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Arts et culture

La poésie chantée, est-ce un art abandonné ?

Malek Ben Amar
19 avril 2022

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Chronique rédigée par Malek Ben Amar – Journaliste

Nous faisons partie d’une société de consommation, ce qui fait en sorte que nous avons tendance à tout avaler sans nous en délecter. Même l’art, de nos jours, ne semble être ni distingué ni innovateur. Les œuvres se ressemblent et les goûts nous sont parfois imposés. Qu’est-ce que cela en dit pour le futur d’un art moins connu, soit la poésie chantée ?

Les Top Hits de la semaine sur mon compte Spotify sont toujours similaires. Souvent d’une durée ne dépassant pas les trois minutes, ces morceaux me paraissent plutôt comparables au fast-food consommables, mais sans bienfaits. Les œuvres musicales inédites, notamment la poésie chantée, ne sont pas idéales aux yeux de tout le monde. Celles-ci, dans leur voie d’extinction, nous laissent méditer sur l’avenir inquiétant du quatrième art.

Deux arts en un seul

J’ignorais l’existence de la poésie chantée jusqu’au jour où la mine d’or Youtube a fait surgir, dans ses lectures aléatoires et hasardeuses, « Blizzard », mon titre préféré de FAUVE. D’ailleurs, la poésie chantée me fait penser à ce groupe musical exceptionnel, grâce auquel j’ai pu saisir la beauté qu’incarne cette notion imparable du spoken word.

Il s’agit de la poésie agréablement mêlée au rythme et à la mélodie adéquats. Chaque chanson raconte une histoire particulière qui constitue un véritable voyage, laissant à côté l’insipidité de la vie monotone et visant les portails des ressentis intenses et sensationnels, au-delà de toute superficialité.

Le poème ici n’est pas une simple récitation, mais plutôt une force impliquant le choix du texte et la pertinence de la composition. Fusionner les deux arts en un seul est une initiative à la fois tentante et originale, jonglant tantôt avec le son, tantôt avec les mots, et ce dans toute la dextérité vocale possible. Non seulement légère à écouter, la poésie musicale présente un format frappant qui rend l’écriture poétique accessible à tout le monde.

Un genre musical original…

Les nouvelles générations apprécient de moins en moins les travaux littéraires conçus uniquement à être lus ou récités. Cependant, ces personnes pourraient ignorer ce que cache la poésie chantée : des moments véritables d’émotions, des fonds musicaux à s’en régaler et une habileté linguistique sans exemple.

Si les jeunes de nos jours ne sont pas vraiment attiré.e.s par ces strophes classiques et ces récits compliqués, que ces derniers leur semblent ennuyeux, voire inconcevables, le spoken word prend la relève. Il exprime légèrement leurs pensées profondes, sans pour autant impliquer toute cette complexité qui leur fait peur.

Si vous êtes perdu.e.s dans vos choix artistiques, confus.e.s entre le verbiage et la lourdeur, ce concept original est fait pour vous. Il est venu faire l’équilibre entre l’incompréhensibilité de l’ancien et la frivolité du nouveau, offrant à chacun.e l’opportunité d’assimiler le contenu tout en réfléchissant et en creusant pleinement dans ses fonds.

…mais toujours méconnu

La poésie musicale, malgré les campagnes de médiatisation incessantes, peine toujours à se faire une place dans le cœur des passionné.e.s des titres brefs, vides et secs. Est-ce l’affranchissement de la durée des chansons types qui marque tout cet écart dans les chiffres ? Si ce genre musical donne principalement place aux paroles et qu’il reste toujours méconnu, sommes-nous alors amateur.ice.s de la futilité du sens et du bruit des refrains ?

Sans aucune justice, la loi du streaming promeut encore davantage les titres courts par rapport à ceux qui sont relativement longs. Par conséquent, ces bouts de sons avantagés sont beaucoup plus abondants sur nos feeds et occupent les têtes de listes.

Dans ce cercle vicieux, la même cause implique toujours le même résultat, et les poésies chantées sont enterrées depuis longtemps dans ces plateformes cupides. Là, une simple question demeure : si le spoken word reste fidèle à ses principes et ne s’inscrit pas dans cette tendance indéniable pour raccourcir sa longueur, sera-t-il menacé de s’éteindre un jour ?

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