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Barbie aux golden globes
Arts et culture

Golden Globes 2024 : Jo Koy se met les pieds dans les plats

Daphnée-Maude Larose
18 janvier 2024

Crédit visuel : Courtoisie

Chronique rédigée par Daphnée-Maude Larose — Journaliste

Le 7 janvier a eu lieu la cérémonie des Goldens Globes (GG) 2024 qui avait pour but de récompenser les artistes et les œuvres cinématographiques qui ont été particulièrement marquantes lors de l’année précédente. La soirée de célébration a rapidement suscité de vives réactions à la suite de blagues sexistes faites par l’humoriste américain Jo Koy. Ses propos m’ont extrêmement déçue, mais je n’ai pas été surprise…

Lors des dernières années, le comité des GG a reçu de nombreuses accusations de racisme et de corruption. Avec cette 81e édition, les nouvelles.aux propriétaires et les nouvelles.aux membres votants souhaitaient un lancement fructueux ; ils.elles comptaient sur l’important phénomène « Barbenheimer » pour ce faire. Cette année, c’était plutôt les propos sexistes qui étaient au menu.

Un discours redondant

Depuis que je suis très jeune, j’adore les poupées Barbie et les films animés. C’est pourquoi, lorsque la première bande-annonce a été diffusée, j’étais particulièrement emballée. Mes amies et moi-même nous sommes procuré nos billets un mois avant sa sortie au cinéma. Et bien sûr, la journée même, nous étions toutes vêtues de rose.

Je n’ai pas visionné les GG en direct. J’ai pris connaissance de cette polémique sur les médias sociaux et je me suis évidemment empressée d’aller écouter le numéro d’ouverture. Ma première réaction a été un beau grand soupir. Qu’est-ce que les écrivain.e.s de ces blagues n’ont toujours pas compris ?

Koy a d’abord acclamé Oppenheimer en valorisant sa complexité, avant de décrire Barbie comme se résumant à « une poupée de plastique avec une grosse poitrine ». Il a affirmé, par la suite, que c’était bizarre, mais qu’il avait été attiré par cette dernière.

Mais où sont les commentaires et les farces applaudissant la subtilité et les multiples facettes de l’œuvre de Gerwig ? Je suis épuisée de remarquer que des productions dites « masculines » se font constamment jeter des fleurs, alors que les films « féminins », eux, sont diminués.

Le film Barbie a été conçu pour démontrer que les femmes sont multidimensionnelles dans leur personnalité et qu’elles ne devraient pas être réduites à un corps objectifié. La production établit que la beauté et l’intelligence ne sont pas des caractéristiques qui s’excluent mutuellement. Koy, comme plusieurs autres d’ailleurs, n’a évidemment pas porté attention aux valeurs transmises dans le film.

La même journée, j’ai demandé aux membres de ma famille s’ils avaient vu ce qui s’était passé lors de la cérémonie. Les réponses féminines et masculines ont divergé. Les hommes ont soutenu que ce n’était pas si grave : « Ce sont juste des blagues ! ». Ils n’ont pas saisi mon désespoir.

La folie et les commentaires qui ont suivi la sortie du film m’avaient rendue optimiste. J’ai donc trouvé ces propos sexistes particulièrement décevants, surtout de la part d’un homme qui affirme l’avoir visionné. Le message du film est facile à saisir, il est accessible à tous les âges. C’est pourquoi j’ai l’impression que certain.e.s s’efforcent de passer à côté du but premier de Barbie.

Des réactions appropriées

Les commentaires énoncés par Koy m’ont fait voir la nécessité d’une telle production pour notre société. L’aventure de la poupée blonde permet la remise en question des standards irréalistes auxquels les femmes font face. Je me suis sentie spécialement vue et entendue par ce film. Il a simplement fallu un homme avec un jugement discutable afin de détruire ce sentiment.

Pendant l’été 2023, les femmes dominaient la scène culturelle avec les tournées impressionnantes de Beyoncé et de Taylor Swift, ainsi qu’avec le film Barbie. À la suite d’un aussi grand succès féminin, je devais m’attendre à ce qu’un homme ressente le besoin de rabaisser une de ces productions, question de ramener les femmes au niveau « où elles doivent être ».

Certain.e.s pourraient argumenter que ces propos n’ont pas causé de répliques particulières de la part de Gerwig ou Robbie et qu’elles semblaient répondre d’une façon normale. Selon moi, affirmer une telle chose prouve l’existence d’un double standard concernant les réactions face à la critique.

En tant que femme, je suis d’avis que la société nous enseigne à ne pas protester et à afficher un front neutre même lorsque des actions ou des blagues dérangeantes sont effectuées. Cet apprentissage nous est inculqué en nous montrant que peu importe quelle sera notre réponse, elle sera excessive vis-à-vis de la situation. C’est parce qu’on sort de cette boîte que plusieurs croient qu’on exagère.

Des réactions comme celles qu’on peut apercevoir sur les médias sociaux actuellement sont complètement justifiées. J’espère qu’elles vont continuer de faire surface tant et aussi longtemps qu’un tel humour sera accepté.

Le 4 février 2024 aura lieu la 66e édition de la cérémonie des Grammy, elle sera animée par Trevor Noah pour la troisième année consécutive. Voilà un comédien capable d’effectuer des blagues, tout en respectant les femmes.

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