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Éditorial

Paranoïa, anxiété, agoraphobie… Vers une deuxième pandémie ?

Rédaction
14 septembre 2020

Crédit visuel : Pixabay

Par Caroline Fabre – Rédactrice en chef 

La rentrée est amorcée, l’année a débuté, chacun.e reprend doucement ses habitudes. Métro, boulot, dodo ; une routine qui peut sembler habituelle, mais pas en cette année 2020. Alors que la vie semblait retrouver doucement son cours, les statistiques font état de nouveaux cas bourgeonnant un peu partout dans la capitale canadienne. La province affiche quant à elle le plus haut taux de contagion recensé depuis le mois de juin. Comment sommes-nous impacté.e.s par ce virus ? 

Qui aurait cru, auparavant, qu’un virus aux origines encore troubles paralyserait le monde entier, et ce pendant une durée indéterminée ? Pas grand monde en dehors des adeptes des théories du complot, si vous voulez notre avis. Et pourtant, nous sommes bel et bien en période de pandémie, depuis dix mois maintenant.

Certes, les chiffres ne sont plus aussi affolants que lors de la première vague, mais ils sont encore bien élevés. Plus de 132 000 cas au Canada, et plus de 28 millions dans le monde entier, de quoi affoler la population. Nous sommes bien loin du virus avec un faible taux de propagation qui ne touchait que des pays lointains. Pas si lointains visiblement. 

Un changement social 

Si le virus nous aura appris la résilience, il a aussi remis en cause bon nombre de nos us et coutumes. Terminés les habituels hugs pour dire bonjour ; nous nous contenterons d’un discret coup de coude, voire même, d’un simple hochement de tête. 

Dans la rue, les gens sont moins avenants. La faute à qui, aux masques, qui couvrent la moitié des visages ? Ou à ce climat anxiogène, de suspicion qui règne depuis des mois déjà ? Alors que la distanciation physique est de rigueur, la plupart des gens l’appliquent à la lettre, et font en sorte de se distancier de tout : du coronavirus, de leurs collègues, de leurs ami.e.s., de leur famille. 

Et à force de distanciation vient l’isolement ; nous, êtres humains, sommes des êtres sociaux et relationnels. Si nous supprimons nos rapports sociaux, nous devenons de vraies machines, programmées à sortir brièvement, effectuer notre tâche, et re-rentrer nous réfugier dans notre foyer au plus vite. La perspective d’avenir est enthousiasmante.

Des troubles plus profonds

Si le virus impacte notre santé, il ne se contente pas uniquement de cela. Notre façon d’agir et de penser peuvent également être modifiées. Des troubles du comportement alimentaire, du sommeil, l‘incapacité à se concentrer ; qui n’a pas souffert de ces symptômes durant cette année 2020 ? Nombreux.ses sont celles et ceux à avoir développé des formes d’anxiété sociale ; certain.e.s n’hésitent d’ailleurs pas à qualifier cette agoraphobie de « deuxième pandémie ». 

Les psychologues sont sur le pied de guerre, une bonne partie de la population est déprimée, frustrée, négative, anxieuse, mais aussi paranoïaque. Car, oui, la peur de la COVID-19 a rapidement cédé sa place à la paranoïa, et à l’hypocondrie. Si prendre des précautions au moment de sortir est devenu la norme, un comportement excessif n’est pas sain.

La probabilité que vous soyez contaminé.e par la personne que vous avez croisé de l’autre côté de la rue ce matin est faible. Très faible. Par contre, le risque était plus élevé lorsque vous vous êtes rendu.e à une soirée, il y a quelques jours. Question de priorité, voyez-vous.

Et pour la suite ?

Il reste pour le moment impossible de prédire quand se terminera la pandémie, ni même si elle se terminera un jour. Et même si c’est difficile, il faut reconnaître que ce satané virus possède quand même quelques points positifs. À prendre avec des pincettes bien évidemment, car certain.e.s ont perdu leur emploi, et d’autres, leur vie.

Le coronavirus nous aura donné du temps. Du temps pour nous recentrer sur l’essentiel. Du temps pour développer nos passions. Du temps pour prendre soin des autres, pour prendre soin de nous. Il nous aura permis d’apprécier les petits plaisirs de la vie, les longues marches au bord du canal, les après-midis au musée, les parties de hockey entre ami.e.s.

La COVID-19 aura fait ressortir une certaine solidarité à laquelle on ne croyait presque plus. Des initiatives comme le Parte­na­riat étudiant-aîné pour préve­nir l’iso­le­ment, FrontLi­neFeeds qui achetait de repas prove­nant de restau­rants locaux ensuite livrés à nos profes­sion­nels de la santé de première ligne, ou encore SAC BIEN REMPLI, un service d’épi­ce­ries pour les personnes dans l’incapacité de faire leurs courses.

Il est certain que nous garderons des séquelles de cette période pour le moins traumatisante. Gel hydroalcoolique dans les magasins ou restaurants, port du masque lorsque nous sommes malades. Qui sait quelles habitudes nous conserverons ? Au moins, le coronavirus nous aura montré que nous avons besoin de peu : de notre famille, de nos ami.e.s, mais surtout, d’une bonne connexion internet. 

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