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VIH
Sports et bien-être

Le dépistage du VIH, plus disponible que jamais ?

Mabinty Toure
10 novembre 2022

Crédit visuel : Anna Shvets – Pexels

Article rédigé par Mabinty Touré – Journaliste

Lors d’AIDS 2022, la 24e Conférence internationale sur le sida, en août dernier, le ministre fédéral de la Santé Jean-Yves Duclos a annoncé l’investissement de 17,9 millions de dollars pour rendre le dépistage du VIH plus accessible. Le Centre de santé et de mieux-être de l’Université d’Ottawa (U d’O) met à la disposition de ses étudiant.e.s des trousses d’autodépistage appelées GetaKit, s’inscrivant ainsi dans cette même volonté de donner des ressources aux personnes touchées par le VIH.

Qu’est-ce que GetaKit ?

Dr Patrick O’Byrne est professeur à l’École des sciences infirmières de l’U d’O et le créateur de GetaKit. Il décrit son initiative comme plus qu’un simple kit d’autodiagnostic de VIH, c’est son lui tout un projet. Approuvé par Santé Canada en 2020, le test est offert dans une boîte avec des instructions en français et en anglais. La boîte contient différentes composantes dont les diverses pièces pour effectuer le test (lancette pour piquer le doigt et obtenir une goutte de sang), des préservatifs, du lubrifiant et des instructions sur comment agir après l’obtention des résultats.

Le test est fait pour être obtenu en toute discrétion. Il est disponible pour être commandé en ligne et livré à la maison ou au Centre de santé et mieux-être. Haoua Inoua, gestionnaire de la section éducation et prévention du Comité du sida d’Ottawa (CSO), explique qu’il est également possible de se faire accompagner dans la procédure.

Selon le site web de GetaKit, cet outil permet d’accommoder les personnes ayant des peurs ou des inconforts relié.e.s au système de santé. Pour l’instant, 4 500 personnes ont accédé à la trousse. Parmi elles, 26 % ont dit ne jamais avoir effectué de test de dépistage pour le VIH auparavant. Pourtant, 80 % font partie des groupes les plus affectés par le VIH. L’outil d’autodépistage peut être décrit, selon O’Byrne, comme un « pansement ».

Selon un article de La source canadienne sur les renseignements sur le VIH et l’hépatite C (CATIE), on estime que sur les 62 050 personnes censées être porteuses du VIH au Canada en 2018, 87 % ont reçu un diagnostic et savaient qu’elles étaient porteuses (53 750 personnes)  et que 94 % des personnes qui suivaient un traitement avaient obtenu une suppression virale (43 350).

La stigmatisation au cœur du problème

La stigmatisation est au cœur du problème du manque de dépistage, selon O’Byrne, qui affirme également que le Canada a plusieurs traitements médicaux disponibles pour les personnes diagnostiquées avec le VIH. Il souligne que « si vous avez accès aux soins et que vous prenez vos médicaments, vous aurez une charge virale indétectable ». Le problème réside selon lui dans le regard social péjoratif qui sera porté sur ces personnes, ce qui « empêche les gens de vouloir se faire dépister et d’être vus en train de se faire dépister ».

D’après CATIE, les hommes homosexuels, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (gbHARSAH) sont les plus à risque d’avoir le VIH au Canada. Les personnes transgenres, noires, autochtones et les usager.e.s de drogues ont sont également des populations à risque. O’Byrne souligne qu’il y a eu de grands succès dans la réduction des nouvelles transmissions du VIH chez les hommes gbHARSAH, mais moins chez les autres groupes.

Pour Inoua, spécialiste de la communauté afro-canadienne, cela peut s’expliquer par les multiples barrières auxquelles font face les différents groupes pour avoir des diagnostics, dont le racisme et la discrimination. Ces faits suscitent un manque de confiance des communautés affectées dans le système médical, considère-t-elle. Selon Inoua, les membres de ces communautés se disent : « Je ne vais pas aller me faire dépister, comme ça, je n’aurais pas à ajouter d’autres formes de stress dans ma vie qui est déjà assez stressante ».

Et sur le long terme ?

Le gouvernement du Canada désire atteindre l’objectif établi à la conférence internationale sur le sida pour « faire en sorte que le VIH ne soit plus un problème de santé publique d’ici 2030 ». Le Canada se classe parmi les pays où il y a le moins de prévalence de VIH. Pour Roland Pongou, professeur titulaire à la Faculté des sciences sociales de l’U d’O, la société est plus avertie aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a quelques années.

Pour la gestionnaire au CSO, il est important de véhiculer le fait que « le VIH fait partie de la santé globale d’une personne. Ce n’est pas parce qu’un individu est marié ou de classe moyenne qu’il n’est pas à risque ». Elle ajoute qu’il faut s’attaquer aux connotations négatives associées à l’infection. Le CSO met en place différentes approches pour servir les communautés de la région, dont la clinique de prévention, ouverte tous les lundis de 17 h 30 à 20 h 30.

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