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Éditorial

SÉUO : ce n’est pas nous, c’est toi

Rédaction
28 novembre 2022

Crédit visuel : Nicholas Monette – Directeur artistique

Éditorial rédigé par le comité de rédaction de La Rotonde

Fondé en 2018, le Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) est un organisme qui se voue à la défense des intérêts des étudiant.e.s de la communauté uottavienne. Sous la présidence d’Armaan Singh, cependant, il semblerait que l’organisation ait de la difficulté à atteindre son objectif premier.

C’est à la suite de la controverse de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (U d’O) que le SÉUO a vu le jour. Revendiquée par 74,7 % des voix à l’époque, sa création représentait alors une lueur d’espoir pour les membres de la communauté uottavienne. Équité, autonomie, respect, inclusivité, accessibilité : ces valeurs prônées par le nouveau Syndicat étaient alors bien ancrées dans sa nouvelle vision. Du moins, jusqu’à cette année.

Porte-parole muet

La Rotonde remarque en effet un grand contraste entre le Comité exécutif du SÉUO actuellement en poste et celui de l’an passé. Le journal francophone ayant pour but d’informer les étudiant.e.s de l’U d’O, son travail requiert une collaboration effective avec le Syndicat. Cela ne posait pas de problème lorsque l’organisme était sous la gouvernance précédente, dont le président était toujours disponible pour répondre aux questions. Même constat concernant la commissaire aux affaires francophones, avec qui les échanges étaient productifs. 

À l’inverse, en ne se présentant pas aux rendez-vous planifiés, en ne répondant pas à ses courriels, en empêchant son équipe de parler directement aux médias et en faisant preuve d’un grand manque de transparence, le président actuel se démarque vraiment de son prédécesseur.

Malgré de nombreuses tentatives, il est impossible d’entrer en contact avec les membres du Syndicat. Certain.e.s d’entre eux.elles ne se présentent pas à leurs heures de bureau et ne répondent pas non plus à leurs courriels. D’autres affirment qu’il est impossible de communiquer sans l’autorisation de leur président. Autorisation qui, il vaut de le mentionner, nécessite des délais irraisonnables. 

La Rotonde n’est toutefois pas qu’un journal, elle s’insère aussi dans la communauté étudiante. Ne pas vouloir répondre à certaines demandes médiatiques est une chose, ignorer les étudiant.e.s – qui sont, rappelons-le, la raison d’être du Syndicat -, en est une autre. Alors que l’administration de l’U d’O peine déjà à répondre aux questions, le SÉUO devrait quant à lui être en mesure de le faire. Après tout, c’est pour cela qu’il existe et que des frais sont prélevés aux étudiant.e.s.

Hypocrisie marquante 

Soulignons également que d’après son site web, le SÉUO s’est engagé à « maintenir les mêmes entreprises et les mêmes services et programmes en anglais et en français ET promouvoir le bilinguisme et la représentation francophone » à l’U d’O.

N’est-il pas ironique qu’en tant que journal francophone, La Rotonde ne soit pas en mesure d’obtenir une simple réponse par courriel du président du Syndicat, alors que son homologue anglophone, The Fulcrum, et même parfois CBC, s’entretiennent régulièrement avec lui ?

Et que dire des courriels incessants que les étudiant.e.s reçoivent de la part du SÉUO ? Il est bien beau de recevoir plusieurs annonces par jour annonçant des événements et de nouveaux services offerts par le Syndicat. Nous avons pourtant du mal à voir la valeur de le faire si personne n’est présent pour répondre aux questions à leur sujet.

Syndicalisme et politique, une liaison dangereuse

Toujours sur son site web, le SÉUO se vante aussi d’être « une organisation d’étudiant.e.s en provenance d’un large éventail d’opinions politiques qui se sont rassemblé.e.s sous une bannière commune ». En revanche, il semblerait que la présidence actuelle, qui délaisse parfois ses responsabilités pour soutenir son engagement au sein d’un parti politique, ne soit pas au courant de cet aspect de son travail.

Si La Rotonde a réussi à s’entretenir une fois avec le président du Syndicat, l’entrevue avait eu lieu dans le cadre des élections générales de l’organisation. Vous l’aurez compris, le président ne semble accomplir certaines de ses fonctions que si elles peuvent lui servir en retour.

En prenant en compte tous ces constats, il n’est pas complètement exagéré d’affirmer que le SÉUO est en territoire dangereux. En établissant un contrôle aussi étroit sur les communications entre les médias et les membres de son équipe, le président du Syndicat censé représenter la communauté étudiante rend ses intentions claires et sombre tranquillement dans le monde sinueux de la politique.

La Rotonde s’interroge à savoir si celui-ci tient réellement à agir en faveur du bien-être et de l’intérêt des étudiant.e.s ou si sa présence au sein du SÉUO est en réalité une question de pouvoir. Son indifférence face au média francophone et sa volonté de s’afficher ouvertement aux côtés d’un parti politique rendent tout du moins questionnables ses activités à la tête du Syndicat. Il est clair que des changements sont nécessaires au sein de l’organisation si celle-ci veut continuer à remplir son rôle.

Avec cet éditorial, La Rotonde espère que le SÉUO prendra conscience de la valeur et de la nécessité de leur collaboration. Ces institutions ne sont pas rivales, elles agissent pour l’intérêt étudiant, comme en témoignent les articles du journal au sujet des bons coups et des services du Syndicat qui le mettent en valeur.

Notre main est tendue, c’est au tour du Syndicat de la prendre.

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