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Nouveau Rapport du GIEC : une alerte de plus avant la catastrophe  

Johan Savoy
7 avril 2022

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Johan Savoy – Chef de pupitre Sports et Bien-être

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publiait le 28 février dernier le deuxième volet de son sixième Rapport d’évaluation. Insistant sur la nécessité d’une coopération entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile, il tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme quant à l’urgence d’agir face aux changements climatiques.

Le sixième Rapport du GIEC se divise en trois volets. Le premier, publié en août 2021, se concentrait sur les éléments scientifiques de l’évolution du climat. Le deuxième, publié fin février, se penche sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité. Et le troisième, sorti ce 4 avril dernier, évoque les pistes de solution quant à l’atténuation du changement climatique. Finalement, un rapport de synthèse devrait être diffusé au courant du deuxième semestre 2022.

L’objectif des rapports du GIEC est de déterminer les conséquences du changement climatique sur l’humanité et la nature dans leur globalité. Il consiste à prédire les conséquences des différents niveaux de réchauffement, d’en déduire les impacts et proposer des solutions pour lutter contre ce phénomène.

Toujours plus de certitudes…

Comme l’explique Thomas Burelli, professeur agrégé à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa et spécialiste en droit international de l’environnement, la nouvelle publication du GIEC ne fait que confirmer les prévisions déjà établies dans les derniers rapports quant aux effets et aux conséquences du changement climatique. Relevant tout de même quelques points positifs concernant l’adoption de quelques mesures d’adaptations, il tempère en affirmant que pour la grande majorité, elles ne sont pas « fondamentalement transformatrices de nos modes de vie et de consommation ».

« Le dernier volet publié ne contient pas vraiment d’informations que nous ne connaissions pas déjà », confirme Jacob Hendren, membre du club Justice climatique uOttawa. Insistant sur l’obligation d’adopter rapidement des mesures face à la menace climatique grandissante, il affirme que les changements devraient, de prime abord, venir des politiques d’encadrement, puisque celles-ci ne permettent pas à ce jour d’engendrer une évolution positive.

Rappelant que l’objectif du rapport n’est pas d’être optimiste ou pessimiste, Burelli constate que celui-ci évoque une fenêtre de tir, certes bien réelle, mais s’amenuisant considérablement au fur et à mesure que le temps passe. C’est selon lui le signe que les actions entreprises actuellement sont loin d’être suffisantes pour inverser la tendance.

… mais pas d’évolution

« Lors de la COP 26, le président se targuait de la réussite quant au maintien de l’objectif de 1.5 degrés Celsius du réchauffement planétaire », remémore le professeur. Déplorant une augmentation de la température s’élevant d’ores et déjà à 1.09 degrés Celsius, il souligne que le nouveau Rapport du GIEC évoque une probabilité évaluée à 50 % de dépasser cette barre. Cette incohérence est ainsi, selon lui, assez révélatrice du décalage entre la réalité de la situation et l’optimisme affiché pendant les négociations de la COP.

Selon Hendren, ce statu quo est tout simplement dû au système capitaliste dominant. D’après lui, il ne serait pas compatible avec la possibilité de conserver un environnement de vie sain et habitable pour l’humanité tout entière. Soulignant que les effets sont encore peu ressentis au Canada, il fait remarquer que certaines communautés, comme en Asie du Sud-Est par exemple, sont déjà actuellement menacées, ce qui témoigne, d’après lui, de la nécessité de changer radicalement d’approche.

Burelli relève toutefois la complexité de la situation. « Nous parlons ici d’un problème environnemental qui concerne l’émission des gaz à effet de serre, qui sont eux-mêmes au cœur de toutes nos activités », explique-t-il. S’il confirme qu’il serait nécessaire d’adopter un changement d’approche conséquent, il concède toutefois que lesdits changements ne peuvent pas « s’opérer du jour au lendemain ».

Toujours selon lui, l’humanité ne dispose pas à ce jour des solutions technologiques permettant d’opérer immédiatement ces changements tout en maintenant un niveau de vie et de consommation similaire. Admettant, par exemple, le problème des déchets nucléaires, il explique qu’il n’existe pas aujourd’hui d’énergie capable de produire autant d’électricité à court terme, tout en étant parfaitement propre.

Alors que faire ?

D’après Hendren, il est nécessaire d’adopter une approche globalisée pour répondre aux défis posés par les changements climatiques. Mentionnant un besoin de responsabilisation des États les plus pollueurs, il assure que tout changement significatif interviendra seulement dans un cadre coopératif.

« Il faut sortir des énergies fossiles le plus rapidement possible », conclut Burelli, exprimant toutefois des doutes quant à la capacité de le faire d’ici 2050. En ce sens, il rappelle la volonté de l’Inde de modifier le texte des résolutions dans les dernières heures de la COP 26 pour passer de « sortir des énergies fossiles » à « diminuer » le recours à celles-ci. Cela démontre, selon lui, la résistance qui règne actuellement au sein de la communauté internationale quant à une réelle volonté d’agir ensemble.

Mentionnant la responsabilité des États occidentaux concernant l’état actuel de la situation, Hendren assure finalement que ceux-ci devraient prendre les choses en main pour accélérer cette transition. Selon lui, il est de la responsabilité de ces États de réparer les dégâts qu’ils ont eux-mêmes causés.

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