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Entrevue réalisée par Thelma Grundisch – Cheffe du pupitre Sports & bien-être

Naturopathe certifiée et diplômée, Tanya Manikkam exerce depuis plus de dix ans dans son cabinet à Ottawa. Abordant la question des sciences basées sur la nature, elle se confie sur son métier, et déconstruit les mythes qui entourent la profession. 

La Rotonde [LR] : Pourriez-vous définir la naturopathie ?

Tanya Manikkam [TM] : Les naturopathes veulent déterminer comment une personne se sent, et pourquoi elle se sent de cette manière, tout en essayant d’utiliser le plus possible des méthodes naturelles. La diète, la nutrition, et l’acupuncture servent généralement de moyens pour aider les patient.e.s à se sentir le mieux possible […].

Il s’agit d’une forme de médecine privée et régulée, ce qui signifie que la pratique est encadrée, et que nous sommes des docteur.e.s naturopathes, enregistré.e.s et diplômé.e.s en naturopathie. Ce métier n’est pas reconnu dans toutes les provinces, mais il fait partie des professions de la santé réglementées par le gouvernement en Ontario.

En tant que naturopathe ici, on ne peut pas se spécialiser dans un domaine particulier, mais certain.e.s praticien.ne.s ont un intérêt spécial. Moi, je suis connue pour travailler avec les hormones, et pour aider les femmes avec la ménopause.

LR : Pour quels types de maladies la naturopathie est-elle recommandée ?

TM : Ce serait surtout pour des maladies chroniques, je dirais. Si on se casse le bras ou que c’est une urgence, ce ne sera pas utile. Mais si c’est pour des problèmes digestifs, ou des fluctuations d’hormones, ça peut être vraiment efficace.

Certain.e.s patient.e.s viennent surtout pour savoir ce qui se passe dans leur corps, dresser le portrait de leur biochimie, et adopter de meilleures habitudes par rapport à leur régime alimentaire par exemple. C’est très individuel, et c’est ça qui caractérise la naturopathie : ce sont des soins vraiment basés sur une personne en particulier et sa constitution.

LR : Selon vous, quelle est la différence entre naturopathie et médecine traditionnelle ?

TM : On passe beaucoup plus de temps avec nos patient.e.s. C’est de la médecine privée donc il faut payer pour ce temps, mais ça veut dire que je peux m’asseoir une heure avec la personne et lui poser des questions, discuter de sa diète, de son stress, ou de sa digestion : c’est vraiment une méthode plus holistique.

Après ça, on peut faire des prises de sang et demander des bilans. Comme c’est privé, on ne se limite pas à ce qui est pris en charge par le gouvernement, et on peut faire des tests qui vont plus loin. On a vraiment l’opportunité de faire un grand bilan de santé pour les gens.

Traditionnellement, un médecin de famille va prescrire un médicament pour aider le ou la patient.e à soulager des symptômes. Mais quand on vient chez un.e naturopathe, c’est plus une question d’adresser la cause du problème, en proposant des options de traitements naturels, ou des prescriptions bio-identiques.

LR : Qu’est-ce que la médecine préventive ?

TM : La médecine préventive consiste à essayer de traiter la personne avant qu’il y ait réellement un problème. Si quelqu’un a un problème de thyroïde par exemple, un.e médecin traditionnel.le va recommander d’attendre et de surveiller l’évolution [des symptômes].

Moi, je vais m’assurer qu’il n’y a pas de problème d’inflammation par exemple, histoire de voir les problèmes venir à l’avance en regardant le corps. Je vais adresser la biochimie d’une personne pour prévenir des problèmes chroniques, et voir si le mode de vie de l’individu.e est adapté à la prévention de certaines maladies.  

LR : Comment consulter un.e bon.ne naturopathe ?

TM : Pour cela, pas besoin de prescription par un.e médecin […]. Mais je recommande toujours à mes patient.e.s de partager un rapport de mes suggestions avec elles.eux, car je trouve vraiment que l’intégration des deux [méthodes] est souvent la meilleure chose.

Tu peux aller voir n’importe quel.le naturopathe, mais je t’encourage à toujours vérifier qu’il.elle soit vraiment certifié.e, sinon tu n’auras pas une bonne expérience […]. L’appellation est malheureusement souvent utilisée par des personnes non expérimentées, qui ont suivi une formation en ligne, par exemple.

Enfin, il est important de regarder les intérêts de différent.e.s praticien.ne si l’on veut un type de soin en particulier, même si tout.e naturopathe va pouvoir traiter toute personne ; notre éducation est vraiment générale. Avec une licence en Ontario, on peut faire de la nutrition, de l’acupuncture, on peut prescrire certaines herbes, des suppléments, des vitamines, ou encore des minéraux. Certain.e.s peuvent aussi prescrire des hormones par exemple, avec un diplôme plus avancé.