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Les efforts de l’Université pour promouvoir le français

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23 mars 2021

Crédit visuel : Valérie Soares – Photographe

Article rédigé par Anna Meurot – Journaliste

Dans un communiqué de presse datant du 10 mars 2021, l’Université d’Ottawa (U d’O) a annoncé l’association de la Faculté d’éducation avec le nouveau Carrefour communautaire francophone du campus de Windsor, qui sera inauguré d’ici 2022. Avec 1,2 million de dollars à la clé, ce partenariat a pour objectif d’élargir la capacité de formation d’enseignant.e.s bilingues dans le Sud-ouest de l’Ontario. 

Didier Marotte est Directeur du Centre communautaire francophone Windsor-Essex-Kent (CCFWEK) et conseiller scolaire au Conseil scolaire catholique Providence, deux des organismes partenaires du projet. Il espère que l’obtention de locaux neufs et adaptés aux besoins des enseignant.e.s en formation les encouragera à rester dans la région pour y soutenir la communauté francophone

Pour le Doyen de la Faculté d’éducation de l’U d’O, Richard Barwell, il s’agit d’une excellente nouvelle pour l’enseignement en français dans la province. Selon lui, il permettra la mise au point de nouveaux programmes, mais aussi d’activités de développement professionnel et d’un programme de maîtrise dans la langue. 

Combler le manque

L’intérêt pour l’apprentissage du français et en français est bien visible aux inscriptions depuis une vingtaine d’années, autant dans les conseils scolaires francophones qu’anglophones, souligne Marotte. Mais il indique que cette demande croissante n’implique pas forcément une hausse de l’offre, ce qui crée un déficit d’enseignant.e.s francophones. 

Anne-Marie Dionne, professeure de didactique du français à l’U d’O, justifie cette pénurie en confiant que l’enseignement est un domaine professionnel attractif au niveau de la sécurité de l’emploi, mais que la réalité du terrain est complexe. D’après elle, beaucoup de nouveaux.elles enseignant.e.s se reconvertiraient quelques années seulement après avoir commencé à exercer.

Barwell entrevoit quant à lui d’autres éléments à l’origine d’un tel phénomène. Il évoque notamment le rallongement de la formation à l’enseignement, qui est passée d’une à deux années en 2015, mais aussi les potentielles vagues démographiques de vieillissement de la population, qui impliquent que beaucoup d’enseignant.e.s prennent leur retraite en ce moment. Il insiste sur le fait que ce manque de professeur.e.s n’est pas un phénomène uniforme et qu’il touche différemment les diverses régions canadiennes.

Bénéfices multiples

Dionne déplore le fait que certains conseils scolaires doivent se résoudre à embaucher des enseignant.e.s non qualifié.e.s pour répondre à la pénurie de professionnel.le.s de l’enseignement bilingues, ce qui mène à la détérioration de la qualité de l’enseignement. Marotte souhaite à tout prix pouvoir continuer à procurer des services pour une population francophone minoritaire dans sa région ; c’est pourquoi il voit en cette collaboration un réel espoir de changement. 

Le directeur du CCFWEK assure ainsi que l’installation de nouveaux locaux sur le campus offrira de belles opportunités professionnelles et de stages pour les étudiant.e.s. Il ajoute que le projet facilitera l’intégration sociale précieuse de tou.te.s à la communauté francophone, alors d’autant plus importante qu’elle s’inscrira dans l’ère post-pandémie.

Marotte mentionne également que cela facilitera l’accueil de nouveaux.elles arrivant.e.s francophones dans la région, qu’ils.elles soient originaires d’autres régions, d’autres provinces, ou même de l’extérieur du pays. Il espère que ces personnes saisiront cette opportunité de formation et de carrière pour s’installer à long terme à proximité du campus, ce qui dynamisera la communauté francophone du Sud-ouest ontarien.

Objectif réussite 

Si cette collaboration réjouit Barwell, Marotte et Dionne, cette dernière rappelle quelques points qui devraient être pris en considération dans les stratégies de recrutement et de formation du Carrefour. D’une part, elle met en garde sur le danger des formations très courtes, qui ne permettraient pas aux étudiant.e.s d’avoir le « temps de réfléchir », d’intégrer et de prendre du recul sur les connaissances acquises. Selon elle, la théorie n’est pas suffisante ; les nouveaux.elles enseignant.e.s doivent apprendre par la pratique.

D’autre part, elle espère voir se développer à Windsor un Centre de ressources pédagogiques, équivalent à celui disponible sur le campus principal de l’U d’O, qu’elle décrit comme une ressource primordiale pour les étudiant.e.s en éducation. Finalement, elle met en garde sur le fait qu’une hausse rapide des admissions pourrait engendrer des défis au niveau des placements en stage. C’est donc, selon elle, avec prudence et précaution dans sa gestion que cet effort de collaboration fera un vrai changement pour la communauté francophone de la province. 

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