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Arts et culture

Allier culture et informatique en milieu académique

Culture
28 mars 2021

Crédit visuel : Valérie Soares – Photographe

Article rédigé par Aïcha Ducharme-LeBlanc – Cheffe de pupitre Arts et culture

La Faculté des arts de l’Université d’Ottawa (U d’O) a inauguré, en 2016, le programme de mineure en sciences humaines numériques (SHN). Celui-ci témoigne de l’émergence, depuis plus d’une décennie, d’une démarche qui mêle l’étude de l’être humain à celle de la technologie. Utilisées dans de nombreux domaines, ces sciences s’avèrent être plus que jamais utiles dans un monde gouverné par la technologie. 

Jada Watson, professeure auxiliaire à la Faculté des arts et coordinatrice du programme des SHN affirme que « les humanités numériques ne sont pas un domaine au sens traditionnel du terme, mais plutôt une approche visant à repenser la manière dont nous construisons et transmettons les connaissances ». Elle voit en ce projet un double objectif : d’un côté, utiliser des outils numériques pour étudier les humanités, et de l’autre, remettre en question la technologie à l’aide d’une perspective humaniste.

Progrès et inclusivité

L’objectif principal des SHN est d’aborder les grandes questions de l’humanité en faisant un usage créatif et critique de la technologie pour recueillir, récupérer, organiser, visualiser et diffuser des informations, rapporte Watson. Elle souligne également que l’un des aspects intéressants des humanités numériques est qu’elles sont utilisées à l’U d’O pour rendre l’intelligence artificielle plus inclusive.

« Les chercheur.euse.s de la Faculté des arts ont étudié en profondeur les algorithmes qui sous-entendent les applications et les services. Le but est d’utiliser la recherche pour combattre le racisme, le sexisme, l’homophobie, la transphobie et le capacitisme qui ont été perpétués par l’intelligence artificielle traditionnelle », précise la professeure auxiliaire. 

Nouvelles méthodes

Selon Sarah Simpkin, bibliothécaire à l’U d’O et cheffe du Département des arts et collections spéciales dans la bibliothèque, l’utilisation de méthodes informatiques est innovante. Elle permet d’après elle aux chercheur.euse.s d’accéder à de grandes quantités de données et à les analyser, et ainsi de répondre à différents types de questions. Elle donne l’exemple des techniques de visualisation de réseaux sociaux ou culturels qui permettent de mieux comprendre les relations entre différents concepts et personnes. 

De son côté, Candide Uyanze, diplômée de 2020 dans le programme de communication avec une mineure en SHN, apprécie le fait que les humanités numériques renforcent la littératie numérique. Elle juge que cette éducation est importante à une ère dans laquelle la technologie est très répandue.

L’étudiante est reconnaissante d’avoir appris diverses méthodes informatiques telles que l’analyse statistique, la cartographie par projection, la balayage en trois dimensions, ou encore Excel et Twine, qu’elle peut utiliser à nouveau dans le cadre de la maîtrise qu’elle complète actuellement. Elle note également que l’un des avantages de la recherche basée sur les SHN est qu’elle est généralement plus efficace, ne nécessitant pas autant de travail manuel que la recherche typique. 

Applications potentielles

Selon Watson, les SHN sont très interdisciplinaires, toutes les disciplines dans la Faculté des arts utilisant les méthodes des humanités numériques. Par exemple, les étudiant.e.s du Département d’histoire ont un cours enseigné par le professeur Jean-François Lozier. Avec ses élèves, ils.elles « ont fait des recherches sur les sons du passé [et] puis les ont recréés avec la technologie moderne », remarque Watson. Celle-ci évoque un autre projet de SHN qu’elle a réalisé avec des étudiant.e.s en 2020, qui consistait à cartographier virtuellement l’immigration dans la ville d’Ottawa. 

Ce constat de l’interdisciplinarité du domaine est partagé par Uyanze. Témoignant de son expérience dans ses cours du programme, elle affirme y avoir côtoyé des jeunes provenant de différentes facultés et programmes, ce qui a donné lieu à des échanges très instructifs et enrichissants. 

Innovations dynamiques

Selon Simpkin, les membres de son Département offrent aux chercheur.euse.s et étudiant.e.s de l’U d’O des formations sur les outils de visualisation de données et de création d’expositions numériques. Plusieurs d’entre-elles.eux collaborent également avec des professeur.e.s pour incorporer des projets des SHN dans leurs cours, et participer à des projets de recherche associés. 

Watson souhaite que tou.te.s sachent que sa communauté est très active et continue à l’être en temps de pandémie. Par ailleurs, depuis la création du programme de mineure, un institut de recherche, plusieurs ateliers, et une série de conférences sur ces sciences ont été mis en œuvre. Les trois intervenantes applaudissent la collaboration qui caractérise les SHN. Uyanze explique que le programme de mineure a beau être réduit en taille, il offre de nombreuses opportunités aux étudiant.e.s participant.e.s, pour lesquelles elle se dit d’ailleurs être reconnaissante. 

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