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Arts et culture

Retour sur l’exposition florale d’ikebana au Musée de la nature

Daphnée-Maude Larose
16 novembre 2023

Crédit visuel : Jürgen Hoth — Photographe

Article rédigé par Daphnée-Maude Larose — Journaliste

Du 9 au 12 novembre se déroulait l’exposition florale japonaise organisée par Ikebana International Ottawa. Plusieurs artistes ont présenté leurs arrangements de fleurs fraîches au Musée canadien de la nature. Au total, 30 œuvres utilisant différents matériaux naturels furent dévoilées. La Rotonde a eu la chance d’assister à la 36e année de cette exposition à la suite d’un arrêt de quatre ans dû à la pandémie.

Selon la présidente d’Ikebana International Ottawa, Anne Breau, l’ikebana est un art et une discipline qui se différencie grandement des techniques employées par les fleuristes. Celle-ci affirme que la beauté de ce procédé se trouve dans l’asymétrie, les lignes, la couleur et beaucoup plus. Pour pratiquer cette discipline, il est nécessaire de réussir de multiples leçons et modules enseignés par un.e professeur.e spécialisé.e, ce qui peut prendre plusieurs années, spécifie-t-elle.

Deux différentes écoles

Il existe de nombreuses philosophies d’ikebana qui ne suivent pas toutes les mêmes techniques. Deux parmi celles-ci étaient exposées au Musée, soit l’école Sogetsu et l’école Ohara. Ce qui les différencie est que l’école Sogetsu, pratiquée par Breau, tire son inspiration des mouvements de l’art moderne. Elle s’éloigne des pratiques et des théories plus traditionnelles, développe la présidente, alors que l’Ohara se situe entre la modernité et la tradition. Breau ajoute que leurs plans de cours sont très différents en raison de ces distinctions.

Elle renchérit que « [l’]école [Sogetsu] est contemporaine, elle évolue avec le temps ». Lorsque l’étudiant.e possède une certaine maîtrise, il.elle peut s’aventurer dans le style libre, ce qui permet à l’élève d’être créatif.ve, souligne-t-elle. Breau explique que c’est une pratique qui n’est pas partagée par l’Ohara, dont les artistes sont très traditionnel.le.s dans leurs parcours.

Christine Marcoux, artiste de l’école Ohara ayant participé à l’exposition, avance qu’ils.elles peuvent seulement expérimenter avec une forme libre à la toute fin de leur formation. « [L’Ohara], c’est amener la nature à l’intérieur d’un vase, d’un contenant, pour rappeler celle-ci dans une maison », explique-t-elle. Marcoux précise que l’école Sogetsu tente plutôt de confectionner des sculptures à l’aide de fleurs, pour créer un art qui représente la nature.

L’artiste clarifie que le but d’un arrangement est d’être équilibré. Elle explique qu’il y a plusieurs règlements à respecter afin d’atteindre cette balance et de maîtriser cet art. Les branches, par exemple, doivent faire précisément une fois et demie la grandeur du contenant dans lequel elles se situent, informe-t-elle.

Difficultés de la discipline

Selon Breau et Marcoux, le plus grand défi de l’ikebana est de se procurer des matériaux tels que des branches et des variétés de fleurs. Au Japon, il existe des fleuristes et des compagnies qui fournissent spécialement pour l’ikebana, et qui disposent de toutes sortes de végétaux, fait remarquer la présidente. Breau s’estime très chanceuse, parce qu’elle fait affaire avec un distributeur qui vend aussi aux fleuristes lorsqu’elle organise une exposition. « Dans un musée, on aime que les gens observent des fleurs, des branches et des choses qu’ils.elles n’ont jamais vues, qui poussent ailleurs [que la flore canadienne] », affirme-t-elle.

L’artiste énonce qu’il est parfois un défi de réaliser l’arrangement floral qu’elle avait en tête : il est difficile pour elle de s’adapter quand les matériaux ne se positionnent pas comme elle le souhaite. Elle explique qu’il n’est pas seulement question de travailler les végétaux, ils doivent aussi conserver leurs positions.

« Il faut mettre des fils de fer pour les tenir sans les abîmer, pour que ça tienne solidement », mentionne-t-elle. Marcoux poursuit qu’il est possible d’ajuster les angles et les courbes des plantes avec la chaleur d’une respiration. « Avec certaines de mes branches, j’essaie de souffler dessus pour être capable de [les] ramollir un peu », poursuit-elle.

Breau détaille les besoins spécifiques des fleurs : l’eau doit être fréquemment changée, et il est nécessaire de couper les tiges lorsqu’elles sont submergées pour empêcher que des bulles d’air y entrent. Il n’est pas rare qu’elle doive remplacer des végétaux pour des nouveaux durant une exposition, puisqu’ils perdent leur fraîcheur, révèle-t-elle.

La présidente partage qu’il y a plusieurs cours d’ikebana qui se donnent à Ottawa pour ceux.celles qui voudraient s’y initier. L’artiste « invite à aller sur le site web d’Ikebana international, puis de leur envoyer un courriel pour voir s’il y a des professeur.e.s qui sont près d’eux et qui acceptent des élèves ». Cet art devient réellement une façon de vivre, selon Breau.

Elle révèle quau printemps 2024, Ikebana international Ottawa sera à l’ambassade du Japon, afin de dévoiler une exposition de l’école d’Ohara.

 

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