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« Baies du Nord » : une innovation agricole en pleine croissance

Daphnée-Maude Larose
2 février 2024

Crédit visuel : Nisrine Abou Abdellah — Directrice Artistique 

Article rédigé par Daphnée-Maude Larose — Journaliste

Sans importations, le Canada manquerait de produits frais en moins de 10 jours. Cette dépendance remet en question l’avenir de l’approvisionnement alimentaire du pays. C’est pourquoi, depuis février 2022, une équipe scientifique de l’Université d’Ottawa (U d’O) et des partenaires du secteur privé tentent de révolutionner la façon de cultiver des fraises dans un environnement hivernal. Une question se pose : est-il possible de produire des fruits à longueur d’année dans le climat canadien ?

Patrick Dumond, professeur en génie mécanique à l’U d’O et chercheur en vibration, souligne que les fraises sont le deuxième aliment le plus acheté par les Canadien.ne.s. Pendant l’hiver, ce fruit est importé de la Californie et du Mexique, ce qui a soulevé plusieurs problèmes pendant la pandémie, soutient-il. « Plus la population augmente, plus ça devient difficile d’obtenir les produits dont on a besoin. On voulait essayer de résoudre ce problème », affirme-t-il. 

Leur initiative est subventionnée par la Fondation de la famille Weston à l’occasion du « Défi cultiver l’innovation d’ici », indique Allyson MacLean, professeure agrégée au Département de biologie de l’U d’O. Le but de cette fondation est de protéger la planète dans une perspective environnementale et sociale, ajoute Dumond.

Une solution à des serres polluantes

Une possibilité de remplacement à l’importation est les serres canadiennes en hiver, mentionne-t-il. En revanche, pour une plus grande production, il faut de plus en plus de terres agricoles, ce qui détruit les forêts, selon l’ingénieur. Il insiste qu’il est aussi question de prendre soin de ces espaces afin qu’elles restent assez fertiles pour cultiver des végétaux. 

Dumond indique que la culture de fraises dans les serres est plus polluante, plus coûteuse et requiert plus de ressources que l’importation de ces dernières à partir du Mexique ou de la Californie. Le professeur en génie mécanique révèle que leur objectif était de trouver la meilleure façon de cultiver les baies dans des installations qui prennent moins d’espace que les serres. Ainsi leur projet propose « un système d’agriculture verticale capable de produire des fraises en respectant l’environnement et sans pesticide », déclare MacLean.

Comment ça fonctionne ? 

Marina Cvetkovska, professeure et chercheuse en biologie végétale et algale, énonce que la première question qui guide leurs dispositifs est la suivante : « Comment est-ce que l’environnement affecte la croissance de ces organismes ? » Les membres de l’équipe travaillant sur ce système étudient les milieux qui peuvent être néfastes et stressants pour les végétaux et les façons dont ces derniers s’adaptent aux climats, soutient-elle. Selon la biologiste, ils.elles peuvent aider ces êtres vivants à mieux se préparer à affronter des écosystèmes contraignants. 

Elle développe que son équipe et elle ont acheté des habitats clos où ils.elles produisent des fraises avec une approche hydroponique, c’est-à-dire de manière à ce que leurs racines soient submergées dans l’eau. « Ce système est intéressant, car il permet de contrôler l’environnement des plantes de très près », affirme la biologiste. Elle explique que c’est essentiel puisque les fraises n’aiment ni le chaud ni le froid. Cvetkovska informe que, présentement, l’équipe essaie différentes températures ainsi que plusieurs niveaux et couleurs de lumières. 

« Un des gros problèmes avec la production intérieure des fruits, c’est qu’on a besoin des abeilles pour faire la pollinisation », énonce Dumond. Selon lui, cette pratique n’est pas bonne pour ces insectes. Le professeur en génie mécanique tente alors d’élaborer un dispositif mécanique et automatique qui les remplacerait. Le chercheur exprime que cela se ferait à l’aide de vibrations et de brassage des fleurs.

Quelle est la prochaine étape?

La prochaine phase du défi se résume à améliorer leur système afin de produire à grande échelle, annonce MacLean. Dumond indique que : « Le but est de développer notre technologie pour qu’on puisse l’utiliser sur n’importe quels plants de fruits. » 

L’équipe envisage de cultiver des fraises rouges et blanches pour les commercialiser, selon la professeure agrégée en biologie. Elle précise que celles-ci seraient connues sous le nom True North berries (Baies du Nord) et qu’elles seraient identifiables comme étant canadiennes. On peut notamment déjà trouver les laitues de Field Farm, un de leurs collaborateurs, dans certaines épiceries canadiennes, souligne Cvetkovska.

Pour ceux.celles attiré.e.s par ce projet innovant, MacLean et Cvetkovska se disent toujours prêtes à accueillir de nouvelles.aux étudiant.e.s dans leur laboratoire. Ceux.celles intéressé.e.s sont encouragé.e.s à envoyer un courriel aux adresses suivantes : amaclea3@uottawa.ca et mcvetkov@uottawa.ca.

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