Crédit visuel : Marina Touré — Co-rédactrice en cheffe et Nisrine Abou Abdellah — Direction artistique

Article rédigé par Jessica Malutama — Journaliste

La psychologie cognitive nous apprend que la mémoire est constitutive de ce que nous sommes. Elle occupe également une place centrale dans nos apprentissages. Alors que les étudiant.e.s sont appelé.e.s à acquérir des connaissances sur lesquelles ils.elles seront testé.e.s dans le cadre d’évaluations, comment peuvent-ils.elles améliorer leur faculté à mémoriser afin d’enrichir leurs expériences d’apprentissage ? Comment la mémoire se caractérise-t-elle, et en quoi consiste la mémorisation ?

Qu’est-ce que la mémoire ?

Annick Tanguay, chercheuse postdoctorale à la Vanderbilt University Medical Center, définit le phénomène de mémoire comme une « capacité à traiter l’information à des fins d’utilisation ultérieure ». Tanguay et Sylvain Gagnon, professeur agrégé à l’École de psychologie de l’Université d’Ottawa (U d’O), affirment qu’il existe différentes conceptions théoriques de la mémoire, mais aucun consensus n’est établi.

« En psychologie cognitive, on distingue [malgré tout] deux formes principales de mémoire », indique Tanguay. La mémoire à court terme consiste à traiter de l’information de brève durée. « Tout le reste passe par la mémoire à long terme », qui englobe différents sous-types de mémoire, avance la chercheuse. Parmi ces dernières, elle énumère les mémoires sémantique et épisodique.

L’experte souligne qu’un processus malléable s’opère lorsqu’on tente de se remémorer une information. « Dans un cours, on utilise des connaissances antérieures au cours et d’autres enseignées à l’intérieur de ce dernier. Une des capacités primordiales [pour un.e étudiant.e] est de pouvoir ramener toutes ces informations dans sa mémoire pour la naviguer de manière flexible afin de créer de nouveaux liens », énonce Tanguay.

Les stratégies qui réussissent et celles qui nous font échouer

Gagnon informe que le fait d’apprendre mobilise les mémoires sémantique et épisodique. « J’associe […] la mémorisation à une expérience. Quand on vit une expérience, on ne capte pas tous les éléments de la même manière à chaque fois », exprime-t-il. Il explique que « plus l’expérience d’intégration de l’information [en classe et dans les moments d’étude] est riche, plus la récupération sera facilitée au moment du test ».

L’apprentissage universitaire implique des efforts d’association et de dissociation entre les informations qui sont essentielles et celles qui ne le sont pas, ajoute le chercheur. De telles manipulations construisent des expériences qui deviendront des épisodes de vie, affirme-t-il. « On va se souvenir dans quel contexte on a vécu telle chose et cela devient de riches indices de récupération de la connaissance au moment de l’examen », émet Gagnon.

Le professeur constate que les étudiant.e.s éprouvent des difficultés lors des épreuves parce qu’ils.elles ne déterminent pas leur expérience de révision en fonction de celle qui les attendra au jour de l’examen. Il suggère d’éviter les « études à vide » qui ne consistent qu’à relire ses notes de cours à profusion. « Lorsqu’on relit le matériel, c’est relativement ennuyeux, on est distrait et [on tombe dans une sorte d’automatisme]. Il n’y a pas d’encodage profond [et] tout ce que l’on développe, ce sont des sentiments de familiarité », estime Gagnon.

Le pédagogue considère que développer des stratégies efficaces pour bonifier ses capacités de compréhension est une habileté qui s’apprend. Voici ses conseils pour enrichir son expérience en classe et pour bien se préparer aux examens :

1. Être actif.ve et se poser des questions : Le spécialiste conseille d’adopter une attitude active avant et pendant le cours en se posant des questions que l’on mettra à l’écrit, sur la matière. « L’important n’est pas de tout savoir avant le cours, mais d’avoir une idée de ce qui est à venir. Cela crée des interrogations, des épisodes de vie utiles à l’étape de récupération », énonce Gagnon. Il déconseille la méthode consistant à fidèlement retenir l’information telle que présentée par le.la professeur.e. « Intégrer la connaissance doit […] être conforme à l’expérience du test, mais aussi à sa personne et à sa manière de voir le monde », note-t-il.
2. Faire des groupes d’étude : Gagnon informe qu’étudier en groupe permet de créer des expériences de vie qui faciliteront la récupération de l’information le jour de l’examen. « Formuler ses propres questions est important, mais au bout d’un moment, on les connaît par cœur. Avec un groupe de cinq personnes, on peut facilement créer une cinquantaine de questions qu’on se partagera avec les réponses », mentionne Gagnon. « Chat GPT s’avère utile en ce domaine. On peut insérer un paragraphe issu d’un manuel dans le logiciel et lui demander de nous générer des questions faciles ou difficiles sur le sujet et cela n’est pas du plagiat », ajoute le professeur. Il insiste sur le fait que « l’idée n’est pas simplement de voir les questions, mais de les comprendre et de les mettre en action ».
3. Éviter les marathons d’étude et les nuits blanches : Gagnon recommande d’étaler son temps d’étude sur plusieurs séances, d’avoir un mode de vie sain et de ne pas sacrifier son sommeil pour ses périodes d’apprentissage.
4. Prendre des notes : La prise de notes, qui revient à traduire l’information, est un premier geste personnel utile à la compréhension, indique Gagnon. Selon le professeur, prendre des notes aide aussi à diminuer le temps d’études du fait qu’elle permet d’identifier ses incompréhensions. « C’est là aussi que l’on entend des indices du professeur sur ce qui pourrait être présent à l’examen », souligne-t-il.

Le Centre de mentorat de l’U d’O offre régulièrement des groupes d’étude et des séances individuelles aux étudiant.e.s qui cherchent à développer des habiletés pour atteindre leurs objectifs académiques.