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Nicolas St-Pierre
Sports et bien-être

Entrevue avec Nicolas St-Pierre, descripteur sportif des Sénateurs d’Ottawa

Dawson Couture
20 novembre 2022

Crédit visuel : Nicolas St-Pierre – Courtoisie

Entrevue réalisée par Dawson Couture – Chef du pupitre Sports et bien-être

Les partisan.e.s d’une équipe sportive sont accueilli.e.s et accompagné.e.s à chaque rencontre par un.e descripteur.ice à la radio ou un.e commentateur.ice à la télévision. Ces dernier.ère.s ont le double mandat de les instruire tout en décrivant l’action en direct. Pour en connaître plus sur ce métier, La Rotonde s’est entretenue avec Nicolas St-Pierre, descripteur sportif pour les Sénateurs d’Ottawa à Unique FM.

La Rotonde (LR) : Pourquoi avez-vous choisi de devenir descripteur sportif ?

Nicolas St-Pierre (NS) : Venant de Sept-Îles, quand tu penses à faire de la description sportive, tu es très très loin de ton rêve. Je ne te cache pas que quand j’étais tout jeune, je regardais les matchs de hockey et j’essayais d’imiter les grands descripteurs. D’une façon très détachée, je me disais : « Un jour, peut-être. »

Par la suite, mon premier rêve était de travailler dans les médias et dans le journalisme. J’ai gravi les échelons et, à un moment donné, une occasion s’est présentée. J’étais à la CJRC, une station de radio à Gatineau, et le descripteur des Olympiques de Gatineau a quitté en plein milieu de la saison. On m’a contacté le lendemain, un jeudi, pour voir si je serais près pour faire le match du vendredi. J’ai dit oui. À partir de là, je suis tombé à deux pieds joints. Cela n’a pas été facile au début, mais je pense que si tu as un rêve et que la porte s’ouvre, peu importe si tu penses être prêt, il faut s’essayer.

LR : Selon vous, quelles sont les compétences nécessaires pour être un bon descripteur sportif ?

NS : Avant tout, tu ne peux pas faire ce métier sans passion. Dans mon cas, il faut aussi avoir une facilité d’élocution. À la radio, il est nécessaire d’être beaucoup plus imagé qu’à la télévision. Une facilité de concentration est également essentielle puisqu’il faut que tu sois dans le match que tu décris à 100 %.

LR : Pouvez-vous nous décrire la préparation typique pour une description d’un match des Sénateurs d’Ottawa ?

NS : Cela dépend d’abord si on est sur la route, puisqu’on ne se déplace pas avec l’équipe. Lorsque le match est à domicile, une journée typique commence avec une visite à la pratique matinale où se font les entrevues avec les entraîneurs et joueurs. Je commence à me préparer 24 heures avant le match et je collecte plus d’informations au cours de la journée.

La Ligue nationale de hockey (LNH) nous envoie également des fiches d’information la journée même, ce qui rend la tâche de trouver des statistiques plus facile. Mes notes et les renseignements supplémentaires me permettent de préparer des cahiers de notes assez élaborés, que j’ai à portée de vue durant le match.

Au fur et à mesure que le match progresse, je prends en compte des informations qui sortent dans les médias, surtout de la LNH, afin d’approfondir notre couverture. Alors que la première moitié du match est surtout consacrée à présenter les forces en présence, la seconde se tient à ce qui se passe dans le moment présent puisque l’on a une meilleure idée des équipes et du déroulement de la séquence. 

LR : Cela fait plus de 20 ans que vous faites de la description de matchs. Selon vous, qu’est-ce qui a le plus changé dans votre métier et dans votre approche au cours de cette période ?

NS : L’interaction avec le public est certainement l’aspect du métier qui a le plus changé. Quand j’ai commencé, à l’exception des lignes ouvertes, c’était toujours difficile de communiquer avec son public. En près de vingt ans, on a vu une transformation totale des médias. Nous sommes maintenant à portée de main des auditeur.ice.s. Je peux discuter avec elles et eux en temps réel et voir leurs commentaires sur le match en direct.

Sinon, dans la livraison, je ne dirais pas qu’il y a grand-chose qui a changé parce que je suis bien dans mes chaussettes. En voulant toujours agrandir notre base, on ne veut pas non plus dénaturaliser ce qu’on était avant pour ne pas tourner le dos à ceux.celles qui étaient là du début.

LR : Selon vous, quels sont les plus grands défis auxquels vous faites face comme descripteur sportif ?

NS : On a beaucoup d’appelé.e.s, mais très peu d’élu.e.s en ce qui concerne les postes de descripteur.ice.s. C’est drôle parce que ce que je dis aujourd’hui c’était un message que j’entendais quand j’ai fait mes débuts en description sportive. 

D’une façon plus particulière pour la description francophone des Sénateurs d’Ottawa, on a toujours été considéré.e.s comme les petit.e.s cousin.e.s du marché de Montréal. Les francophones sont plus porté.e.s à écouter les descripteur.ice.s francophones du côté de Montréal. La majorité des partisan.e.s des Sénateurs sont aussi anglophones. Heureusement, de nos jours, les amateur.ice.s francophones des Sénateurs sont plus visibles et plus présent.e.s.

LR : Au cours de votre carrière, vous avez fait la description de centaines de matchs, y compris pour les Sénateurs, les Olympiques et les Redblacks. Quel a été votre match favori à décrire ? 

NS : Le numéro un pour moi c’était les quatre buts dans le même match de Jean-Gabriel Pageau contre les Rangers de New York. Je n’ai jamais voulu avoir de lignes préparées ou de slogans comme descripteur. Après avoir employé ces phrases pendant tant d’années, les gens s’attendent juste à cela et tu deviens un « One Trick Pony ». Lors de ce match, j’ai lancé la première chose qui m’est venue à l’esprit : « Pager, the game changer ! » L’ambiance était inexplicable.

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