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Sports et bien-être

Découvrir le CALACS, un organisme francophone créé par et pour les femmes

Lucy Malaizé
24 janvier 2024

Crédit visuel : Courtoisie — Gabrielle Pelletier

Entrevue réalisée par Lucy Malaizé — Cheffe du pupitre Sports et bien-être

Une étude menée en 2022 au Québec révèle que la population féminine en études postsecondaires est le deuxième groupe d’âge le plus touché par les agressions sexuelles. Tandis que ces chiffres ne cessent de croître, le sentiment d’oppression ressenti par les francophones de la région d’Ottawa est également en expansion. La Rotonde a pu s’entretenir avec Gabrielle Pelletier, coordinatrice communautaire du Centre francophone d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), un organisme féministe francophone opéré par et pour les femmes d’Ottawa inauguré en 1996.

La Rotonde (LR) : Pour répondre à quels besoins le CALACS a-t-il été mis en place ?

Gabrielle Pelletier (GB) : Les militantes de la région ont souhaité mettre en place un organisme au service des femmes francophones, au-delà d’un simple volet d’un service anglophone déjà existant. La volonté était de prendre en compte les particularités de l’oppression double subie par les victimes d’agression sexuelle de la communauté francophone d’Ottawa.

LR : Quelles sont les missions du CALACS ?

GB : La mission première du CALACS est d’offrir des services de soutien francophone aux femmes de la région, survivantes d’agressions sexuelles. De manière plus générale, le CALACS s’inscrit dans le combat contre les violences de toute forme et dans la lutte pour les droits des femmes. Le CALACS souhaite accompagner les femmes sur le chemin de leur guérison et leur ouvrir la voie vers une vie où l’agression ne prend pas toute la place.

LR : Pour ce faire, quelles sont les ressources mises à disposition ?

GB : Le CALACS organise des rencontres individuelles avec toute femme le souhaitant pour tenter de comprendre et d’avancer avec elle sur l’objectif qu’elle s’est fixé. Le CALACS met également en place des groupes de soutien collectif qui ont pour but de briser l’isolement et de favoriser la solidarité. L’idée est que les femmes disposent d’un espace sécuritaire pour se parler, partager leur vécu, et s’entraider. Des ateliers thématiques sont également mis en place pour aider les femmes à prendre soin d’elles-mêmes et stimuler leur créativité à travers toute sorte d’activités : peinture, yoga, ateliers autour des huiles essentielles…

Le CALACS agit également sur l’aspect administratif. Le centre peut, si le souhait est exprimé, accompagner les femmes dans toute sorte d’action : porter plainte, aller à la cour, se rendre à un rendez-vous médical. Il peut également leur fournir le plus d’informations possibles sur les démarches à entreprendre s’agissant de trouver un logement, des banques alimentaires à proximité, un service d’interprétation, un soutien au niveau des transports, un retour aux études… Nous avons également une chienne de service au centre nommée « Sol », qui apporte beaucoup de réconfort, de rires et de positivité au travail de guérison.

Tous les services offerts par le CALACS sont gratuits, confidentiels et ont lieu à tout moment de l’année.

LR : Quels sont les défis majeurs auxquels le CALACS est confronté ?

GB : L’un des plus grands défis que rencontre le CALACS est le sous-financement. Nous n’avons pas reçu d’augmentation du sous-bailleur officiel, raison pour laquelle nous envoyons énormément de demandes de financement et de projets. Nous ne sommes que cinq employées au CALACS, alors il est très important pour nous d’avoir des partenariats à long terme, d’être soutenues et d’avoir l’appui des institutions et des associations locales. Malheureusement, ce n’est pas encore suffisamment le cas.

LR : Est-ce que toutes les étudiantes peuvent vous contacter ?

GB : Bien entendu, toutes les étudiantes francophones de plus de 16 ans de la région d’Ottawa, y compris les étudiantes internationales, peuvent avoir recours au CALACS si elles en ressentent le besoin. Pour toute demande, il est possible de faire un appel au 613-789-8096 et de laisser un message explicatif au poste vocal 25. Une intervenante rappellera par la suite. Il n’est pas nécessaire que l’étudiante ait été victime d’une agression qui a eu lieu sur le campus. L’agression peut avoir eu lieu ailleurs, des années auparavant, dans un autre pays… Aucune étudiante n’a besoin d’avoir entrepris de démarche. Toute femme est accueillie pour ce qu’elle est, et crue quoiqu’il ait pu se passer.

LR : Pouvez-vous nous parler du groupe de soutien pour les étudiantes de l’Université d’Ottawa ?

GB : Dans le cadre d’une entente avec l’Université d’Ottawa, un groupe de soutien spécifiquement à destination des étudiantes de l’U d’O commencera le 8 février. Si une étudiante souhaite rejoindre le CALACS pour s’engager avec nous dans un processus de guérison, elle peut nous contacter dès que possible pour obtenir des informations sur la façon de faire, l’heure et le lieu de rencontre du CALACS. L’adresse du centre reste confidentielle pour des raisons de sécurité, mais se situe à Ottawa et est accessible aux fauteuils roulants.

LR : Quel message aimeriez-vous faire passer aux étudiantes ?

GB : J’aimerais dire aux étudiantes survivantes d’agressions sexuelles qu’elles sont crues, qu’elles ont le droit d’être libres, le droit de guérir des impacts vécus et qu’il n’est jamais trop tard pour aller chercher de l’aide.

J’aimerais dire aux institutions et aux associations locales de ne pas hésiter à nous inviter à participer ou à organiser des ateliers. Le CALACS souhaite être présent au sein des divers évènements de la région pour effectuer un travail collectif. Chaque automne, nous proposons une formation bénévole. Tous les profils sont les bienvenus, quels que soient l’âge et le parcours, tant que la volonté est d’œuvrer pour les femmes.

Si vous êtes victime d’agression sexuelle ou de violence, une ligne de crise 24 h/24 h, gratuite et confidentielle est disponible au 1-877-336-2433. Un service de clavardage confidentiel est également offert.

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