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Celine Debassige, plus jeune candidate aux élections municipales d’Ottawa

Marina Toure
23 octobre 2022

Crédit visuel : Celine Debassige – Courtoisie 

Entrevue réalisée par Marina Touré — Cheffe du pupitre Actualités

Le 24 octobre 2022 se tiendront les élections municipales de la ville d’Ottawa. Celine Debassige a 22 ans et a choisi de se présenter comme candidate. La Rotonde s’entretient avec elle pour en savoir un peu plus sur ses aspirations, ses passions, ses promesses de campagne ainsi que ses idées sur le système électoral municipal.

La Rotonde (LR) : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous présenter aux élections municipales ?

Celine Debassige (CD) : Je dirais que ma passion pour l’activisme est ce qui m’a amené à me présenter. J’ai grandi à Ottawa et en tant que personne autochtone, je reconnais que je suis très privilégiée d’avoir grandi en ville et pas dans une réserve. J’ai eu la chance d’avoir accès à plusieurs services sociaux, comme les banques alimentaires, une meilleure éducation, un meilleur logement. J’ai voulu représenter et aider cette communauté dans laquelle j’ai grandi et qui m’a permis d’avoir autant d’opportunités et de ressources. C’est aussi ce qui m’a donné la confiance de mettre mon nom sur le ballot.

Faire de la politique, ce n’est pour moi pas une passion, mais une nécessité. J’ai eu beaucoup de mal en tant que femme de couleur à trouver ma place, mais je ne pouvais plus faire confiance à une autre personne blanche ou un autre homme pour utiliser leurs privilèges pour mettre en place les changements demandés par la communauté. Je peux me faire confiance et me tenir responsable de mes actions. En tant que « quirky Indian in the capital », je pense que je suis la plus qualifiée, après tout c’est ma terre et elle est importante pour moi.

LR : Pouvez-vous nous parler de votre plateforme et de votre campagne ? Qu’est-ce que vous voudriez voir changer à Ottawa ?

CD : Ma campagne et ma plateforme sont très orientées vers les soins communautaires. J’aimerais mettre en place des logements abordables, arrêter le financement de la police, garantir la gratuité des transports en commun, aider à la réduction de la crise d’opioïdes ou encore créer des espaces écologiques dans la ville. Tous ces changements demandent des solutions qui sont déjà mises en avant par des groupes communautaires et organisations à but non lucratif. Mais, souvent, ceux.celles-ci ne sont pas écouté.e.s par les politicien.ne.s. Je veux pouvoir mettre en place ces solutions à l’échelle municipale.

Les politicien.ne.s ne poursuivent que des volontés individuelles plutôt que la voix de la communauté, c’est pour cela qu’autant de candidat.e.s vont discuter de la réduction des taxes par exemple. Je veux que cela change. Il y a une incompréhension autour du sens des communautés et des soins communautaires : pour beaucoup cela veut dire que l’on va t’enlever quelque chose. Dans ma culture, au contraire, on grandit en prenant soin les un.e.s des autres, j’aimerais voir ça à Ottawa.

LR : Pensez-vous que les médias sociaux vous ont aidés à atteindre un public plus large ?

CD : Je pense que oui. Il y a un certain biais dans les médias et choisir les médias sociaux comme seule plateforme pour partager mes idées et ma campagne m’a permis de rester au contrôle de la narration. Je choisis quelles informations je partage et je peux m’assurer de passer mes messages de la manière la plus authentique possible.

Dans ce sens-là, je dirais que les réseaux sociaux m’ont aidé. Je ne peux pas nier que plusieurs personnes m’ont reproché ce choix, mais je ne voulais pas et je n’avais pas les moyens de me créer un site internet ou de remplir la paperasse pour recevoir de l’aide budgétaire.

LR : Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées dans votre campagne ?

CD : La première difficulté est la difficulté financière. Il faut payer 200 $ pour soumettre sa nomination, ce qui est difficile quand on est étudiante. Ensuite, le reste de la campagne demande de l’argent bien sûr, des personnes qui te supportent toi et ta campagne. Il faut aussi de la force mentale. Je dirais que je manque un peu des trois choses.

Il y a plusieurs événements auxquels je n’ai pas participé parce que je ne me sentais pas en sécurité en tant que femme de couleur. Cela prend aussi beaucoup d’énergie de répondre à des questions de personnes qui n’ont pas vraiment d’intérêt pour toi. J’ai eu aussi l’impression que plusieurs personnes ne prenaient pas vraiment ma campagne au sérieux, même les personnes que je veux aider en me présentant.

LR : Qu’est-ce qui devrait changer dans le système des élections municipales ?

CD : Pour moi, le plus grand changement serait au niveau des frais pour se présenter. On ne devrait pas payer pour participer à la démocratie et cela ne devrait pas non plus être difficile. Une alternative serait d’augmenter le nombre de signatures que l’on demande pour appuyer ta nomination : si tu réussis à en réunir un certain nombre, tu ne devrais pas payer.

LR : Avez-vous quelque chose que vous voudriez dire à nos lecteur.ice.s et aux personnes qui iront voter le 24 octobre ?

CD : Ce ne sera pas la dernière fois que je me présenterai. Vous me verrez encore, je serai sûrement plus motivée à ce moment-là. Je pense que je suis un peu trop jeune pour faire de la politique à cette échelle. Voter aux élections, ce n’est pas seulement une chance de respecter un devoir civique, mais aussi de montrer qui l’on est et quelles sont nos valeurs.

J’espère que ma plateforme et mon message ont pu inspirer une introspection. On ne peut pas oublier qu’Ottawa a été attaqué par des nationalistes blanc.he.s et c’est l’opportunité de prouver que l’on est meilleur.e.s que ça. Je connais ma personne et ma place dans la communauté, c’est maintenant l’occasion de montrer la vôtre!

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