Inscrire un terme

Retour
Sports et bien-être

Comment une ancienne Gee-Gee innove dans l’éradication du cancer

Dawson Couture
14 mars 2023

Crédit visuel : Golnaz Sadjadi – Courtoisie 

Entrevue réalisée par Dawson Couture – Chef du pupitre Sports et bien-être

La quête pour une « cure » pour le cancer se déroule simultanément dans le monde entier. L’Université d’Ottawa (U d’O) n’est qu’une institution parmi des milliers d’autres à collaborer et partager de l’information pour découvrir des traitements efficaces contre cette maladie dégénérative. Dre Laura Evgin, doctorante en biochimie de l’U d’O, a consacré une majeure partie de sa vie à développer des thérapies génétiques. L’assistante-professeure à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), dirigeante du lab Evgin et scientifique à BC Cancer, partage son parcours, ses recherches et sa perspective sur l’avenir du domaine.

La Rotonde (LR) : Pouvez-vous nous dire comment vous avez commencé à vous intéresser à la recherche sur le cancer ? 

Laura Evgin (LE) : Je pense que tout le monde a un lien personnel avec le cancer, et je ne fais pas exception à la règle. Mais, je pense que ma motivation est venue d’une réelle curiosité intellectuelle et d’un désir d’aider les gens à traverser une période très difficile de leur vie.

J’ai commencé à travailler dans un laboratoire de recherche à l’U d’O. C’est là que j’ai commencé à me passionner pour un type d’immunothérapie utilisant des virus oncolytiques. J’ai été captivée par la façon dont un virus pouvait être conçu pour tuer les cellules cancéreuses et par le fait qu’il s’agissait d’une technique administrée à des personnes et qui avait un impact significatif sur leur vie.

LR : Vous avez eu l’occasion de réaliser votre doctorat dans le laboratoire du Dr John Bell à l’U d’O. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette expérience ?

LE : J’ai effectué mon doctorat à l’U d’O entre 2009 et 2015. Pendant cette période, j’étais une Gee-Gee : je jouais dans l’équipe d’ultimate frisbee. Nos recherches visaient à comprendre comment administrer des virus oncolytiques de manière systémique. Nous avons étudié le rôle des différentes parties du système immunitaire et développé des stratégies pour améliorer l’administration du virus répliqué, ce qui a permis d’obtenir des résultats thérapeutiques plus efficaces. 

Dans l’ensemble, cette expérience a vraiment transformé ma formation. Le Dr Bell a été un mentor très influent. C’est une personne incroyablement créative, et quelqu’un qui vous inculque un réel désir de faire une différence. 

LR : Qu’avez-vous retenu de votre expérience postdoctorale à la Mayo Clinic, à Rochester, dans le Minnesota ?

LE : Après mon doctorat, je voulais toujours travailler sur les virus, mais aussi sur d’autres types d’immunothérapies contre le cancer. J’ai décidé de suivre une formation postdoctorale avec le Dr Richard Vile à la Mayo Clinic. J’y ai appris à travailler avec une thérapie cellulaire appelée récepteurs antigéniques chimériques (CAR), qui nous permet d’introduire une nouvelle spécificité dans un lymphocyte T [un type important de globule blanc] pour l’aider à reconnaître et à tuer les cellules cancéreuses.

J’ai collaboré sur divers projets, mais l’un de mes principaux centres d’intérêt était la combinaison de virus oncolytiques et de cellules CAR T. Nous avons mis au point plusieurs stratégies différentes qui nous ont permis d’obtenir des résultats très satisfaisants dans la lutte contre le cancer. Ces stratégies constituent aujourd’hui une partie de la base de mon propre laboratoire de recherche à l’UBC.

LR : Pendant des décennies, les fondements du traitement du cancer ont été la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie. Comment voyez-vous l’avenir du traitement du cancer ?

LE : Je pense que l’immunothérapie est devenue à bien des égards un traitement de première ligne. Il s’agit d’un moyen très intéressant de mobiliser le système immunitaire d’une personne pour qu’il reconnaisse le cancer et qu’il offre potentiellement une protection à très long terme contre les récidives. Je ne pense pas que nous soyons sur le point de cesser d’utiliser la chimiothérapie, la radiothérapie ou la chirurgie, car ce sont des outils très efficaces qui permettent de guérir de très nombreux.ses patient.e.s. Cependant, les inhibiteurs de points de contrôle [une forme d’immunothérapie du cancer] sont devenus un traitement efficace, en particulier pour les mélanomes, ainsi que pour de nombreux autres types de cancer.

Il existe aujourd’hui sept produits CAR différents dont le traitement a été approuvé et qui sont utilisés en clinique. De nombreux.ses patient.e.s vivent actuellement avec des cellules CAR T dans leur corps. Le fait que nous puissions concevoir une cellule qui vit dans une personne et la protège contre son cancer est très significatif.

LR : La recherche sur le cancer est un domaine historiquement dominé par les hommes. Dans quelle mesure pensez-vous que nous avons besoin de plus de femmes dans ce domaine ?

LE : Il est évident que nous avons besoin de femmes dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM). Je suis très fière d’avoir une équipe composée de trois femmes dans mon laboratoire. Ce sont des personnes extraordinaires, qui travaillent très dur.

Je pense que la représentation est extrêmement précieuse. Il est difficile de s’imaginer à certains postes si l’on ne voit pas de leaders qui nous ressemblent dans ces espaces particuliers. Les modèles féminins que j’ai eus en grandissant m’ont permis de voir qu’il était possible d’être mère, d’avoir une famille et de mener une carrière fructueuse en même temps.

Je pense qu’il y a beaucoup d’élan en ce moment pour inclure les femmes et les groupes sous-représentés dans les domaines des STIM. Nous n’y sommes pas encore tout à fait, mais je pense qu’il y a eu beaucoup de progrès ces dernières années.

LR : Tout au long de l’année, le public est invité à soutenir diverses organisations caritatives qui financent la recherche sur le cancer. Quelle est l’importance de ces fonds pour des laboratoires comme le vôtre ?

LE : Ces fonds sont vraiment essentiels au fonctionnement de notre laboratoire. La collecte de fonds nous permet d’obtenir des subventions auprès d’organisations telles que la Fondation Terry Fox, la Société canadienne du cancer et la Société de leucémie et de lymphome du Canada. Ces organisations soutiennent directement les patient.e.s et contribuent également à soutenir nos activités de recherche ainsi que nos stagiaires par le biais de bourses d’études. Elles font donc partie intégrante de la recherche que nous menons.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire