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Bilan de la conférence de Pramila Patten sur les violences sexuelles liées aux conflits

Eya Ben Nejm
25 novembre 2022

Crédit visuel : Eya Ben Nejm – Journaliste 

Article rédigé par Eya Ben Nejm — Journaliste 

Le 19 novembre dernier, l’Association des diplômés de l’Université d’Ottawa (U d’O) a invité Pramila Patten, secrétaire adjointe des Nations Unies et représentante de la question sur les violences sexuelles, à donner une conférence au Centre Shaw. Les étudiant.e.s et professeur.e.s de l’U d’O y étaient invité.e.s. L’objectif de la conférence était de présenter les moyens mis en place pour réduire et lutter contre les violences sexuelles en temps de conflit.

La soirée a commencé par un cocktail où les invité.e.s ont échangé.e.s entre eux.elles et ont discuté avec la secrétaire adjointe. L’ouverture de la conférence a débuté par un discours de Joséphine Palumbo, présidente du conseil d’administration de l’Association des diplômés, et de Jacques Frémont, recteur et vice-chancelier de l’U d’O. Patten a ensuite pris la parole pour énoncer le dessein de son mandat aux Nations Unies sur la question des violences sexuelles commises en période de conflit. La conférence a pris fin avec trois questions du public posées à Patten. 

Une arme de guerre invisible 

La violence sexuelle en période de guerre est «un sujet qu’il ne faut pas mettre dans l’ombre», a souligné Lorette Douillet, étudiante en première année en Études des conflits et droits humains, présente lors de la conférence. Patten a expliqué qu’il n’y a pas de distinction de genre lorsqu’il s’agit de viols et d’agressions en temps de guerre, tout le monde est pris pour cible : femmes, filles, hommes comme garçons. Faute d’un manque de preuve physique, ces violations passent cependant inaperçues aux yeux de la communauté internationale, a ajouté Patten. Ces crimes ne se traduisant pas par des bombes ou des missiles, il est difficile de prouver et de dénoncer les atrocités, a déploré la secrétaire adjointe des Nations Unies. 

Samuel L. Joubert, étudiant en première année en Études des conflits et droits humains, a raconté que mettre en place une telle conférence aide les étudiant.e.s à en connaître davantage sur le sujet. Dans un climat de «turbulences mondiales et de militarisation croissante», il est primordial de lutter contre les violences sexuelles, selon Patten. C’est en 2008 que le Conseil de sécurité de l’ONU a commencé à considérer les violences sexuelles comme des tactiques et des stratégies de guerre, d’où la création de son mandat en 2009, a expliqué la secrétaire adjointe. L’objectif est de lutter contre la violence sexuelle en misant sur des stratégies et sur la reconnaissance, notamment par la production de résolutions. En 2016, par exemple, la résolution 2331 a déclaré les violences sexuelles comme faisant partie des tactiques des groupes terroristes.

Lutte contre la stigmatisation 

Parmi les objectifs de son bureau, Patten a mentionné vouloir prévenir les violences sexuelles dans les espaces en guerre et à offrir un service accessible de santé et de droit légal aux survivantes. Elle travaille ainsi sur différents cas, tels que ceux du Soudan, de l’Ukraine, de l’Afghanistan et de l’Irak. Patten a également mentionné les oublié.e.s lorsque nous évoquons ces viols : les enfants conçu.e.s suite à un viol. Ces dernier.e.s sont stigmatisé.e.s et mis.e.s de côté par les villages, a informé Patten. Ils.elles sont observé.e.s comme le fruit d’un soldat ennemi, précise-t-elle.

Lors à son expérience, Patten a rencontré des survivantes abandonnées par leurs familles et maris, qui finissaient par se donner la mort. Elle lutte donc pour donner la voix aux survivant.e.s, car «justice sans réparation n’est pas justice». Son objectif est de permettre aux survivant.e.s et à leurs enfants de s’insérer dans la société après avoir été défendu.e.s devant les tribunaux. Lou Raisonnier, doctorante en science politique, a exprimé avoir été surprise de constater une telle proximité de Patten avec les survivant.e.s.

Regard étudiant sur la conférence

Selon Raisonnier, qui faisait partie des trois invités qui ont interrogé la secrétaire adjointe, celle-ci aurait produit «un discours complet». Raisonnier et l’Association des diplômés étaient chargé.e.s de sélectionner trois questions des étudiant.e.s parmi plusieurs pour la conférence. Lors de l’inscription, les étudiant.e.s étaient en effet invité.e.s à écrire leurs interrogations.

Durant le cocktail, Douillet a exprimé ne pas avoir imaginé un événement aussi grand. Elle se demandait «est-ce que j’ai vraiment ma place ici?». Douillet et Joubert ont aussi témoigné avoir été intimidé.e.s par l’étendue de la conférence. Les deux étudiant.e.s pensaient participer à une conférence dans une salle, entre la communauté étudiante. Pourtant, arrivé.e sur place, ils.elles ont constaté le contraire. Raisonnier a conclu en déclarant que c’est une «chance incommensurable de l’avoir [Patten] avec [eux]» lors de la conférence.

Douillet a participé à la conférence pour enrichir et développer son opinion. Quant à Joubert, il attendait de voir si la conférencière allait sortir du cadre diplomatique. Les violences sexuelles en temps de guerre ne sont pas un sujet inconnu pour les deux étudiant.e.s, qui déclarent en avoir discuté durant leurs cours.

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