Inscrire un terme

Retour
Sports et bien-être

Le test VPH remplacera le test PAP d’ici 2025 : entrevue avec la Dre Hélène Gagné

Lucy Malaizé
10 novembre 2023

Entrevue réalisée par Lucy Malaizé — Cheffe du pupitre Sport et bien-être

Le virus du papillome humain (VPH) est l’une des infections transmissibles sexuellement (ITS) les plus répandues au Canada et dans le monde. Un nouveau test de dépistage, le test VPH, fera bientôt son arrivée au Canada, permettant la détection du virus à partir d’un prélèvement génital. La Rotonde a pu s’entretenir avec Hélène Gagné, médecin et professeure adjointe au département d’obstétrique et de gynécologie de l’Université d’Ottawa (U d’O), pour mieux comprendre les enjeux principaux encadrant ce changement.

La Rotonde (LR) : Pourquoi le test VPH est-il important et quelle est la méthode de dépistage utilisée actuellement ?

Hélène Gagné (HG) : Le VPH entre en contact avec 80 % des adultes actifs sexuellement par le biais d’un contact cutané. Ce virus peut déclencher des cancers du col de l’utérus, mais aussi du vagin, de la vulve, de l’anus et même de la gorge. Celui-ci est dangereux, car l’absence de symptôme ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’infection. Pour le moment, le dépistage de ce virus se fait avec le test PAP, qui permet de détecter le VPH et les lésions précancéreuses au moyen d’un frottis cervical. Vers la fin de l’année 2024 et le début de 2025, le test VPH le remplacera pour permettre de dépister les cellules anormales.

LR : Quelles sont les améliorations apportées par ce nouveau test et quelles sont les particularités de l’auto-administration ? 

HG : Le prélèvement se fera de la même façon et aura toujours lieu à partir de 25 ans. L’expérience de la patiente ne changera donc pas, néanmoins le test présente plusieurs améliorations. Au lieu de devoir être reconduit tous les trois ans, le délai passera à cinq ans. Ensuite, ce test est considéré comme plus fiable et plus précis. Il permettra de détecter avec plus de certitude les éventuelles lésions, et ce sur plusieurs années.

Concernant l’auto-administration, des études cliniques sont en cours à ce sujet. Il existe déjà un projet pilote en Colombie-Britannique. L’auto-administration sera notamment utile aux régions plus éloignées qui offrent moins d’accès aux centres de santé, ainsi qu’aux personnes traumatisées. En Ontario, la mise sur le marché du test VPH n’inclura pas dès le début cette option. Il est important de mettre d’abord le projet en centre sur pied avant d’inclure un projet d’auto-administration.

LR : Le test VPH est déjà utilisé dans plusieurs pays, dont l’Australie, le Royaume-Uni, les Pays-Bas… Pourquoi pensez-vous que le Canada a mis plus de temps à mettre sur le marché ce produit ?

HG : Cela prend du temps de mettre en place un programme de déploiement solide. Il faut anticiper la prise en charge des coûts par la province, former les médecins et les infirmier.ère.s, organiser les laboratoires, présenter les nouvelles lignes directrices… Le corps médical de l’Ontario a passé plusieurs années à travailler dessus et le déploiement de ce nouveau test est désormais presque prêt. Quand ce dernier sera mis en route officiellement, tous les éléments seront réunis pour permettre une mise sur le marché et un suivi efficients.

LR : Quelles sont les différentes étapes à suivre afin de prévenir l’infection par ce virus ?

HG : Pour prévenir la présence de ce virus dans le corps, la première étape est le vaccin pour se prémunir des cellules précancéreuses et des virus génitaux contenus dans le VPH. Ce dernier est proposé à la septième année scolaire. La deuxième étape, à l’âge de 25 ans, est le dépistage des cellules précancéreuses. La troisième étape, si rien n’a été détecté, est de refaire le test au bout de trois ans, ou bien tous les cinq ans avec le nouveau test. Dans le cas où des cellules anormales seraient détectées, d’autres démarches sont à suivre.

LR : L’initiative de ce nouveau test s’inscrit dans un plan d’action national visant à éliminer le cancer du col de l’utérus d’ici 2040 et à terme dans le monde entier. Pensez-vous que ces objectifs soient réalisables ?

HG : Tout d’abord, l’élimination du cancer ne fait pas référence à son éradication totale, puisqu’il existe d’autres facteurs à la propagation des cellules cancéreuses, mais au fait de maximiser le pourcentage des couvertures d’immunisation, de dépistage et de suivi d’ici 2030 pour faire baisser le taux de contamination. Travailler à ces trois objectifs est essentiel : une couverture très élevée de vaccination dès le départ, une large mise à disposition des tests de dépistage, et enfin, un accès aux traitements, si nécessaire.

LR : Pensez-vous que les étudiant.e.s sont suffisamment informé.e.s ?

HG : Pas toujours. Bien qu’il ne soit pas obligatoire, il est vivement recommandé de se faire vacciner à la septième année, quel que soit le sexe. Par ailleurs, même si le vaccin ne s’est pas fait à ce moment et que des relations sexuelles ont déjà eu lieu, il n’est pas trop tard et il est toujours recommandé de le faire. Le remboursement est total jusqu’à la fin de la 12e année à travers la santé publique municipale, mais même passé ce délai, certaines assurances privées comme celle des étudiant.e.s peuvent couvrir partiellement les frais.

LR : Faut-il attendre la mise sur le marché de ce test pour se faire dépister ?

HG : Le test PAP qui est offert aujourd’hui est confortable, rapide, est à 100 % pris en charge par les régimes d’assurance santé provinciaux. Si vous êtes admissibles au dépistage, il ne faut pas attendre le nouveau programme, qui ne sera pas présent avant au moins un an. Le programme qu’on a est déjà excellent, le nouveau test est juste l’amélioration d’un dispositif déjà efficace.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire