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Élections municipales d’Ottawa : quels enjeux pour la population étudiante ?

Eya Ben Nejm
21 octobre 2022

Crédit visuel : Nicholas Monette – Directeur artistique  

Article rédigé par Eya Ben Nejm – Journaliste

Le 24 octobre prochain, Ottawa connaîtra le nom du.de la successeur.e du maire Jim Watson. Parmi les 14 candidat.e.s, deux sont favori.te.s : Catherine McKenney et Mark Sutcliffe. S’articulant autour du coût de la vie, de l’abordabilité du logement, de l’itinérance, ou encore des transports en commun, cette campagne municipale concerne les populations les plus précaires dont font partie les étudiant.e.s.

Voter aux élections municipales est un moyen pour les citoyen.ne.s de s’exprimer sur la manière dont ils.elles perçoivent leur ville. Chaque candidat.e a proposé ces dernières semaines différents projets pour tenter de répondre aux besoins des habitant.e.s. Ces enjeux interpellent aussi la communauté étudiante.

Deux perceptions différentes

Le vote aux élections municipales apparaît comme un acte politique direct, et les enjeux discutés par les candidat.e.s concernent les étudiant.e.s. Pourtant, le taux de participation reste faible, notamment parmi les jeunes, comme le rappelle Anne Mévellec, professeure titulaire à l’École de l’étude politique à l’Université d’Ottawa (U d’O).

Chanelle Gueorguieva, étudiante de troisième année en science politique à l’U d’O, est mitigée sur le choix de son vote. Néanmoins, elle espère que le.la candidat.e élu.e portera plus d’importance à l’amélioration des transports en commun. En tant qu’étudiante, elle critique la difficulté d’accessibilité des bus, une problématique évoquée dans le programme de Mark Sutcliffe.

Mis à part les transports, un enjeu crucial a fait débat durant la campagne : l’accès au logement. La professeure Mévellec explique qu’avec l’inflation, le logement est devenu moins abordable. Or, selon elle, la question de la pauvreté « réside en grande partie dans la question du logement : quand on paie plus de 40 % de ses revenus dans le logement, cela ne laisse pas assez pour vivre ». D’après elle, il s’agit d’un sujet capital, car il relève à la fois des enjeux économiques, sociaux et moraux.

Catherine McKenney présente un programme favorable à la diminution de l’itinérance et à l’accessibilité du logement pour les plus précaires. D’après la professeure, la communauté étudiante fait partie du groupe qui « bénéficierait d’une amélioration de la question du logement ». En ce qui concerne le projet de l’itinérance, Mévellec pense qu’il est impossible de l’éradiquer, mais qu’il est possible de travailler de manière à lutter contre. 

La problématique environnementale préoccupe également une grande partie des jeunes. Pourtant, la professeure constate l’absentéisme des ceux.celles-ci comparativement aux aîné.e.s. Selon Mévellec, un.e étudiant.e intéressé.e par l’environnement devrait voter aux élections municipales, car les villes ont des pouvoirs importants en termes de gestion des déchets, de manière de verdir le centre-ville, ou encore de lutte contre les inondations. Elle perçoit ainsi le municipal comme un « levier pour lutter contre le réchauffement climatique ».

François De Montigny, étudiant de première année en droit canadien à l’U d’O, pense offrir son vote à McKenney, car son programme «est plus de gauche avec des enjeux locaux [qui le] touche, comme le bien-être et la question environnementale». Au contraire, il trouve le programme de Sutcliffe plus centriste, voire de droite.

La professeur affirme également que le programme de McKenney est «plus de gauche, avec un projet social», à l’opposé de son concurrent Sutcliffe, qui «est plus proche des intérêts privés». Néanmoins, la professeure indique qu’une ville se « gère aussi par des intérêts privés et avec les entrepreneur.se.s ». Selon elle, il s’agit de deux visions très opposées quant à la manière de faire fonctionner la ville.

Être bilingue, un critère important ?

Ottawa n’est pas seulement la capitale du Canada, c’est aussi une ville bilingue. À la suite des débats qui ont eu lieu entre les candidat.e.s, Sutcliffe s’est démarqué par son bilinguisme, parlant aisément les deux langues officielles. La professeure considère ce bilinguisme comme une partie de sa stratégie : Sutcliffe part « chercher l’appui des francophones de manière explicite ». Elle ajoute qu’il démontre son intérêt pour le bilinguisme de la ville par souci de rendre « la pratique interne comme l’offre de service » concrète. Néanmoins, Mévellec nuance ses propos en prenant l’exemple de McKenney qui n’est pas bilingue, mais qui s’intéresse aux francophones, car iel « semble être d’accord qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas ».

De Montigny, lui-même francophone, partage ce raisonnement. Il explique «qu’il n’est pas suffisant d’être francophone pour représenter[les Ottavien.ne.s]». Bien qu’il hésite entre les deux candidat.e.s, il ne trouve pas que le monolinguisme de McKenney soit un frein, car «iel fait des efforts pour s’informer sur la population francophone». La professeure Mévellec ne partage pas cette opinion, elle pense que l’unilinguisme «reste quand même un caillou dans la chaussure [de Catherine McKenney] pour aller chercher cet électorat», bien que ce ne soit pas un critère éliminatoire. 

Dans un contexte où la langue française est en déclin, Mévellec pense que le bilinguisme de Sutcliffe dans les médias peut basculer « la tangente francophone». Néanmoins, elle mentionne que Mckenney se démarque aussi par sa connaissance des groupes qui existent à Ottawa et par sa forte présence sur les plateformes.  Le résultat du 24 octobre prochain montrera quels enjeux ont été les plus décisifs aux yeux des Ottavien.ne.s.

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