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Université-d'Ottawa-OBL
Éditorial

L’Université d’Ottawa : organisme à but lucratif

Rédaction
19 juin 2023

Crédit visuel : Dawson Couture – Co-rédacteur en chef

Éditorial rédigé par le comité de rédaction de La Rotonde

Lorsque l’on pense au mois de juin, on a en tête le début de l’été, la plage et le beau temps (ou, comme on a pu le voir à Ottawa, un ciel en fumée). Pour les étudiant.e.s à l’Université d’Ottawa (U d’O), le mois de juin annonce cependant une augmentation saisonnière des frais de scolarité, et la coupure de plusieurs programmes. Quoi de neuf pour une institution qui prône le bilinguisme, l’inclusion et la diversité, mais qui fait tout autre pour l’encourager ?

Payer toujours plus !

Il est devenu assez redondant pour nous à La Rotonde de discuter des hausses de frais de scolarité. Rappelons-nous que l’année dernière, le Bureau des gouverneur.e.s avait approuvé l’augmentation des frais de scolarité des étudiant.e.s non-ontarien.ne.s de 5 % à 7 %. 

Cette année, les augmentations sont d’une portée encore plus scandaleuse. Malgré les gels des frais de scolarité jusqu’à l’année scolaire 2023-24, l’U d’O est tout de même parvenu à s’enrichir sur le dos de la nouvelle cohorte d’étudiant.e.s. Les nouveaux.lles étudiant.e.s en science, droit et gestion devront payer 7,5 % de plus que la cohorte précédente.

L’un des principaux changements apportés au budget 2023-24 est la diminution de 40 % du budget pour les bourses d’admission, y compris l’élimination des bourses au mérite au niveau du premier cycle. Tout cela alors que le recteur de l’U d’O, Jacques Frémont, a accumulé au moins 399 616.08 dollars l’an dernier….

Pour recycler l’expression de l’ancien président du Syndicat des étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa (SÉUO), Tim Gulliver, les étudiant.e.s internationaux.les sont les véritables « vaches à lait » de l’U d’O. Ces dernier.ère.s font maintenant face à une hausse de 12 % de leurs frais de scolarité dans le nouveau budget. Pour mettre cette augmentation dans son contexte, un.e étudiant.e international.e qui fait son baccalauréat en sciences sociales devra payer aux alentours de 1 000 $ de plus par semestre que la cohorte de 2022-23. 

Les étudiant.e.s internationaux.les, et surtout les étudiant.e.s internationaux.les francophones font également face à des menaces de la disparition de l’exonération partielle. Si ces dernier.ère.s bénéficient toujours de cette exonération, celle-ci a grandement diminué depuis 2014. L’année prochaine, les nouveaux.lle.s étudiant.e.s auront à payer les mêmes frais de scolarité que leurs homologues anglophones, et devront se contenter de leurs bourses additionnelles. 

Comment expliquer ces augmentations vertigineuses et ses coupures dévastatrices ? L’U d’O fait face à une crise financière bien sûr ! L’austérité est la seule façon de balancer le budget et de s’en sortir sain et sauf !

L’Association des professeur.e.s de l’U d’O (APUO) nous rappelle cependant un fait saillant : le budget est une projection financière produite par l’administration centrale sans supervision par une tierce partie (audit). Les prétentions de l’Université au sujet d’une crise financière à l’U d’O « ne sont pas crédibles », selon l’APUO. « Il n’y a pas de crise financière à l’Université d’Ottawa, et il est peu probable qu’il y en ait une dans un avenir prévisible », conclut-elle dans son rapport.

Fermeture des programmes

Nous aurions bien aimé annoncer que l’augmentation des frais de scolarité avait pour but d’améliorer la situation des étudiant.e.s. On verrait, par exemple, une augmentation de l’offre des choix de cours en français ou bien une amélioration des services de soins physiques ou mentaux.

Il semble au contraire que cette augmentation des frais de scolarité ne sera pas la solution miracle aux problèmes que rencontrent les étudiant.e.s. En effet, plusieurs nouvelles ont accompagné cette hausse fulgurante : des coupures budgétaires, la fermeture de plusieurs programmes de cycles supérieurs, ainsi que la diminution de position d’assistanat en enseignement.

Afin de dénoncer la situation, le 17 avril 2023, des représentant.e.s de l’Association des étudiant.e.s des cycles supérieurs en anthropologie, du Syndicat canadien de la fonction publique et d’autres étudiant.e.s en études de cycles supérieures se sont réunis et ont convié La Rotonde à la conférence de presse. Durant cette conférence, les différents groupes ont mis en évidence la réalité de la situation pour les étudiant.e.s et les employé.e.s à l’U d’O, et notamment, celle des étudiant.e.s francophones et internationaux.les. Ceux.celles-ci ont dénoncé les solutions de l’Université mises en place pour supposément régler le déficit budgétaire, comme la fermeture de nombreux programmes francophones.

Selon les intervenant.e.s, le raisonnement de l’U d’O est que les programmes de traduction et d’anthropologie n’attirent pas nécessairement un gros pourcentage d’étudiant.e.s. Cependant, en tant qu’institution bilingue dans une ville et un pays en pénurie de traducteur.ice.s, entre autres, cela n’importe peu. L’U d’O est d’abord et avant tout une institution académique au service des étudiant.e.s, pas une entreprise. 

Et si elle se considère comme étant une entreprise, l’U d’O doit considérer le fait qu’elle n’est pas pour autant bien gérée. Selon l’APUO, il existe « clairement une crise de gouvernance » au sein de l’administration centrale de l’U d’O. L’APUO, ainsi que les groupes présents à la conférence du 17 avril, dénoncent également l’U d’O d’avoir fabriqué son déficit budgétaire en utilisant des transferts bancaires interfonds pour masquer la réalité de leur situation financière. En même temps, l’institution qui est supposée être au service de sa clientèle refuse d’entrer dans un réel dialogue avec eux avant d’annoncer ses immenses coupures budgétaires.

Somme toute, on le dit et on le répète : les universités ne sont pas des entreprises. Nous ne devrions pas avoir en tant qu’étudiant.e à nous battre pour avoir une éducation dans un programme de notre choix à un prix réaliste. Il est temps que l’U d’O considère le message qu’elle laisse pour les futures cohortes d’étudiant.e.s. Si vous voulez notre avis, celui-ci rime avec capitalisme !

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