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Construire une entreprise sociale pour aider les communautés noires et autochtones avec Jamal Koulmiye-Boyce

Marina Toure
22 mars 2023

Crédit visuel : Courtoisie – Jamal Koulmiye Boyce   

Entrevue réalisée par Marina Touré — Cheffe du pupitre Actualités

Jamal Koulmiye-Boyce est un ancien étudiant de l’Université d’Ottawa, récemment diplômé du programme en économie et étude des conflits et droits humains. Il a récemment reçu une bourse de la Fondation Pathy afin de l’aider dans la mise en place de son projet, qui a pour but d’aider les communautés noires et autochtones du Canada. Koulmiye-Boyce s’est entretenu avec La Rotonde pour discuter de son projet et de ce qui le motive dans son activisme.

La Rotonde (LR) : Quelles sont les raisons qui vous ont amené à mettre en place votre projet ?

Jamal Koulmiye-Boyce (JKB) : J’ai toujours été impliqué dans des espaces activistes en grandissant, ce qui s’est ensuite développé lorsque je suis arrivé à l’université. Pendant mes années d’activisme durant mes études, j’ai remarqué que les personnes qui font le travail de combattre les injustices raciales et de décoloniser le Canada sont souvent des personnes noires et autochtones. Celles-ci partagent beaucoup de similarités dans la manière dont le système les impacte, mais aussi en même temps de nombreuses différences.

J’ai aussi observé qu’il est très facile de perdre des relations créées lorsque l’on organise des manifestations ou des événements avec plusieurs acteur.ice.s, il suffit de ne plus se parler pendant quelques mois. Cela m’a donc donné l’idée de créer un système qui aiderait à construire et à solidifier ces relations entre les personnes noires et autochtones, hors des moments de crise.

LR : Pouvez-vous me parler des objectifs de votre projet et de ce à quoi il ressemblera lorsqu’il sera mis en œuvre ?

JKB : Mon projet consiste en la construction d’une entreprise sociale qui ciblera les problèmes sociaux que vivent les personnes noires et autochtones au Canada. Le but de mon projet était la construction d’une communauté qui place le concept du care au centre. Mon projet se fonde sur le cadre for us by us. Il s’agit de l’idée que les personnes racisées sont les mieux positionnées pour répondre aux besoins de nos communautés.

Mon projet se divise donc en deux aspects. Le premier se trouve dans la construction de relations quotidiennes entre les personnes noires et autochtones, à l’aide d’activités dans la nature. Il est important de construire et de reconstruire un lien conscient avec la nature, surtout lorsque l’on se bat pour la souveraineté des Premières Nations. Ces activités éducatives ont pour but d’aider nos participant.e.s à construire des relations les un.e.s avec les autres, tout en discutant de leurs expériences communes et leurs différences.

Le deuxième aspect de mon projet se concentre sur la jeunesse, âgée entre 15 ans et 18 ans. On planifie de mettre en place un forum national, qui réunira ces jeunes activistes pour les encourager à être des leaders dans leur communauté. Nous voulons les équiper avec des outils fondés sur une approche qui utilise les atouts de ces communautés, pour les aider à trouver des solutions aux besoins de celles-ci.

LR : Pourquoi est-il important pour vous de promouvoir la solidarité entre les personnes noires et les personnes autochtones au Canada ?

JKB : Tout d’abord, je trouve qu’il y a beaucoup de similarités dans les problèmes que les deux communautés rencontrent. Par exemple, dans les buts que l’on souhaite atteindre, ou dans la manière dont on est traité.e.s par le système de justice et d’éducation.

En tant que personne noire, je ne pense pas que l’on peut se libérer sans se battre en même temps pour la souveraineté des Premières Nations au Canada, sinon ce serait juste déplacer les moyens d’oppressions. Je pense aussi qu’il existe beaucoup de choses à changer dans les deux communautés, comme le racisme anti-noir et le colorisme dans les communautés autochtones, ou les idéologies coloniales dans les communautés noires. Pour moi, créer une relation de solidarité permettra de réussir à construire des communautés fondées sur la compréhension mutuelle et diverse.

LR : Qu’est-ce qui vous pousse à continuer à militer et comment luttez-vous contre l’épuisement professionnel ou le burnout?

JKB : Mon objectif dans mon activisme, c’est de créer un monde meilleur pour ceux.celles qui vont venir après moi et ceux.celles qui ne veulent pas être des « activistes ». Bien que je crois fermement que simplement exister en tant que personne noire est une forme de résistance, j’aimerais aider à construire un monde où l’on peut juste être heureux.ses.

Quand il s’agit de burnout, c’est encore un peu difficile pour moi. Je dirais que j’essaye surtout de reconnaître les signes. On arrive à un moment en tant qu’activistes où on est déjà épuisé.e.s. Les signes peuvent être multiples, comme prendre son premier repas à 14 heures ou éviter des messages de mes proches. Pour m’aider à me remettre, je préfère des activités dans la nature. J’aime aller faire des randonnées seules, et m’asseoir avec mes pensées. Ce qui m’aide aussi dans ces moments, c’est de me rappeler clairement de pourquoi je fais ce que je fais !

LR : Que diriez-vous aux étudiant.e.s qui souhaitent suivre vos traces et mettre en œuvre ce type d’initiatives ?

JKB : Je dirais : n’essaye pas de réinventer la roue ! L’originalité est importante, mais il est important, quand on décide de faire de l’activisme, de regarder vers le passé et de rechercher des mentors qui pourront t’appuyer dans ton cheminement. Le plus important, c’est de toujours avoir en tête que ce combat est plus grand que sa personne. Personne ne peut faire le travail seul.e, et personne ne devrait. Mon deuxième conseil, ce serait de toujours rechercher des opportunités pour aider ceux.celles qui veulent faire ce même travail. Aider la future génération, c’est s’assurer qu’iels n’auront pas à lutter contre les mêmes problèmes que nous, ou au moins leur permettre d’utiliser les solutions qu’on a trouvées pour s’aider !

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