Inscrire un terme

Retour
Éditorial

L’U d’O et son plan de réintégration aux milles questions

Rédaction
2 août 2021

Crédit visuel : Archives

Éditorial rédigé par Miléna Frachebois – Co-rédactrice en chef

Dans un courriel envoyé à la communauté universitaire le 23 février 2021, Jill Scott annonçait un retour de 30 à 50 % des cours en présentiel ou en mode hybride. Nous sommes maintenant en août 2021, soit six mois après cette annonce. Que savons-nous réellement de ce qu’il en est  ? Pour beaucoup, pas grand chose de plus. 

Oui, que le temps passe vite ! On en viendrait presque à oublier que l’annonce faite par la provost et vice-rectrice aux affaires académiques était il y a une demi-année. Si en février on annonçait un retour partiel avec enthousiasme, espoir et une incertitude respectable, en août, il n’en est plus question. 

Vaccination obligatoire ? 

La communauté universitaire s’interroge : la vaccination sera-t-elle obligatoire pour se rendre sur le campus ? Au cours du mois de juillet, l’Université d’Ottawa (U d’O) a annoncé la nécessité d’avoir « reçu la première dose d’un vaccin approuvé par Santé Canada » avant la date d’emménagement pour être capable de vivre en résidence. Seule exception étant faite aux étudiant.e.s internationaux.ales qui ont une ou deux doses de vaccin approuvés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

L’Université a fait un deuxième pas en avant en annonçant le 31 juin 2021 la vaccination obligatoire pour les athlètes Gee-Gees. Petit à petit, l’Université avance. Pourtant, le doute plane. Dans un courriel envoyé le 26 juillet à la communauté étudiante, Scott affirmait que « la vaccination pourrait être exigée pour certaines activités, voir toutes les activités, sur le campus cet automne ». Nous sommes donc en pleine pandémie mondiale, nous payons des frais exorbitants pour les services que nous recevons, ou pas, et devons nous contenter d’une éventualité à un mois de la rentrée ? 

Dans ce même courriel, comme un moyen de rassurer ou de se rendre plus crédible, l’Université dit fournir « plus de détails dans les prochaines semaines ». Devons-nous signaler que dans les prochaines semaines nous serons en septembre et sur le campus ? Devons-nous aussi signaler que cette possibilité engage plus de 40 000 étudiant.e.s, de tous horizons, aux parcours différents et qui ont tou.te.s vécu des réalités uniques lors de cette pandémie ? 

Lia Bosquet, Commissaire aux affaires francophones du Syndicat Étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) pense que l’Université tarde trop. Et nous sommes du même avis. Peur de prendre position ? De toute façon, les avis divergent, et quoi qu’il advienne, des réactions surgiront. Alors pourquoi faire silence radio et attendre la dernière minute ? 

Modèle bimodal bancal

Ah…ce fameux format hybride dont on entend tellement parler depuis quelques mois ! Il est ambitieux, mais pas concret. Comment faire pour avoir des cours à la fois en personne et en ligne ? Plusieurs questions se posent. Notamment sur la faisabilité et l’efficacité de ce système. Comment s’assurer que ce système fonctionne sans problème technique ? Comment savoir si les professeur.e.s vont être capables de maîtriser les formats en devenant enseignant.e.s et technicien.ne.s à la fois ? 

Dans une lettre ouverte publiée le 15 juillet 2021, l’Association des professeur.e.s à temps partiel de l’Université d’Ottawa (APTPUO) déclarait que « l’Administration centrale a négligé de consulter et d’écouter le personnel académique avant de s’engager dans l’enseignement bimodal ». Ils.elles ne sont pas les seul.e.s à penser cela. Le SÉUO se dit aussi contre « un apprentissage bimodal mal construit imposé par l’Université sans aucune ou peu de consultation des professeur.e.s ou des étudiant.e.s ». 

Bosquet explique que le syndicat a décidé de soutenir l’APTPUO car elle croit que ceci ne devrait pas être imposé. L’U d’O agit telle une autruche, mais ne pense pas. Comment oser imposer ce système nouveau et déstabilisant sans consultation ni ressources et quand même affirmer qu’elle se soucie de sa communauté ? 

Il est clair que ce format n’est pas sans risque. L’APTPUO l’admet dans sa lettre  « l’Administration centrale met à risque la qualité de l’éducation cet automne et la réputation de notre institution ». Depuis le début des cours en virtuel, l’Université fonce tête baissée et prône une qualité d’enseignement et des services similaires à la pré-pandémie, comme pour se justifier de ne pas avoir baissé les frais de scolarité

Combien d’étudiant.e.s peuvent dire qu’ils ont eu un.e professeur.e qui ne maîtrisait pas Zoom, Teams ou autres moyens virtuels ? Combien peuvent dire que leurs cours ont été perturbés par les aléas du virtuel ? Encore une fois, l’Administration semble ne consulter personne et ainsi pourrait nuire encore plus à la qualité de l’enseignement. On risque de prendre exemple sur les écoles ontariennes qui ont imposé le format bimodal aux professeur.e.s sans préparation et formation… 

Communication à revoir

Ce qu’il faut retenir de cette pandémie, c’est que comme d’habitude, l’Université n’est pas experte en communication. Assez paradoxal pour une université qui a un département de communication ! Ce manque de directives résulte en du stress et de l’anxiété de la part des étudiant.e.s et des professeur.e.s remarque Bosquet : « On [les étudiant.e.s et les professeur.e.s] a eu un courriel, notre emploi du temps puis un deuxième courriel récemment sur la vaccination potentiellement obligatoire. On a rien d’autre. Cela crée beaucoup de stress et de pression pour les professeur.e.s et étudiant.e.s ».

Des FAQ, et des listes en style télégraphique ne suffisent pas pour se donner bonne conscience. Quelles vont être les mesures concrètes ? Les étudiant.e.s ne vont pas aller chercher les communications la plupart du temps, il est vrai. Mais payer le prix d’une voiture chaque année pour une éducation, n’est-ce pas avoir le droit de laisser la communication venir jusqu’à nous ? De ne pas avoir à investiguer et fouiller sur un site web aux milles et une pages obsolètes ? Nous n’avons même pas reçu de courriels pour traiter du port du masque par exemple. Ce sont des communications « futiles » dira-t-on, mais qui donnent la sensation d’être accompagné.e et rassuré.e. 

Dernière question à se poser : la communication est-elle si mauvaise, ou bien n’y a-t-il rien à communiquer car le plan de l’Université n’est pas encore établi ? Dans les deux cas, il est temps d’agir.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire