Inscrire un terme

Retour
Arts et culture

Redéfinir la littérature jeunesse avec Renee Wilkin 

Marie-Ève Duguay
15 mars 2022

Crédit visuel :  Courtoisie – Julien Faugère 

Entrevue réalisée par Marie-Ève Duguay – Cheffe du pupitre Arts et culture

Renee Wilkin est auteure-compositrice-interprète québécoise. Ayant connu un essor de popularité après son passage à l’émission La Voix, elle possède maintenant trois albums à son actif. Depuis la pandémie, elle se voue à son rêve d’écrire des livres jeunesse. Wilkin partage aujourd’hui le processus de création derrière sa série Petits géants, qui vise la promotion de l’acceptation de soi.

La Rotonde (LR) : Vous avez lancé le mois dernier votre troisième livre de la collection Petits géants. En quoi consiste l’album ?

Renee Wilkin (RW) : Le joli bedon rond de Marion est le troisième livre de la série Petits géants, collection qui vise à mettre en lumière la diversité et la différence pour les enfants.

Ce nouveau livre raconte l’histoire d’une petite fille qui me ressemble quand j’étais petite. Marion est une nageuse qui a très hâte à sa nouvelle session de cours de natation. Malheureusement, elle reçoit, dès son premier cours, des remarques sur son apparence physique. Évidemment, ces remarques l’affectent plus que ce qu’elle laisse paraître.

Elle a ensuite de belles conversations avec sa mère. Celle-ci mentionne à Marion que son corps va changer tout au long de sa vie et qu’il existe plusieurs sortes de corps. Sa mère montre également que la valeur d’une personne ne tient pas à son apparence physique, et que tous les corps sont valides.

Marion a de bon.ne.s ami.e.s et est très bien entourée. Elle va donc trouver une façon lumineuse de démontrer à ses collègues de classe que sa personnalité surpasse tous les aspects physiques.

Mon but à travers ces histoires est toujours le même : je vise à ce que le personnage principal soit un reflet de la différence ou de la diversité. Dans le cas de mon troisième livre, Marion est le reflet de la diversité corporelle. Il s’agit d’un sujet que j’aborde beaucoup dans ma musique, puisque c’est très important pour moi.

Au départ, je planifiais que la série soit une trilogie, mais j’en suis déjà à la rédaction d’un quatrième livre.

LR : Vous avez une formation en musique. Pourquoi faites-vous le choix de publier des livres et de la littérature jeunesse ?

RW : J’ai toujours aimé les mots et j’aime écrire des paroles de musique. J’ai aussi toujours été passionnée par le français et la littérature jeunesse également, donc l’écriture de livre était comme un saut naturel à faire dans ma carrière.

J’ai conservé des livres que je lisais en grandissant, et je constate qu’il y a beaucoup plus de diversité dans la littérature jeunesse d’aujourd’hui. Je réalise maintenant qu’en grandissant, jamais je ne me suis sentie représentée. C’est un peu la même chose pour mes enfants, et à la base, j’écrivais surtout pour mes deux garçons. Mon plus jeune aime tout ce qui est robes, vernis à ongles, maquillage, princesses ; j’avais envie d’écrire une histoire qui lui ressemblait. Mon premier livre, Le cœur rouge et or de Nestor, porte ainsi sur la diversité de genre.

Mes deux fils ont la peau métissée, et mon deuxième livre, La peau étoilée d’Anicée, est aussi le reflet de ce qu’ils vivent au quotidien. C’était important pour moi que tous les personnages soient diversifiés. J’ai beaucoup discuté avec l’illustratrice, qui a d’ailleurs fait un travail incroyable, pour que tou.te.s soient bien représenté.e.s. Le tout a pris son envol, et j’ai moi-même été très surprise du succès de la série. 

Je raconte ces histoires dans l’espoir qu’elles touchent d’autres enfants et d’autres parents. Je pense qu’il y a encore de la place pour ce genre de littérature.

LR : Pourquoi pensez-vous que ce genre de contenu est important pour les enfants en bas âge ?

RW : Il est bien pour les enfants, dès qu’il.elle.s sont petit.e.s, de voir des personnages principaux qui les représentent, qui leur ressemblent. Toutes mes histoires se terminent bien ; le but est de voir que nous pouvons être bien entouré.e.s et aimé.e.s, et qu’il est possible de vaincre l’adversité dans toutes nos différences.

C’est important pour les jeunes enfants de voir de la représentation de la diversité, que ce soit dans les contes, dans les films, à la télévision. En voyant plus de diversité dans la culture populaire, il est plus facile pour les enfants d’être ouvert.e.s aux autres et de ne pas vivre dans le jugement ou dans la crainte. Les enfants ne naissent pas avec des préjugés, il.elle.s ne naissent pas racistes ; de ne pas voir de différences, c’est ce qu’il y a de dangereux. En voyant que tout le monde n’est pas mince et grand, que tout le monde n’est pas blanc, il est plus facile pour eux et elles d’accepter les autres.

Éventuellement, il faudrait que la diversité devienne la normalité.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire