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Éditorial

Le fossé entre les étudiant.e.s et le Centre de santé et mieux-être

Rédaction
27 mars 2023

Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef

Éditorial rédigé par le comité éditorial de La Rotonde 

C’est en septembre 2022 que le Centre de santé et mieux-être a vu le jour. Alors que la clinique familiale Byward venait de fermer ses portes aux étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa (U d’O), cette nouvelle clinique était, pour plusieurs étudiant.e.s, perçue comme un cadeau venu du ciel… du moins, sur le papier.

L’accès aux médecins de famille en Ontario est de plus en plus difficile. Que ce soit à cause d’un manque de personnel, de la privatisation du système de santé ontarien ou des longues périodes d’attente, il est effectivement quasi impossible pour ceux et celles qui n’en ont pas déjà de se procurer un.e médecin.

L’accès aux soins de santé étant un droit fondamental, il s’avérait nécessaire pour l’U d’O d’offrir davantage de services pour la communauté étudiante. Ainsi, lorsque l’U d’O a annoncé l’ouverture d’une toute nouvelle clinique, réservée exclusivement à la communauté uottavienne, plusieurs se sont effectivement réjouis.

Pourtant, la nouvelle clinique, qui visait à mélanger « l’utile et l’agréable », n’y arrive pas tout à fait. La réalité est dans les faits : pour certaines personnes qui la fréquentent, le Centre de santé et mieux-être semble causer plus de problèmes qu’il n’en règle.

Besoin d’un rendez-vous ? 

Parlant de problèmes, le plus flagrant semble être la prise de rendez-vous. Il suffit de passer quelques minutes sur Reddit pour le constater.

En effet, le système de prise de rendez-vous du Centre de santé et mieux-être est rempli de failles. Le Centre offre quatre options pour prendre un rendez-vous avec ses professionnel.le.s : les étudiant.e.s peuvent le faire en ligne, à travers l’application UpPatient, par téléphone ou en personne.

Il est cependant presque impossible de prendre un rendez-vous sans appeler ou se rendre directement au Centre. Les créneaux horaires en ligne et sur l’application se remplissent si vite que même si quelqu’un.e essaye de réserver dès minuit, comme le suggère d’ailleurs le personnel du Centre, la réservation est extrêmement difficile. Pourtant, en appelant le Centre, plusieurs rendez-vous sont soudainement disponibles… Si l’option de réserver en ligne ou sur l’application fait plaisir à certain.e.s étudiant.e.s – comme ceux et celles qui sont atteint.e.s d’anxiété et qui ne sont pas nécessairement confortables à l’idée de faire des appels téléphoniques – elle n’est clairement pas la plus efficace. Et bonne chance si vous avez une urgence…

Notons aussi que, si vous avez la chance d’obtenir un rendez-vous, ceux-ci sont d’une durée de 10 à 15 minutes seulement. Il faut savoir poser les bonnes questions pour pouvoir recevoir les soins adéquats… Ce n’est pas toujours évident, surtout lors des rendez-vous de santé mentale. Nous ressentons que les rendez-vous sont pressés, que le tout se fait à la chaîne.

Service in French ? One moment, please

En plus de devoir se battre avec les méthodes de prise de rendez-vous, les étudiant.e.s francophones qui fréquentent le Centre de santé et mieux-être doivent aussi se battre pour se faire servir en français.

Si les services en français sont disponibles à l’accueil du Centre, les rendez-vous en français, eux, sont loin d’être garantis. Il arrive aussi que les délais soient plus longs si un.e étudiant.e demande à consulter un.e médecin francophone.

La communication est cruciale lors d’une consultation avec un.e professionnel.le de la santé. Pour les personnes qui ne sont pas bilingues, et même pour celles qui le sont, il est souvent plus facile de s’exprimer dans sa langue maternelle lorsque cela concerne sa santé, et surtout sa santé mentale. Malheureusement, l’U d’O n’a pas pris cela en compte lors de l’embauche des professionnel.le.s qui s’occupent de la clinique.

Le site web de l’U d’O se vante que l’équipe du centre comprend « des médecins, des infirmières et des infirmiers praticiens et autorisés, des spécialistes de la promotion de la santé, des psychothérapeutes, des psychologues et des psychiatres ». Toute cette variété, mais si peu d’entre eux.elles parlent le français !

Est-ce que ce manque de services en français est en lien avec la qualité du programme de médecine en français offert par l’U d’O ? Cela reste à voir…

Appel à l’action

Nous sommes conscient.e.s que ces lacunes ne sont pas dues au personnel du Centre, qui est d’ailleurs toujours très accueillant. Nous comprenons que pour une population universitaire composée d’au-delà de 45 000 individus, il est attendu qu’une petite clinique comme celle de Minto ne soit pas en mesure d’accommoder tout le monde. 

Ce que nous voulons, c’est que l’U d’O reconnaisse ces failles et qu’elle trouve une solution efficace à ces problèmes. Pour ce faire, il faudrait que les représentant.e.s des étudiant.e.s reçoivent assez de retours vis-à-vis des problèmes du Centre, pour ensuite pouvoir en discuter avec le Bureau des gouverneurs de l’U d’O. C’est ainsi qu’il serait possible de voir de réels changements, et que l’Université serait capable de respecter l’engagement qu’elle a fait en signant la Charte de l’Okanagan – qui l’engage officiellement à « intégrer la santé et le mieux-être à tous les aspects de [sa] culture » – en 2021. 

Dans un monde idéal, le gouvernement ontarien serait lui aussi en mesure de régler les problèmes en lien avec les services de santé, de sorte que nous n’aurions plus besoin d’avoir recours à ceux offerts par l’U d’O. Malheureusement, cette vision demeure utopique… 

Il reste à espérer que l’U d’O sera en mesure de réhabiliter son image. Avec un peu de refonte, l’Université pourrait réellement se positionner comme force de défense pour la santé et le mieux-être.



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