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Sports et bien-être

Illustrer l’expérience des sportif.ve.s racisé.e.s

Dawson Couture
23 février 2021

Crédit visuel : U SPORTS – Contribution 

Article rédi­gé par Thelma Grundisch – Cheffe du pupitre Sports & bien-être

Alors que s’achève le mois de l’histoire des Noir.e.s, l’organisation U SPORTS a organisé le 16 février dernier un évènement virtuel afin de faire entendre les voix des personnalités noires de sa communauté. Diffusée en direct sur Twitter, la discussion a soulevé les problèmes majeurs auxquels elles ont dû faire face, et exposé des solutions pour y remédier. 

C’est une première pour l’organisation du sport universitaire au Canada que d’offrir un événement dans le cadre de cette commémoration annuelle, explique Mohamed Hassan, gestionnaire marketing, évènements et promotion de l’organisation. En tant qu’homme noir travaillant dans le monde du sport depuis plusieurs années, il estime qu’il est grand temps d’avoir ce genre d’échange et de faire changer les choses.

Conversations de société

Savanna Hamilton, animatrice sportive et ancienne joueuse de basketball, a mené cette séance de dialogue à travers laquelle neuf personnalités noires du sport universitaire, telles que des étudiant.e.s-athlètes, entraîneur.euse.s et membres d’institutions sportives, ont partagé leur expérience. Hassan indique qu’avec cet évènement, U SPORTS a voulu célébrer les réussites de la communauté noire, tout en mettant en lumière les obstacles auxquels ces membres sont confronté.e.s, en particulier dans le monde du sport. 

Tyra Blizzard, diplômée de l’Université d’Ottawa et ancienne joueuse de l’équipe féminine de basketball, a donné le ton de la discussion en soulignant la nécessité de commencer à éliminer les préjugés associés aux discussions sur le racisme. Pour elle, le problème est que beaucoup n’en comprennent pas les enjeux et ne se sentent pas à l’aise d’en parler. Il s’agit donc de « changer le monde [en ayant] une conversation inconfortable à la fois ». C’est d’ailleurs ce qu’a entrepris l’ancienne joueuse sur les réseaux sociaux, où elle tend à sensibiliser sa communauté contre le racisme, l’homophobie et la transphobie entre autres, puisque c’est là que commence selon elle le changement.

Se débarrasser des tabous

Blizzard a raconté avoir subi de nombreuses microagressions de la part de ses entraîneur.euse.s, d’autres étudiant.e.s ou de professeur.e.s au cours de son expérience universitaire et de sa carrière sportive. Elle a mentionné que c’est une situation à  laquelle beaucoup d’athlètes sont confronté.e.s et pourtant, il leur est demandé de « laisser ça au vestiaire ». Mais cela n’est pas si simple, a-t-elle témoigné, car de telles expériences constituent un bagage mental qui devient physiquement épuisant, et peut finir par altérer leurs performances sur le terrain. Elle a confié ne pas s’être sentie soutenue en tant qu’étudiante et athlète noire, et ne pas avoir souvent eu la possibilité d’exprimer ses inquiétudes et ses frustrations avant l’organisation de cet événement.

L’ancienne Gee-Gee a mentionné la devise bien présente dans le sport de « l’exercice améliore la pratique », et a insisté sur le fait qu’il n’est pas possible d’être bon.ne dans un domaine sans le pratiquer ; c’est cette idée qui est, selon elle, à adopter pour lutter contre le racisme. Ce dernier constitue toujours un sujet tabou, ce qui limite selon elle les discussions et les possibilités de faire évoluer les mentalités dans la société. Ainsi, elle a suggéré que les entraîneur.euse.s et administrateur.rice.s de U SPORTS appliquent ce principe dans leur approche de la discrimination raciale. 

Pas vers un meilleur avenir

Hassan estime que l’évènement a été une grande réussite puisque plus de 8 000 personnes ont suivi la conversation en direct, et continuent de la regarder sur la page de l’organisme organisateur. C’est pour lui une première étape vers une meilleure écoute et une meilleure aide pour la communauté noire. Il s’agit dorénavant de tirer des leçons de ces conversations pour établir un plan d’action durable, ajoute-t-il, le plus important étant l’égalité de toutes et de tous, que ce soit sur le terrain ou ailleurs.

Blizzard trouve que les perspectives uniques de chacun.e des panélistes ont apporté une réelle richesse à la conversation et ont permis de montrer que le racisme est un phénomène complexe qui peut s’exprimer de manières différentes dans la société. Elle soutient que « nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous pouvons faire de notre mieux pour influencer le futur ». Hassan insiste sur le fait qu’il ne suffit pas de parler de l’histoire des Noir.e.s seulement en février, mais qu’il s’agit d’une lutte quotidienne ; U SPORTS doit donc aussi travailler à éliminer les obstacles auxquels les minorités sont encore confrontées au sein de l’écosystème du sport universitaire.

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