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Sports et bien-être

L’hypocondrie, un trouble loin d’être imaginaire

Eya Ben Nejm
21 mars 2023

Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef  

Chronique rédigée par Eya Ben Nejm – Journaliste 

Replongée dans mon passé d’adolescente hypocondriaque, je me revois désespérément chercher une histoire qui ressemble à la mienne. J’avais l’impression de perdre la tête, d’être anormale, je ne comprenais pas cette forme d’anxiété qui me touchait. Aujourd’hui, j’ai réussi à la dépasser. Voici mon histoire et mes pistes de solutions pour affronter ce trouble, dans l’espoir d’aider les étudiant.e.s à vivre pleinement leur vie sans crainte.

Caricaturée dans le film Supercondriaque de Dany Boon ou dans la pièce de théâtre Le Malade imaginaire de Molière, l’hypocondrie est camouflée derrière un aspect comique. Pourtant, la souffrance vécue est bien loin d’être aussi hilarante. Selon Québec Sci​​ence, les psychologues​​ considèrent que 6 à 13 % de la population est touchée par l’hypocondrie.

Ce trouble se caractérise majoritairement par un désir excessif de rechercher des symptômes et une panique à la suite du moindre symptôme ressenti. Les personnes atteintes essayent de trouver une explication directe et rapide pour comprendre leurs maux. Bien sûr, tout le monde s’inquiète lors de l’apparition d’une douleur soudaine ou d’une masse anormale : la différence consiste dans les émotions ressenties et dans la présence d’une crainte capable de paralyser le quotidien.

L’explication et les solutions qui s’ensuivent se basent sur une expérience personnelle. Si vous ressentez un symptôme inhabituel, n’hésitez pas à consulter votre médecin. L’objectif ici est d’expliquer mon cheminement avec l’hypocondrie en vous proposant les solutions personnelles que j’ai trouvées pour y remédier.

Un symptôme de la thanatophobie

L’inquiétude de découvrir une maladie incurable ou grave chez soi-même ou chez un proche peut être à l’origine d’une peur de la mort, ou thanatophobie. Comme chaque angoisse, elle peut être de nature post-traumatique. Une douleur simple peut en effet être un signe alarmant de fin de vie.

L’arrivée du coronavirus a réveillé mes angoisses irrationnelles. Tout a commencé par mon inquiétude envers la santé de mes proches. La peur a ensuite évolué vers diverses maladies. Être enfermée chez soi, sans rien faire, laisse jouer de mauvais tours à son cerveau. J’ai entamé une chasse aux maladies sur Internet pour trouver celle qui correspondait à mes douleurs ou qui pourrait surgir pour des raisons héréditaires. J’étais seule face à mon écran pendant des heures tardives, à tenter de trouver un forum ou un site qui puissent confirmer mes pensées.

J’ai plus tard réalisé que je faisais de la cybercondrie : l’utilisation, parfois compulsive, d’Internet pour trouver de l’information médicale sur moi-même. Un individu affecté pourrait, par exemple, effectuer une recherche au sujet d’un pincement au cœur pour confirmer la manifestation d’une crise cardiaque ou bien sur des maux de céphalée comme signe avant-coureur d’un cancer. Le cerveau humain anxieux exclut les autres causes, tels le stress, le manque de sommeil, la déshydratation ou une mauvaise hygiène de vie.

Pas une peine à perpétuité

Il n’y a pas de remède miracle pour faire disparaître l’hypocondrie, mais elle peut être progressivement maîtrisée. Il existe différentes solutions, comme des thérapies, tout dépendant du niveau d’hypocondrie.

Le remède peut aussi venir de soi-même. La première étape pour vivre avec mon anxiété était de comprendre les facteurs qui l’animent. Pour ma part, j’ai dû investiguer pour identifier les éléments déclencheurs autour de moi. La seconde étape a consisté à écrire ces causes sur une feuille. L’étape finale fut de me fixer divers objectifs, tels que de ne pas m’aventurer sur Internet au moindre symptôme, de m’occuper avec d’autres activités et de manger sainement pendant 30 jours.

Le plus grand défi à dépasser était le temps passé sur Internet à chercher mes symptômes, ainsi que les visites de courtoisies chez les médecins chaque semaine. Pour ce faire, j’avais besoin de m’occuper à faire autre chose.  Je me suis découvert un amour pour la peinture acrylique. J’ai suivi étape par étape des tutoriels pour apprendre. Je passais plusieurs heures à peindre, ce qui me maintenait occupée. J’ai aussi commencé à manger plus sainement. À la place de chercher des symptômes, je me suis mise à chercher en ligne les bienfaits des betteraves, par exemple. Je mangeais le légume, tout en me rappelant des bénéfices que j’en tirais.

L’anxiété provoque souvent des symptômes physiques, tels que des maux de tête ou de la fatigue due à une faiblesse de teneur en fer. Chez les hypocondriaques, ces symptômes dus à l’anxiété sont interprétés comme les synonymes d’une maladie grave. Les médecins me répétaient pourtant que c’était le résultat du stress. Après avoir entendu à mainte reprise la même phrase, je n’avais plus le choix que de prendre les choses en main et de trouver une solution à ces douleurs constantes.

Je me suis mise à faire du yoga : dans ma chambre, j’allumais mon diffuseur d’huile essentielle et j’imitais les mouvements de la vidéo. La répétition de cette pratique m’a aidé à relâcher les tensions au sein de mon corps et à calmer mon esprit. J’ai aussi décidé de m’entourer de bonnes personnes. Je voulais être transparente quand il était question d’évoquer mes émotions.

Sortir de l’hypocondrie m’a demandé du temps et un changement de ma routine. Avoir une vie saine, comme faire une activité sportive ou artistique, et avoir un bon sommeil ont été essentiels pour m’aider à contrôler les impulsions. Aujourd’hui, j’ai une vie saine, et j’écoute les besoins de mon corps avec bienveillance. Il m’arrive de retomber dans mes mauvaises habitudes, c’est normal. L’objectif est de continuer à ne pas lâcher pour s’en sortir et espérer une vie sans embûches.

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