hop de la région. J’ai quand même un bon momentum, et j’ai assez bien réussi à développer mon public et rencontrer des gens intéressants [tout au long de ma carrière].

Il n’y a pas que moi bien sûr, notre scène francophone s’est vraiment développée ces dernières années […], et je pense que c’est le fun de faire partie de ce mouvement qui continue de grandir. On n’est pas très reconnu.e.s, mais je trouve qu’on commence à prendre notre place. Il faut que l’on continue à faire tout ça pour bâtir la relève, et montrer qu’il y a du hip-hop qui se fait ici aussi.

LR : Comment la pandémie a-t-elle affecté votre métier, tout de même basé sur l’interaction avec le public  ?

LFF : En tant qu’artiste hip-hop, mes spectacles sont très différents des autres concerts. On invite les gens à être debout et à viber en même temps que nous. Donc c’est sûr que la pandémie a beaucoup freiné cette lancée que j’avais, car je ne pouvais plus faire de prestations en vrai.

Par contre, ce qui a été surprenant et plaisant, c’est que les gens ont tout de même trouvé des moyens d’organiser des spectacles de différentes manières. Le physique a pris une pause, mais on s’est adapté.e.s […]. Disons que je performe de la même manière, mais j’essaie toujours de trouver de nouvelles façons de capter mon public et d’interagir avec lui.

Les spectacles virtuels sont différents, et un peu inconfortables au début. Mais ça va bientôt faire un an, donc on commence à s’y habituer aussi. Je pense que c’est tout de même une belle expérience, à laquelle les gens sont réceptifs et ouverts. Pour moi, la COVID-19 a confirmé que, peu importe la situation […], les gens ont besoin de vivre des expériences culturelles.

LR : Quels sont vos projets pour le futur ?

LFF : J’ai eu la chance de faire une tournée en Colombie-Britannique juste avant le début de la pandémie […]. C’était vraiment sympa de voir que les francophones de l’Ouest du Canada sont intéressé.e.s par le hip-hop francophone, et pas nécessairement [issu] que du Québec.

On essaie donc de continuer à leur offrir des spectacles, en virtuel pour l’instant, mais on a des contacts pour mettre en place de nouvelles représentations très bientôt. Je continue aussi de créer : j’ai beaucoup réfléchi et écrit pour mon prochain album pendant la pandémie, seul et avec d’autres artistes. Je continue à avancer de chez moi et, si tout va bien, on pourra lancer le nouvel album d’ici la fin de l’année !

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