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Quel bilan tirer des élections municipales d’Ottawa ?

Marina Toure
7 novembre 2022

Crédit visuel : Nicholas Monette – Directeur artistique 

Article rédigé par Marina Touré – Cheffe du pupitre Actualités

Mark Sutcliffe est le nouveau maire d’Ottawa. Il promet, entre autres, de faire d’Ottawa une ville meneuse sur des questions comme l’environnement, et annonce une stagnation des taxes pour les propriétaires. Son élection marque aussi la défaite de Catherine McKenney, deuxième candidat.e phare des élections. Quel bilan peut-on tirer de ces élections municipales ?

Il s’est agi d’un affrontement entre une vision progressiste et une vision plus conservatrice, qui rappelle les élections municipales de 2006, rapporte Luc Turgeon, professeur agrégé à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa (U d’O). Il n’y a pas eu de véritable opposition depuis les deux dernières élections municipales, confie Anne Mévellec, également professeure à l’École d’études politiques. En effet, Jim Watson, ancien maire d’Ottawa, s’était représenté après son premier mandat et avait battu ses concurrent.e.s sans trop d’effort, explique-t-elle. Cette année au contraire, Ottawa a vu deux candidat.e.s s’affronter avec des visions contraires de la ville et des solutions différentes face aux diverses problématiques.

Course électorale

Pour Turgeon, Sutcliffe a deux options en tant que maire : continuer la vision de Watson, soit préserver la coalition des quartiers suburbains et ruraux en opposition avec les quartiers du centre de ville, afin de faire passer ses idées. Ou bien, convaincre chaque élu.e de manière individuelle des enjeux qu’il présente. Il est à prévoir qu’il choisira probablement la première option selon Turgeon. En effet, c’est selon lui l’électorat des quartiers ruraux et suburbains qui lui a permis de remporter ces élections.

Mévellec est en accord avec Turgeon : elle avance qu’une grande part de l’électorat de Sutcliffe se compose de propriétaires qui vivent dans ces quartiers et se sont retrouvé.e.s dans les promesses de campagne du nouveau maire. Cela a été l’erreur de McKenney, qui s’est concentré.e sur l’électorat des quartiers du centre-ville, qui en fin de compte ne sont pas ceux.celles qui votent, explique Turgeon. Cela a donc été la plus grande cause de la défaite de McKenney selon les deux professeur.e.s de science politique, même si, « historiquement, Ottawa n’a jamais été une ville qui a élu des maires progressistes » selon Turgeon.

Francophonie au municipal

Mais cela n’a pas été la seule course de cette élection, le conseil municipal ayant aussi vu l’élection de nouveaux.elles conseiller.e.s municipaux.ales. L’une des courses la plus farouches a été celle du quartier Rideau Vanier, où Stéphanie Plante s’est distinguée contre Laura Shantz. Elle devient la seule conseillère municipale francophone du conseil. Bien que Turgeon et Mévellec remarquent le déclin historique des francophones dans le conseil et sur la scène municipale d’Ottawa, cela ne marque pas forcément selon elleux la fin de la représentation des francophones et de leurs intérêts à Ottawa.

Mévellec rappelle que bien souvent, il y a eu des élu.e.s francophones qui ne représentaient pas forcément les intérêts des personnes francophones. Elle explique que les conseiller.e.s municipaux.ales ont leur propre vision et intérêts, tout comme les électeur.ice.s francophones au moment de voter. De plus, Turgeon ajoute que plusieurs conseiller.e.s sont sensibilisé.e.s à la cause francophone, et qu’il reviendra aux associations franco-ontariennes de faire leur lobby auprès des conseiller.e.s.

« Elle [Plante] aura surement la charge exclusive de porter ces enjeux » observe Mévellec, pourtant, le quartier de Rideau Vanier a plusieurs autres enjeux aussi importants, continue-t-elle, sans oublier que les francophones se trouvent dans tous les quartiers.

Participation électorale & co

On ne peut ignorer le faible taux de participation aux élections municipales. Il est de moins de 50 %, un chiffre commun comparativement au reste du Canada, énonce Mévellec. Comme on peut le voir dans les élections à Ottawa, la majorité de l’électorat se trouve dans les quartiers suburbains et ruraux, selon Turgeon. Pour lui, cette dichotomie entre centre urbain et quartiers ruraux et suburbains explique la victoire de Sutcliffe et le faible taux de participation électorale. On trouve dans ces quartiers une population plus âgée, qui, ajoute Mévellec, est propriétaire et entretient une relation avec la ville à travers son compte de taxes.

Mévellec dévoile que ce taux de participation en baisse est le signe d’un échec collectif à faire comprendre l’importance du palier municipal dans la vie des citoyen.ne.s. L’idée fausse selon laquelle le municipal ne s’occupe que des décisions techniques, mais aussi le travail pour trouver les informations quant aux élu.e.s et à leur campagne est coûteux et n’encourage pas les electeur.ice.s, selon elle. Une solution à ce déclin serait pour la professeure de mettre en avant de manière plus importante les questions qui touchent plusieurs couches de la population.

Sur la scène municipale d’Ottawa, il sera intéressant d’observer les décisions de Sutcliffe qui se retrouve, selon Turgeon, à prendre à charge plusieurs défis laissés par son prédécesseur, dont l’un des plus grands est celui du train léger.

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