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Sports et bien-être

La protection des athlètes face aux commotions cérébrales

Mabinty Toure
14 octobre 2022

Crédit visuel : Nicholas Monette – Directeur artistique 

Article rédigé par Mabinty Touré – Journaliste

La commotion cérébrale du quart-arrière des Dolphins de Miami, Tua Tagovailoa, a suscité une panoplie de questions dans le monde du sport sur la façon dont les entraîneur.se.s gèrent ce type de blessure. L’Association québécoise de neuropsychologues (AQN) qualifie la fréquence de ces chocs cérébraux comme une « épidémie silencieuse ». Les entraîneur.se.s seraient-ils la clé pour sensibiliser et protéger les athlètes de tous niveaux ?

Un coup de trop

Les commotions cérébrales correspondent à des lésions cérébrales qui créent des troubles de réflexion et de mémoire. Elles ne sont pas détectables aux rayons X ni à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), ce qui rend leur diagnostic plus complexe. La Fondation ontarienne de neurotraumatologie informe que les symptômes de ces blessures peuvent apparaître avant ou après le choc. Chez les adultes, les symptômes devraient s’estomper dans un délai de 10 à 14 jours.

Seul un.e professionnel.le de la santé peut donner un diagnostic de commotion après avoir effectué un examen médical au ou à la joueur.se, même si les personnes entourant l’athlète peuvent déceler des symptômes physiques. Chuck Dentelbeck, entraîneur-chef de l’équipe de ringuette de l’Université d’Ottawa, rappelle qu’on ne sait pas toujours si l’athlète démontre des signes de blessures. Parmi les symptômes, il peut y avoir des maux de tête, des vomissements, des troubles visuels, une perte de connaissance, de la confusion et des problèmes de mémoire.

Patrick Grandmaître, entraîneur-chef de l’équipe de hockey masculin des Gee-Gees, explique que la sévérité de la commotion dépend de l’impact et de la vitesse à laquelle le choc s’est produit. Elles peuvent subvenir après un coup à la tête ou après un mouvement brusque d’une autre partie du corps qui entraîne aussi un déplacement de la tête, ajoute-t-il.

Les commotions cérébrales demandent une période de 24 h à 48 h de repos, tout dépendant du diagnostic, avant que la personne atteinte puisse graduellement reprendre ses activités quotidiennes. Il est conseillé par les outils de sensibilisation de cesser toute activité sportive après le choc et d’avoir l’autorisation d’un médecin avant de prendre part à des activités physiquement demandantes.  

Les entraîneur.se.s entrent en jeu

La gestion des commotions cérébrales doit être accompagnée de comportements adéquats, selon Santé Canada. Le département fédéral encourage les professionnel.le.s de la santé, les entraîneur.se.s, les athlètes et les éducateur.ice.s à demeurer informé.e.s sur le sujet des traumatismes.

Dentelbeck souligne qu’il utilise près de neuf outils de sensibilisation conçus par Parachute Canada, l’organisme canadien pour la prévention des blessures. Ces outils accessibles aux athlètes en début de saison comprennent un test de base pour les commotions cérébrales, un code de conduite des joueur.se.s ainsi que des guides de gestion des commotions cérébrales pour les athlètes, les parents et les enseignant.e.s. Dentelbeck affirme également la nécessité de créer un environnement propice aux joueur.se.s pour qu’ils.elles s’expriment librement et se sentent protégé.e.s.

Grandmaître, quant à lui, emploie l’application EQ Brain, qui permet aux joueur.se.s en début de saison, et avant chaque match, de passer des évaluations d’équilibre physique. Cela permet d’évaluer le fonctionnement de la mémoire, la vitesse de réaction, la santé des yeux, ainsi que d’autres aspects cognitivo-comportementaux. Il révèle que l’application lui a déjà permis de détecter la présence d’un choc chez un de ses joueurs. 

Les deux entraîneurs déclarent être très pointilleux sur ce qui concerne les commotions cérébrales. Dans son article, le co-directeur de l’Institut des commotions cérébrales, Dave Ellemberg, estime que 20 % à 40 % des athlètes subissent une commotion cérébrale par an. Il ajoute que la répétition des commotions peut donner lieu à « des déficits persistants de mémoire à long terme et des fonctions cognitives supérieures chez les athlètes ayant accumulé trois commotions ou plus ».

Pour ces raisons, Dentelbeck indique qu’il retire ses joueuses de ringuette du jeu dès qu’il soupçonne une commotion cérébrale. Il les soumet également à deux évaluations sur place pour déterminer le degré des symptômes.

Des ressources en évolution

Grandmaître estime qu’il y a peu de risque que les athlètes ne se fassent pas remarquer en cas de commotion, puisqu’ils.elles sont supervisé.e.s par quatre entraîneur.se.s et deux thérapeutes. Il ajoute que les joueur.se.s prennent le sujet au sérieux. « De nos jours, il y a beaucoup plus d’informations qu’il y a 15 ans autour de ce sujet. Nous en discutons presque chaque semaine dans le football, le rugby, le hockey », déclare-t-il.

Dentelbeck explique que le monde évolue continuellement en matière de l’étude des commotion cérébrale. Selon lui, le milieu du sport bénéficierait de l’amélioration de certaines mesures, notamment au niveau des équipements de protection, et d’informations supplémentaires sur les commotions cérébrales.

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