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Sports et bien-être

Redéfinir son corps en tant que femme par la pratique du culturisme

Eya Ben Nejm
3 février 2023

Crédit visuel : Angéla Gagné – Courtoisie

Entrevue réalisée par Eya Ben Nejm – Journaliste

Angéla Gagné est une athlète professionnelle du culturisme, ou bodybuilding. Depuis qu’elle a obtenu sa carte professionnelle en 2019, la culturiste est devenue entraîneuse de posing – le positionnement de son corps pour mettre en valeur les muscles – au niveau débutant et intermédiaire. Dans son entrevue avec La Rotonde, l’ancienne culturiste et entraîneuse présente le culturisme féminin sous un nouvel angle qui casse les clichés.

La Rotonde (LR) : Pourquoi avez-vous décidé de devenir entraîneuse de posing 

Angéla Gagné (AG) : Au fond, mon but était au départ de compétitionner. J’ai eu beaucoup de demandes par rapport au cours de posing avec des athlètes qui venaient de commencer dans le domaine, ou d’autres qui avaient besoin de peaufiner leurs fins. Je me suis lancée dans ce domaine et c’est devenu une passion. Je me suis rendue compte que je n’avais plus besoin de participer aux compétitions parce que mon but était d’avoir une carte professionnelle, et je l’avais. J’étais plus satisfaite en aidant les athlètes à se préparer sur la scène qu’en étant moi-même dessus !

LR : Pensez-vous que tout le monde peut devenir culturiste ?

AG : Tout le monde peut le devenir avec de la pratique, mais cela nécessite une certaine génétique. On voit beaucoup d’athlètes ces temps-ci des qui veulent faire de la compétition pour le plaisir, et on se rend compte rapidement que tout le monde ne peut pas partir aux championnats nationaux. Tout le monde n’a pas nécessairement la structure claire, la masse musculaire ou la génétique pour participer aux compétitions. Ça prend des personnes spécifiques.

LR : À quoi ressemble la journée typique d’une culturiste ? 

AG  : Cela dépend. Je ne suis pas une culturiste comme les autres. Je prône beaucoup un mode de vie sain : je suis suivie par un entraîneur pour m’accompagner dans mon plan alimentaire. Sinon, je me lève toujours aux alentours de 7 h. Je déjeune sur la base de mon plan alimentaire. Pour le moment, c’est trois œufs, 45 g de noix et 150 g de mangue. C’est vraiment spécifique. On essaye de faire une perte de poids avec une prise de masse. Ensuite, je pars promener mes chiens, faire le plus de marche possible. J’essaye d’atteindre un objectif de 10 milles pas par jour. Finalement, je m’entraîne environ une heure et demie par jour à la salle.

LR : Quel rapport entretient le culturisme avec la nutrition ? Est-il sain ?

AG : Cela fait quand même dix ans que je suis dans le domaine. Il arrive souvent de voir des athlètes qui commencent et qui ne savent pas trop les répercussions sur le corps et les hormones. C’est surtout pour les femmes que c’est difficile à cause des hormones. On entend moins parler des hommes, car cela se gère plus facilement. 

C’est plus complexe pour les femmes. La diète que certaines athlètes adoptent peut devenir grave. Par exemple, il y arrive qu’une athlète n’arrive plus à prendre du poids après une compétition, malgré le fait qu’elle puisse manger des calories en surplus. Pour éviter cette situation, il faut avoir un entraîneur qui sait ce qu’il fait pour guider et pour aider l’athlète.

LR : Est-ce qu’il y a un risque de tomber dans les troubles alimentaires ?

AG : C’est possible. Je n’ai pas eu de trouble alimentaire, mais j’ai eu de la misère après la compétition pour me réadapter à un mode de vie normal où je mangeais trois repas par jour. Pendant si longtemps, j’étais parti dans une routine où je mangeais six repas. Je ne comprenais pas de quelle façon je pouvais revenir à trois repas.

À force de calculer toutes les calories, on peut développer un trouble alimentaire. Je pense encore que c’est une question d’avoir un bon entraîneur qui est là pour t’écouter et te guider à développer les bonnes habitudes.

LR : Comment réagissez-vous face à l’hypersexualisation de ce sport ?

AG : Dans la façon dont je me présente sur les réseaux sociaux, je suis très sérieuse par rapport à ce sport. C’est très rare que je reçoive des commentaires dégoutants ou qu’on m’hyper sexualise. Si cela arrive, c’est rare que ça continue, car je ne le permets pas. On se promène en bikini et on fait des poses, mais ce n’est pas comme dans certaines fédérations où il y a plus de contacts physiques. Cela se passe moins souvent dans le culturisme.

LR : Est-ce qu’on peut être féminine et culturiste en même temps ?

AG :  Oui. Je pense que je peux dire que je suis très féminine quand j’embarque sur la scène. Les gens me voient comme un « tomboy », mais quand j’embarque sur la scène je joue un personnage. Ce n’est pas la Angéla qu’on voit tous les jours, c’est une Angela spéciale pour cette journée. Quand j’embarque sur la scène, je porte une perruque par exemple. Même si les femmes sont plus musclées dans ma catégorie, elles sont peuvent être féminines.

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