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Entrevue avec Nonso Morah : étudiante, poète, leader

Daphnée-Maude Larose
14 février 2024

Crédit visuel : Courtoisie — Aliya Logun 

Entrevue réalisée par Daphnée-Maude Larose — Journaliste

Nonso Morah est une étudiante en conflit et droits humains à l’Université d’Ottawa, et a été nommé au Gala annuel de l’excellence noire. Elle travaille comme membre du personnel politique pour le Sénat du Canada et, pendant l’été, elle est coordonnatrice du mentorat à Operation Black Vote Canada pour le programme de la Bourse de 1834. Morah utilise aussi la poésie comme manière d’exprimer sa créativité. La Rotonde s’est entretenu avec l’étudiante pour en apprendre plus sur son parcours. 

La Rotonde (LR) : Comment avez-vous commencé à écrire des poèmes ?

Nonso Morah (NM) : J’ai toujours été une auditrice passionnée de la poésie orale et performée, mais je ne savais pas comment m’y initier. J’ai vécu en Alberta et il n’existait pas de communautés de poètes là-bas. En revanche, quand j’ai déménagé à Ottawa, j’ai trouvé une collectivité créative et très sympathique. J’ai rencontré plusieurs artistes qui ont lu mon travail et qui m’ont soutenue. Cela m’a ouvert à la possibilité d’utiliser mon art pour établir des liens avec plus de gens. Ma poésie a grandi à partir de là et j’ai continué à surfer sur la vague.

LR : La poésie est-elle un bon moyen d’effectuer une déclaration politique ?

NM : Oh, magnifiquement ! C’est ce que je préfère faire. Parfois, quand on fait une affirmation directe, le message n’est pas compris par les autres comme on l’aurait voulu. La poésie est un art subjectif et si un poème est bien rédigé, il est possible de véhiculer un message marquant de manière plus compréhensible. De plus, la politique a un aspect artistique et dramatique. Je constate que chaque personne, incluant les politicien.ne.s, ont leur propre façon d’être poétique. Les personnes en politique doivent souvent transmettre des informations qui peuvent être complexes à partager. C’est pourquoi je crois que l’art en général se marie bien avec la politique.

LR : Quelles sont vos aspirations professionnelles ?

NM : Ma plus grande aspiration est de continuer de trouver des moyens de lier tout mon travail créatif à la politique. Je ne pense plus que je souhaite poursuivre un parcours plus traditionnel. J’étais très intéressée par le droit, mais j’essaie désormais de voir comment je pourrais incorporer une carrière non conventionnelle dans mon expérience, sans me forcer dans une boîte ou à faire une seule chose. Nous sommes dans une génération où l’on invente des emplois. Les gens trouvent toujours de nouveaux moyens de faire de l’argent avec leur passion et c’est ce que je compte faire.

Mon plus grand objectif est de développer ma propre organisation à but non lucratif. Je ne sais pas à quoi ça ressemblerait pour le moment. En revanche, je sais que ce travail serait très proche de ce que je fais déjà, que ce soit sur les politiques d’accessibilités, l’éducation, la créativité ou la justice sociale.

LR : Selon vous, pourquoi est-ce important pour la jeunesse noire d’obtenir des rôles de leadership dans notre société ?

NM : Je suis heureuse de travailler pour la Bourse de 1834. Mon travail consiste à informer la jeunesse noire de ce programme à travers le Canada. Habituellement, nous n’y avons pas accès à moins que nous soyons vu.e.s comme étant « exceptionnel.le.s ». C’est une des raisons pour laquelle je déteste le terme « excellence noire ». J’ai l’impression qu’il sous-entend qu’il y a des personnes noires meilleures que d’autres. Plusieurs jeunes noir.e.s doivent effectuer un million de choses à la fois pour être remarqué.e.s. Personnellement, j’ai dû travailler sans relâche alors qu’il existe des gens qui n’ont pas fait autant que moi et qui se portent beaucoup mieux dans les milieux politique et artistique.

Si ce ne sont pas les bonnes personnes qui mettent en place des lois et des politiques, ils.elles peuvent commettre des erreurs et prendre des décisions qui ne reflètent pas certaines communautés. Voilà pourquoi il faut intégrer le processus décisionnel et y participer : c’est pour s’assurer d’être représenté.e.

LR : Que pensez-vous du Mois de l’histoire des Noir.e.s ?

NM : L’histoire des Noir.e.s est très différente l’autre côté de la frontière. Aux États-Unis, ce mois vient de l’esclavage et de la récupération de ce qui s’est passé lors des mouvements de droits civils. Au Canada, bien qu’on ait une histoire noire très proéminente, elle se concentre plus sur la couleur de la peau, puisque plusieurs personnes noires au Canada sont des immigrant.e.s. On va entendre parler de Martin Luther King Jr., mais pas de figures noir.e.s important.e.s d’ici. Ce pays doit travailler davantage à ce niveau-là.

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