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Sports et bien-être

Étudier les psychédéliques à l’Université d’Ottawa

Johan Savoy
25 mars 2022

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Johan Savoy – Chef de pupitre Sports et bien-être

L’Université d’Ottawa (U d’O) mettait sur pied au printemps 2020 un microprogramme en Études psychédéliques et spiritualité. Proposé par la Faculté des arts, le programme se distingue par sa multidisciplinarité et la diversité de ses domaines d’études.

« [Le programme] se compose de trois cours : un cours d’enquête sur le domaine des études psychédéliques, un autre sur la politique et la réduction des risques et un dernier sur les plantes sacrées », détaille Anne Vallely, professeure agrégée au Département d’études anciennes et de sciences des religions, et directrice des Études psychédéliques et spiritualité à l’U d’O. Celle-ci explique que la volonté était ainsi de reproduire la diversité du champ d’études dans le microprogramme proposé aux étudiant.e.s.

Champs d’intérêt variés

La professeure relève en effet que « la plupart des intérêts qui émergent [à ce jour] autour du psychédélisme se concentrent [principalement] sur les sciences du cerveau ». Si celle-ci confirme l’importance de la neurologie dans les études psychédéliques, elle affirme toutefois qu’il s’agit d’un domaine beaucoup plus large, incluant notamment « des dimensions psychologiques, historiques, culturelles, spirituelles et [préventives] ».

Nicolas Galton est psychothérapeute et doctorant en counselling et spiritualité à l’Université Saint-Paul (USP). Travaillant avec Vallely dans le cadre de la rédaction d’articles sur le langage entourant les expériences mystiques, il collabore également avec l’U d’O pour apporter des conseils dans les branches où l’USP est plus spécialiste.

À l’image de l’approche de Vallely, il explique ainsi que les nouveaux programmes d’études psychédéliques et spirituelles développés à l’U d’O adoptent une vision multidisciplinaire reposant essentiellement sur trois grandes disciplines. Il mentionne notamment une partie anthropologique et historique, une portant sur la psychologie et la neurochimie, et enfin, une dernière se référant au domaine clinique, celle-ci visant à appliquer les théories dans un contexte de guérison.

Diplôme complémentaire 

Vallely affirme que le diplôme en Études psychédéliques et spirituelles s’avère complémentaire pour les personnes étant déjà des professionnel.le.s dans le domaine de la santé mentale. Ainsi, pour les psychologues cliniques, les psychologues conseiller.ère.s, les travailleur.euse.s sociaux.ales, les médecins ou encore les aumônier.ère.s, « il fournira les outils nécessaires pour les soins de santé mentale assistés par les psychédéliques lorsque ces derniers deviendront légaux pour un usage thérapeutique », assure-t-elle.

Concernant les étudiant.e.s, Galton évoque quant à lui la possibilité de devenir psychothérapeute ou chapelain, en fonction des réglementations et des attestations suivies après le programme. Selon lui, l’obtention du diplôme permettrait ainsi d’intégrer les questions en lien avec les états internes de conscience et les psychédéliques dans la pratique.

« Évidemment, en soi, ce diplôme ne donnera pas aux étudiant.e.s la capacité de devenir des prestataires de services de santé mentale », poursuit la professeure. Selon elle, « le programme fournit une base après laquelle l’étudiant.e pourrait idéalement continuer dans un domaine d’étude tel que la psychologie, le conseil, l’aumônerie ou encore le travail social ».

D’autres possibilités s’offrent également aux diplômé.e.s, selon Vallely. Elle affirme ainsi que des personnes chercheront à obtenir le diplôme en vue de devenir auxiliaire des prestataires de soins en santé mentale. Une dimension qui serait d’après elle plutôt négligée dans le domaine, et ce, malgré son importance et les besoins conséquents à venir.

Développement et collaboration

Si Galton reconnaît la relative jeunesse de ce champ d’études, il relève toutefois une véritable volonté dans les discussions de faire de la place aux aspects scientifiques, spirituels et culturels des psychédéliques. Appréciant le développement du domaine et des sujets apportés, il affirme que ces études permettent dorénavant « d’établir un pont entre la méthode scientifique et les expériences spirituelles », quelque chose de relativement rare au cours des derniers siècles, selon lui.

Ce développement se traduira dans un premier temps par la création de nouveaux microprogrammes à l’U d’O, comme l’explique Vallely. Le premier, intitulé microprogramme en sciences psychédéliques, comprendra trois cours « dont un sur la psychothérapie assistée par les psychédéliques et les soins de santé mentale », ainsi qu’un choix de deux autres cours parmi les disciplines neuroscientifiques, pharmacologiques et ethnobotaniques, énonce-t-elle.

Le deuxième, en collaboration avec l’USP, se nommera quant à lui microgramme de soins spirituels assistés par les psychédéliques, conclut la professeure. Celui-ci abordera les soins de santé mentale et la spiritualité, les états de conscience non ordinaires et la spiritualité, ainsi que des réflexions théologiques sur les psychédéliques.

Finalement, un programme de maîtrise en études psychédéliques devrait débuter en 2023. D’une durée de 12 mois, ce programme comprendra des cours en ligne ainsi que des stages et des travaux en personne. Après deux ans de fonctionnement en anglais, les programmes seront offerts entièrement en français.

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