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Partenariat entre l’Université d’Ottawa et celle de Sudbury : entre espoirs et doutes

Emily Zaragoza
12 avril 2024

Crédit visuel : Courtoisie — Université d’Ottawa

Article rédigé par Emily Zaragoza – Journaliste

L’Université d’Ottawa (U d’O) a annoncé aux côtés de l’Université de Sudbury (U de S), la mise en place d’un protocole d’entente le 14 mars dernier. Dès septembre 2025, les étudiant.e.s du Moyen-Nord de l’Ontario auront accès à de nouveaux programmes en français « pour répondre aux besoins du marché du travail » de cette région. Pourquoi un tel projet ? Comment va-t-il se matérialiser ? Quelles craintes fait-il émerger ? 

Répondre aux besoins du nord de l’Ontario

« Novateur, avant-gardiste, gagnant-gagnant, franco-ontarien » sont les quatre mots qui qualifient le mieux le partenariat d’après Peter Hominuk, le directeur général de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). Ce dernier est convaincu que les établissements postsecondaires doivent collaborer dans l’intérêt de la francophonie. « Faire des études à l’université c’est cher, mais on peut aider les jeunes du nord de l’Ontario à rester près de chez eux — ce qui coûte moins d’argent — et à avoir accès à des programmes qui sont intéressants et en français », explique-t-il.

C’est une vision partagée par le recteur et vice-chancelier de l’U de S, Serge Miville. Il insiste sur l’importance de trouver une façon de mettre fin à l’exode de la communauté étudiante vers des établissements anglophones à l’extérieur du Nord. Il souhaite également offrir une programmation qui permette de répondre aux attentes des étudiant.e.s, aux besoins du marché du travail et de l’économie locale.

Dans le nord de l’Ontario « les entrepreneurs peinent à trouver des professionnels hautement qualifiés dans plusieurs domaines », explicite Yves Pelletier, le vice-recteur associé à la francophonie à l’U d’O. Lui-même originaire de Sudbury, il espère qu’en formant localement les étudiant.e.s, cela puisse contribuer à l’essor de la région. Il ajoute que c’est une nécessité face aux besoins du gouvernement et des entreprises ontariennes en main-d’œuvre francophone et bilingue.

Solidarité entre universités 

Selon le recteur et vice-chancelier, depuis la dissolution de la fédération Laurentienne, l’U de S a pour objectif d’établir une série de partenariats avec des établissements francophones et bilingues. « L’U d’O a répondu à notre appel », conclut-il. Pelletier précise que cette réponse favorable correspond au mandat de l’U d’O — inscrit dans sa loi constituante — de promouvoir le français dans l’ensemble de la province ontarienne.

Aucune annonce n’a été faite sur les programmes, puisque le Sénat académique de l’U de S doit encore travailler sur la question, explique Miville, qui se dit impatient de dévoiler plus d’informations. Certains éléments sont déjà connus comme la mise en place d’une mineure pour l’ensemble des élèves en leadership et gestion des équipes, souligne-t-il.

Le partage de ressources technologiques est un des éléments que devrait comporter ce partenariat. Le vice-recteur associé à la francophonie cite en exemple le registrariat : l’U de S pourra bénéficier du soutien de l’équipe de l’U d’O qui se chargera du transfert de données électroniques. D’après le directeur général de l’AFO, cette aide est très utile, car elle permet de mettre à disposition des ressources qui ont prouvé leur efficacité au sein de l’U d’O et d’apporter une solidité à l’U de S.

Pelletier précise que ce partenariat va se matérialiser concrètement lors de la graduation des étudiant.e.s qui recevront un grade de l’U d’O accompagné du logo de l’U de S. Il sera indiqué que le programme a été suivi en entièreté à Sudbury, détaille-t-il.

Affronter les critiques 

Un projet, comme celui-ci, génère des critiques, notamment à propos de la question du financement. Alors que l’U d’O dit avoir été obligé de suspendre les programmes de traduction en français pour des raisons budgétaires, comment ce partenariat va-t-il être financé ?

D’après Pelletier, dans le contexte difficile, il est essentiel qu’il y ait une neutralisation des coûts, c’est-à-dire que le partenariat ne devrait être financé que par l’U de S. Bien que le gouvernement ait refusé d’accorder des financements à celle-ci le 30 juin 2023, son recteur continue d’y croire. Il n’envisage pas cette décision comme « une porte fermée, mais plutôt une indication qu’il fallait passer par des partenariats stratégiques ».

L’U de S s’est engagée à bâtir un système « par et pour les francophones » d’après l’AFO. Or, certain.e.s craignent que le bilinguisme de l’U d’O puisse nuire à ce principe. Miville, qui affirme comprendre cette crainte, raconte s’être inspiré des instituts autochtones afin d’adapter ce modèle à la réalité franco-ontarienne. « Il était clair dès le début de nos discussions avec l’U d’O que notre entente allait respecter la gouvernance par et pour, et avait pour objectif l’autonomisation de l’Université de Sudbury ». Miville insiste sur le fait que l’entente est non exclusive, ce qui la distingue, précise-t-il, de celle qui existait lorsque l’U de S était fédéré à la Laurentienne.

D’autres initiatives ont été annoncées pendant le mois de mars, comme le financement par l’Acfas de onze nouvelles collaborations scientifiques dans le cadre du Programme de coopération en recherche dans la francophonie canadienne.

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