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Arts et culture

Faire tomber le rideau avec Ceux qui se sont évaporés 

Stella Chayer Demers
29 mars 2022

Crédit visuel: Courtoisie – Photo et graphisme © Sylvain Sabatié Photographie

Article rédigé par Stella Chayer Demers – Journaliste

Du 24 au 26 mars dernier, suite à trois ans d’étude dans le Baccalauréat en pratique théâtrale (BPT), la première cohorte du programme de l’Université d’Ottawa est montée une dernière fois sur scène pour présenter Ceux qui se sont évaporés de Rébecca Déraspe. C’était la première que les huit étudiant.e.s du programme ont présenté une adaptation d’un texte contemporain.

La mise en scène professionnelle du texte de Déraspe, qui devait être présenté en 2020, a été repoussée en raison de la pandémie. La version du texte présentée par le BPT est un amalgame de la version publiée et de la version qui sera mise en scène professionnellement en avril prochain, au Théâtre d’Aujourd’hui.

Déchirement, individualité, conflit

Voilà les trois mots qu’utilise Marjorie Desbiens-Poitras, étudiante finissante et interprète du personnage de la mère, pour décrire la plus récente pièce de Déraspe. La pièce raconte l’histoire d’Emma, mère, fille et épouse, qui décide un jour de disparaître sans laisser de trace. Déraspe s’est inspirée du phénomène japonais des Évaporé.e.s, où chaque année, 100 000 personnes organisent leur propre disparition.

D’après Amélie Trottier, étudiante finissante du BPT, Déraspe retrace, à travers la pièce, « ce qui mène quelqu’un à disparaître, à vouloir disparaître, l’idée de la pression sociale, les attentes que la société a envers les mères [et] le rôle qui est imposé aux gens à la naissance ». Desbiens-Poitras mentionne à son tour que « le paradoxe entre l’homme et la femme, surtout dans les rôles de la mère et du père, les conflits familiaux, les malaises qu’une famille vit au quotidien » sont au cœur de Ceux qui se sont évaporés.

Du papier à la scène

Sur la scène dénudée – à l’exception d’une seule chaise – du LabO, se déroule une mise en scène signée par Gaétan Paré, gradué de l’École nationale de théâtre à Montréal. Pour aborder le texte de Déraspe, Paré s’est demandé « comment la mise en forme sur le papier peut être perceptible par le.la spectateur.ice ».

La pièce de Déraspe s’éloigne des conventions classiques théâtrales en utilisant un dialogue particulier et contemporain, où les répliques ne sont pas attribuées à un personnage précis. Ainsi, pour réussir à adapter le texte sur la scène, Paré mentionne qu’iel avait pour instinct de mettre « tout le monde sur scène en tout temps. Cela a porté le projet de mise en scène, d’utiliser le plus d’acteur.ice.s en même temps ». 

Pour Paré, cette forme de mise en scène a une grande signification. Iel avait envie « que les interprètes vivent l’expérience de groupe » car à la fin de leur formation, les nouveaux.elles diplômé.e.s se retrouvent seul.e.s chez eux, alors qu’ils.elles ont étudié ensemble pendant trois ans.

Contexte de création 

Si Ceux qui se sont évaporés a été réalisé avec Paré, les comédien.ne.s du BPT ont, au cours de leurs trois années d’étude, travaillé avec quatre metteur.euse.s en scène, avançant chacun.e.s. une approche et un jeu différents. Cette diversité, selon Trottier, a été très utile, soulignant qu’ « il faut être caméléon dans le métier pour réussir à travailler avec plusieurs personnes, qui ont un vocabulaire [et] une manière de réfléchir le théâtre qui est différente ».

Malgré le contexte propice au développement professionnel, la production de Ceux qui se sont évaporés, comme plusieurs autres productions théâtrales en milieux de pandémie, a fait face à d’importants défis : absences, mesures sanitaires, protestation… Chose certaine pour Desbien-Poitra, « l’énergie positive est vraiment de mise en ce moment avec la pandémie ». Selon elle, de belles années s’en viennent du côté artistique.

Après le diplôme

Pour Clara Val-Fils, étudiante au BPT, ce contexte de création et ses trois ans de formation lui ont permis de développer une certaine confiance en soi. Elle évoque l’importance des essais et des erreurs, de ne pas avoir peur et de développer le plaisir d’être sur scène, quel que soit le rôle. D’après elle, pour réussir dans le métier, il faut avoir une tête sur les épaules et se faire confiance.

Que réserve l’avenir pour les premier.e.s diplômé.e.s du BPT ? Les réponses varient : Trottier a été accepté au programme de maîtrise, et souhaite continuer à faire des contrats de jeu et voix ; Desbiens-Poitras poursuivra le semestre prochain un Certificat en gestion des ressources humaines ; enfin, Val-Fils souhaite se lancer dans la rédaction professionnelle et la musique.

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