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Arts et culture

Exposition Planter des roses en janvier : l’art d’être un jardin

Emmanuelle Gauvreau
28 novembre 2023

Crédit visuel : Maya Norgaard — Courtoisie

Article rédigé par Emmanuelle Gauvreau — Cheffe du pupitre Arts et culture

Les étudiant.e.s du cours Curating for contemporary art (ART 4119) présenteront du 24 novembre au 7 décembre leur projet de curation collaborative Planter des roses en janvier à la Galerie 115. À même l’exposition, le travail de dix artistes émergent.e.s s’unissent dans leur rapport à la nature comme lieu de guérison et à la fois de violence, de par son tempérament « éphémère ».

L’exposition Planter des roses en janvier est un projet scolaire du cours offert par Celina Jeffery. Une vingtaine d’étudiant.e.s ont été séparé.e.s en quatre équipes, une de gestion de projet, de recherche, de communication ainsi que de travail d’installation, avec pour consigne de s’inspirer de l’œuvre de Derek Jarman pour leurs tâches respectives.

L’artiste britannique queer est l’auteur de nombreux journaux documentant le jardin qu’il a construit à Dungeness et qui seront adaptés en un livre intitulé « Modern Nature ». Le thème de l’exposition repose sur « un extrait du livre stipulant qu’un janvier, il a décidé de planter des roses », explique Maya Norgaard, l’une des membres de l’équipe de communication.

Partir de cette image était comme une évidence pour Celina Jeffery ainsi que pour sa classe. « C’est tellement beau et absurde, en plus d’ouvrir une série d’interprétations sur la définition d’un jardin. Plusieurs histoires personnelles peuvent émerger à partir de cette image », continue Norgaard.

Une exposition ou un jardin ?

Sur place, l’art de Yekta Çetinkaya, Saanya Chopra, Sophie El-Assaad, Kai Holub, Sarah Hughes, Lou Koch, Marguerite Morin, Susan Robertson-Baranick, Kalli Vath ainsi que Annika Walsh est présenté. « Il y a de l’art médiatique, des peintures, de la gravure, des installations, de la poésie ainsi qu’une performance subtile », remarque Mia Guertin-Crête de l’équipe d’installations.

Guertin-Crête ne perçoit pas la nature présente dans l’exposition comme étant « idéaliste ». « On est loin du jardin d’Éden, il y a beaucoup de références à la détérioration », affirme-t-elle. Celle qui est elle-même artiste visuelle est d’avis que les œuvres n’en sont pas pour autant « explicitement politiques », à l’exception du travail de Sophie El-Assaad. « Son travail est orienté vers la relation au sol. Au courant de la semaine, elle va hydrater de la terre qu’elle a recueillie », informe-t-elle. La performance explore le déracinement du lieu natal, d’une terre « détachée d’un lieu transporté et qu’elle tente de nourrir, en vain », continue-t-elle.

À l’inverse, l’équipe d’organisation a suivi un mandat consciemment écologique. Cela s’est notamment reflété dans la sélection d’artistes venant d’un périmètre près, afin de minimiser les déplacements, en plus d’avoir utilisé des produits et méthodes de communication réduisant l’utilisation du papier, fait remarquer le duo.

« L’équipe chargée de l’installation a fait un travail remarquable en choisissant des produits vraiment durables, jusqu’à l’étiquetage et la signalisation. Par exemple, ils ont beaucoup fait recours à de la colle à base de farine et d’eau », souligne Norgaard.

Elle révèle aussi que l’environnement dans lequel seront présentées les œuvres sera très « atmosphérique ». « L’éclairage va changer au cours des jours, suivant la lumière du soleil. Il va aussi y avoir une salle avec un diffuseur propageant des odeurs de lavande et d’eucalyptus », mentionne Norgaard.

Guertin-Crête souligne qu’elle et son équipe ont tenté d’appliquer la notion d’éphémère de la nature dans le travail d’installation de l’exposition, notamment par sa séparation en quatre univers. La première étant dans un entrepôt froid, « non isolé », faisant écho à l’automne, explique-t-elle. La seconde incarnera la terre. La troisième, les racines. Puis, la dernière salle d’exposition sera dans une classe où « une variété d’œuvres sera présentée » en interaction avec les étudiant.e.s. qui suivront leurs cours, résume-t-elle.

Un travail collaboratif « enrichissant »

Pour rendre le tout possible, les étudiant.e.s se sont parallèlement consacré.e.s à l’organisation de plusieurs levées de fonds. Tout le travail d’organisation repose entièrement sur l’initiative des étudiant.e.s, avance Norgaard. À venir ce mercredi 29 novembre, un dîner communautaire au Artengine, dont le concept est ouvertement inspiré de la flexibilité tarifaire du Dépanneur Sylvestre, explique Guertin-Crête. « C’est “apportez votre service de couverts” ! », rigole-t-elle. L’idée de ce dîner est de réfléchir au jardin « comme écosystème, les gens qui entretiennent des liens, des relations, qui se nourrissent entre eux », continue-t-elle.

Pour y faire suite se déroulera un symposium, le 1er décembre au 110 rue Laurier, salle 114, juste avant le vernissage. Une discussion avec Elizabeth Sweeney, Anna Rosenberg et Angelina Cacciato, qui se pencheront sur les sujets de l’inclusivité et de l’écologie.

Tout ce travail d’organisation, hautement collaboratif, est « l’un des meilleurs casse-têtes auquel j’ai dû participer », exprime Guertin-Crête et que Norgaard seconde. « J’ai appris que ce cours n’était pas donné chaque année », se plaint Guertin-Crête qui croit qu’il devrait être impérativement offert à tous.tes les étudiant.e.s au baccalauréat en arts. « C’est viscéral de se questionner sur comment on dispose d’une œuvre, surtout en art contemporain », continue-t-elle.

Il s’agit d’une expérience qu’elle qualifie d’« enrichissante », surtout sur le plan social. « C’est très difficile de travailler avec des gens, mais, si tu veux être artiste ou travailler dans le monde des arts, c’est cela que tu vas faire pour le restant de ta vie », insiste-t-elle.

Le vernissage de Planter des roses en janvier aura lieu le 1er décembre de 5 h 30 à 7 h 30 à la Galerie 115. Il est possible de suivre l’Instagram de l’exposition afin de rester à jour des activités à venir et afin d’en apprendre davantage sur les artistes.

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