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Décider de sa carrière en temps de pandémie

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23 janvier 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Entrevues réalisées par Aïcha Ducharme-Leblanc – Journaliste

Au printemps dernier, des milliers de diplômé.e.s de l’Université d’Ottawa ont assisté à leur collation des grades à travers un écran. Ils.elles ont dû se préparer à entrer dans le monde du travail post-pandémie, rempli d’incertitudes quant aux retombées économiques de la crise. Comment les jeunes conçoivent-ils.elles leur avenir en ces temps troubles ? 

Luc Alarie, étudiant en génie mécanique biomédical, et Cullent Coulthard, en musique, sont tous les deux en fin d’études à l’Université d’Ottawa. Lilou Matera est quant à elle diplômée internationale en communications depuis l’automne 2020. Tou.te.s les trois se abordent leurs expériences, leurs peurs et leurs espoirs concernant leur futur.

La Rotonde (LR) : Est-ce que la pandémie a affecté les perspectives de votre avenir, et vos projets post universitaires ?

Lilou Matera (LM) : Oui définitivement, je pense que ça a surtout compliqué mon avenir. […] En majorité parce que je voudrais étudier à nouveau à l’étranger et c’est compliqué en ce moment, étant donné que les frontières sont fermées. J’aimerais étudier en septembre, mais on ne sait pas vraiment comment sera la situation [d’ici là], et on ne peut pas vraiment prévoir à l’avance … La pandémie m’a beaucoup affectée.

Luc Alarie (LA) : Oui. Trouver un emploi après [la pandémie] va être un défi, parce que mon diplôme est plus [orienté vers le pratique] en personne qu’en ligne. J’ai donc moins d’options, au moins jusqu’à ce que le vaccin soit distribué. 

Cullen Coulthard (CC) : Certainement, oui. C’est un peu difficile de trouver des emplois pour les musicien.ne.s pendant une pandémie […]. Il y a très peu d’opportunités pour les artistes [en ce moment] selon moi.

LR : Est-ce que vous avez changé d’idée, ou modifié votre parcours en raison de la pandémie ? Est-ce que vos aspirations ont changé ?

LM : Je dirais que oui et non. Non, parce que j’essaie justement de rester sur la même lignée […]. Mais j’ai déjà des obstacles personnels, et la pandémie en ajoute d’autres […]. Après, je n’ai pas changé complètement d’idée à cause de la pandémie, mais c’est vrai que j’ai plus de mal à me projeter dans des  schémas plus ambitieux. 

Pour ce qui est déjà de septembre ou de la rentrée, soit je vais étudier au Canada, soit aux États-Unis. J’espère pouvoir étudier en présentiel, mais je ne me voile pas la face : je sais que ce sera sûrement à distance. En attendant, je suis en train de faire mes dossiers pour toutes les écoles [qui m’intéressent], car les deadlines d’inscription sont presque toutes en janvier, février et mars. Je vais aussi essayer de trouver un emploi en France [où elle réside actuellement], mais je sais que ça va être difficile, car quasiment personne n’embauche en ce moment. 

LA : Non, je ne dirais pas qu’elles [mes aspirations] ont changé, mais elles ont probablement été retardées d’un an ou deux. Je planifiais de voyager après [ma graduation], peut-être travailler dans un autre pays, mais il va falloir que j’attende un petit peu pour que tout ça se calme. Je vais essayer de trouver un travail intermédiaire avant que je sois capable d’aller où je veux être. Ce n’est pas idéal, mais au moins c’est quelque chose en attendant. 

CC : Un peu. Mon plan était à l’origine de prendre une année après avoir terminé mon bac pour jouer avec un orchestre quelque part en Europe. Maintenant [j’ai décidé] de prendre une année pour travailler avant de faire ma maîtrise [en musique]. […] [Avec] une année de pause, j’aurai la chance de me faire un peu d’argent.  

LR : Après plusieurs mois de pandémie et la potentielle fin de celle-ci avec le vaccin, est-ce que vous êtes optimiste face à votre avenir ?

LM : Pas vraiment, pour être tout à fait honnête. J’ai eu une grosse vague d’optimisme en décembre avec le vaccin [qui venait juste d’être approuvé], mais j’avoue qu’en vue des variantes du virus, l’optimisme est vite retombé. J’ai toujours fonctionné de façon assez optimiste quand même ; quand on nous a dit que les cours étaient en virtuel, je m’attendais à ce qu’on reprenne en présentiel assez vite. Pourtant, on n’a pas repris […], donc j’essaie de ne plus me faire d’idées, et de ne pas être trop optimiste pour ne pas me faire de faux espoirs. Je préfère avoir une bonne qu’une mauvaise surprise. 

LA : Je dirais que oui, surtout après le vaccin. La plupart du monde est prêt à retourner à [sa vie d’]avant. Je ne suis pas inquiet sur le fait qu’on ne soit plus capables de faire ce qu’on faisait avant. 

CC : Je suis optimiste pour ce qui est à venir dans cinq ans, mais d’ici un an, pas vraiment. J’imagine que ça va prendre du temps pour faire circuler le vaccin [à tout le monde], et même quand tout le monde le recevra, je crois que le retour à la vie normale sera lent. 

LR : Auriez-vous des conseils pour celles et ceux qui se sentent perdu.e.s face à cet avenir incertain ?

LM : C’est une bonne question. J’aimerais moi-même avoir la réponse parce que j’ai bien besoin de conseils ! Je dirais [tout de même] que le plus important, c’est de se donner des chances et des possibilités, et de ne pas avoir peur de s’ouvrir plusieurs portes, parce qu’on ne sait jamais lesquelles vont se fermer à cause de la pandémie. 

LA : Je leur dirai juste de tenir le coup […] ; dans quelques mois ça devrait être fini. Tu peux trouver d’autres affaires pour te garder occupé.e, et prendre soin de ta santé mentale. Apprends quelque chose de nouveau, ça peut aider aussi. Ce n’est pas pour toujours, ne t’inquiète pas. 

CC : Honnêtement, je leur dirais de prendre leur temps avec leurs décisions, et de faire ce qu’ils.elles veulent.

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