Inscrire un terme

Retour
Actualités

Le chemin ardu de la carboneutralité à Ottawa

Nonibeau Gagnon-Thibeault
24 novembre 2022

Crédit visuel : Archives

Article rédigé par Nonibeau Gagnon-Thibeault — Journaliste

Alors qu’Ottawa a adopté un plan pour devenir une ville carboneutre en 2050, quels sont les changements nécessaires pour décrocher ce titre ? Un panel, qui s’est tenu à l’Université d’Ottawa (U d’O) le 16 novembre dernier, a abordé les défis de la Ville pour atteindre cet objectif. Les intervenants furent d’accord que l’étalement urbain pose un immense problème pour qu’Ottawa devienne carboneutre.

Il est crucial de réexaminer les manières de développer les logements résidentiels afin qu’Ottawa devienne une ville carboneutre en 2050, a affirmé Matthew Kurtz, professeur à temps partiel au département de géographie de l’U d’O. Des logements qui permettent une plus grande densité de population sont nécessaires afin de développer des systèmes de transport efficaces, ajoute Kurtz en entrevue avec La Rotonde. «Cela demande de repenser les façons dont Ottawa fut construit pendant des décennies», souligne-t-il.

S’inspirer de Montréal

Kurtz était accompagné de Shawn Menard, conseiller municipal du quartier de la capitale, lors de ce panel organisé par les étudiant.e.s de maîtrise en sciences interdisciplinaires en durabilité de l’environnement de l’U d’O. Les deux intervenants ont donné Montréal en exemple : la métropole a une planification urbaine plus abordable, des zones à usage mixte, ainsi qu’un réseau de transport en commun plus développé, avancent-ils.

Ottawa, de son côté, soutient la construction de quartiers de banlieue avec ses maisons unifamiliales, favorisant l’étalement urbain, explique Kurtz. Il met en garde que ceci complique le développement du transport en commun et diminue les terres agricoles.

Kurtz rappelle qu’Ottawa est aux prises avec ses décisions adoptées dans les 50 dernières années. La planification urbaine de la ville fut désignée avec la présomption que les citoyen.ne.s se déplaceraient tou.te.s en automobile, contrairement à Montréal. Ainsi, Ottawa s’est développé pour créer des quartiers de banlieue et accommoder le trafic automobile. «Ce sera un immense défi de faire en sorte que les gens puissent se déplacer à travers la ville», prévoit-il.

Trouver un équilibre

De son côté, Menard dénonce la récente décision du gouvernement Ford d’imposer un étalement urbain à Ottawa. Alors que la Ville avait adopté un Plan officiel qui prévoit la construction de nouveaux quartiers de banlieue dans l’ouest et le sud d’Ottawa, Queen’s Park impose un étalement additionnel de 654 hectares. «Nous n’allons pas dans la bonne direction», se désole le conseiller municipal.

Il croit qu’Ottawa peut atteindre un équilibre entre la construction de gratte-ciels et de maisons unifamiliales. Menard donne en exemple des unités résidentielles à six étages. Il juge que les promoteur.ice.s immobilier.e.s posent un défi à l’atteinte de cet équilibre. «Souvent, ils.elles y sont opposés, car cela réduit leur marge de profit», explique le diplômé de Carleton.

Menard dénonce l’influence qu’ont les promoteur.ice.s immobilier.e.s dans la politique municipale. «Ils.elles ne financent pas des candidat.e.s par bonté, mais le font pour avoir de l’influence sur les décisions qui seront prises», soutient-il. Menard croit qu’il faut soit avoir de fortes réglementations sur le développement immobilier, soit mettre en place un organisme public qui construirait des logements abordables et écologiques.

La carboneutralité en 2050 : une cible atteignable ?

Ménard cible les trois secteurs qui émettent le plus de carbone à Ottawa : les édifices (dont les maisons), le transport et les sites d’enfouissement des déchets. L’atteinte de la carboneutralité en 2050 dépend de la modernisation des bâtiments de la ville, juge-t-il. «Si nous ne changeons pas la manière dont nos édifices fonctionnent, comment elles sont isolées et chauffées, nous n’atteindrons pas nos buts», affirme-t-il

Le plan de la Ville est-il donc réaliste? Tout dépend de comment nous mesurons la carboneutralité, souligne Kurtz. «Si on prend en compte tous les fournisseurs, tou.te.s les usager.ère.s de la ville, ça serait une réalisation incroyable», tempère-t-il.

Kurtz remarque cependant une hausse d’intérêt envers cet enjeu dans les villes canadiennes et à travers le monde. Il annonce que les gens sont davantage intéressés par la production locale de nourriture, par exemple. Il observe également que des gens de contextes socio-économiques différents se rassemblent pour discuter de l’organisation de leur région pour mieux y vivre tout en diminuant les émissions de carbone.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire