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Ukraine réfugiées
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Quand le Canada tend la main aux réfugié.e.s ukrainien.ne.s 

Chaymaa Dinouri
15 juillet 2023

Crédit visuel : Dawson Couture – Co-rédacteur en chef

Article rédigé par Chaymaa Dinouri – Journaliste

Le 22 mars 2023, le Canada a annoncé qu’il prolongera les mesures d’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine (AVUCU). Ce visa offre aux personnes de nationalité ukrainienne un titre de séjour d’immigrant.e temporaire de trois ans, accompagné d’un permis de travail ainsi qu’un permis d’études. Cette mesure, supposée faciliter la réunification familiale et rallonger le séjour des réfugiés déjà au Canada, expire le 15 juillet pour les demandes faîtes à l’extérieur du Canada. 

Procédure AVUCU 

Depuis mars 2022, le Canada offre un visa spécifique pour les Ukrainien.ne.s qui fuient le conflit avec la Russie. Selon le site de IRCC, 1 million de personnes ont appliqué pour l’AVUCU, 780 000 personnes ont été acceptées et 164 000 sont arrivés au Canada avec le visa. « Au total, il y a au moins 180 000 Ukrainien.ne.s qui sont arrivés depuis mars 2022 », selon Adèle Garnier, professeure agrégée et directrice des programmes de premier cycle au Département de géographie à l’Université Laval. 

La professeure Garnier ajoute que la plupart des Canadien.ne.s apprécient les mesures prises par le gouvernement canadien pour venir en aide aux Ukrainien.ne.s. Plusieurs se demandent, cependant, pourquoi cette aide n’a pas été proposée à toutes les personnes issues de pays en conflit, ajoute-t-elle. 

D’autres s’inquiètent du fait que les demandeur.se.s de l’extérieur du Canada auront jusqu’au 15 juillet pour postuler. « Ce sera intéressant de voir ce qui va se passer. Que vont-ils faire ? », s’interroge la professeure Garnier.

Après trois ans ?

En ce qui concerne le droit, Garnier certifie que ces personnes n’ont pas le statut de réfugié.e. Ils sont considérés comme étant des immigrant.e.s temporaires ou « déplacé.e.s Ukrainien.ne.s ». N’étant pas réfugié.e.s, les déplacé.e.s ukrainien.ne.s n’ont pas de résidence permanente. Ils n’ont pas non plus accès aux aides offertes aux réfugié.e.s, souligne-t-elle.

Par rapport à la durée de leur permis, la réponse officielle du ministère est que ces déplacé.e.s ukrainien.ne.s devraient essayer d’appliquer pour les programmes d’immigration ouverts à tous. Ils.elles peuvent être parrainé.e.s, ou encore faire une demande d’asile, une idée que plusieurs considèrent déjà, selon Garnier. Il faut toutefois être éligible pour ces programmes. La connaissance des langues officielles, l’âge et les compétences de travail peuvent donc être pris en compte. 

L’histoire de Nina 

Nina est une déplacée ukrainienne, qui a pu venir au Canada accompagnée de son mari et ses trois enfants. Cette dernière raconte : « La première fois qu’on a quitté l’Ukraine, c’était difficile. Les enfants avaient peur. On écoute constamment les nouvelles et on a peur pour les membres de notre famille qui sont restés là-bas. »

Nina et sa famille sont allées vivre aux Pays-Bas avant de venir au Canada. Elle dit s’être habituée à vivre sans crainte au cours de son séjour. Sa famille et elle sont ensuite tous venu.e.s au Canada, un pays avec une culture et des langues très différentes, grâce au visa spécial. Nina confie qu’ils.elles essaient d’améliorer leurs niveaux de langue et qu’ils.elles ont choisi le Canada pour garantir le futur de leurs enfants. 

« On est bien accueilli au Canada. On est reconnaissant envers le gouvernement et envers les gens », témoigne Nina. Son mari et elle ont déjà pour objectif de demander leur statut de résident.e.s permanent.e.s, mais ils ne sont pas certain.e.s de rester au Canada dans le long terme.

Expériences et défis

Grâce à l’AVUCU, Nina rapporte qu’elle a postulé au mois de mars 2022 et qu’elle est arrivée sur le territoire canadien en juillet. Concernant le logement, sa famille a pu louer une maison avant leur arrivée, après avoir payé quelques mois à l’avance. Il reste cependant difficile de trouver un logement sans historique de crédit, confirme-t-elle.

Pour pallier cette inquiétude, la professeure Garnier indique que le gouvernement offre aux déplacé.e.s ukrainien.ne.s deux semaines dans un hôtel, afin de leur donner le temps de trouver leur propre logement. Plusieurs organismes, certain.e.s Ukrainien.ne.s au Canada, ainsi que d’autres Canadien.ne.s, ont offert d’accueillir les nouveaux.lles venu.e.s en attendant qu’ils.elles trouvent une situation plus stable.

En ce qui concerne le monde du travail, le mari de Nina a pu trouver un contrat pour l’année, dans son domaine, et cela avant d’arriver au pays. Cela n’est pas, néanmoins, le cas de tout le monde. Comme le rapporte Nina, il est difficile de trouver du travail quand on ne connaît ni le français ni l’anglais.

Nina explique que plusieurs femmes ne peuvent pas quitter l’Ukraine avec leur mari. Plusieurs sont enrôlés dans l’armée, et d’autres n’ont pas le droit de quitter l’Ukraine en famille si le couple n’a pas trois enfants ou plus, souligne-t-elle. Selon Garnier, ces femmes ont souvent des emplois difficiles avec des heures inhabituelles au Canada, notamment comme femmes de ménage dans les hôpitaux. 

Plusieurs Ukrainien.ne.s sont très reconnaissant.e.s de l’aide reçue du Canada malgré tout. Que se passera-t-il, par contre, dans trois ans ? Le ministère s’exprime vaguement sur la question.



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