Crédit visuel : Courtoisie – Charles Deluvio, Unsplash
Chronique rédigée par Audrey Sigouin – Contributrice
Les Rendez-vous du premier roman sont un réseau de clubs de lecture consacrés aux œuvres de la francophonie mondiale. Étalée sur près de six mois, la lecture des 16 titres choisis par le réseau permet aux lecteur.ice.s de lire et de sélectionner les livres des primo-romancier.e.s qu’ils.elles préfèrent.
J’ai fait mon entrée à l’Université d’Ottawa (U d’O) en septembre dernier, en pleine pandémie. Mes cours étaient entièrement en ligne, et je n’avais pas la chance de rencontrer d’autres étudiant.e.s. Donc, lorsque j’ai reçu un courriel invitant les étudiant.e.s à s’inscrire au club de lecture de l’U d’O, j’ai tout de suite saisi l’occasion. C’est ainsi que je me suis plongée dans l’aventure des Rendez-vous du premier roman.
Fonctionnement et déroulement
Depuis ses débuts, les Rendez-vous du premier roman rassemblent plusieurs clubs de lecture et permettent aux lecteur.ice.s de se rencontrer et de discuter des œuvres au programme. À la fin de la session, les participant.e.s votent pour leurs coups de cœur dans chaque catégorie.
Le programme de lecture a cette année comporté, d’après le site web du club, « une sélection de huit premiers romans d’ici constituée par un comité de grand.e.s lecteur.ice.s supervisé par l’écrivaine et l’animatrice Claudia Larochelle, et une sélection de huit premiers romans francophones hors-Canada, celle-ci concoctée par le Festival du premier roman de Chambéry ». Ainsi, les Rendez-vous du premier roman sont l’occasion parfaite de découvrir de nouvelles plumes et d’explorer la diversité francophone.
Lauréate de la sélection franco-canadienne
Dans la section franco-canadienne, la sélection était la suivante :
- Les montagnes noires d’Astrid Aprahamian, aux éditions Poètes de brousse
- Valide de Chris Bergeron, aux éditions XYZ
- Petits géants de Pier Courville, aux éditions Hamac
- Tout est Ori de Paul Serge Forest, aux éditions VLB
- Le lièvre d’Amérique de Mireille Gagné, aux éditions La Peuplade
- Jeux d’eau de Julien Grégoire, aux éditions Del Busso
- Furie de Myriam Vincent, aux éditions Poètes de brousse
- Le fond des choses de Thomas Desaulniers-Brousseau, aux éditions Les Herbes rouges
Lors de la sélection finale, le club de lecture de l’U d’O a choisi de nominer Furie de Myriam Vincent comme livre ayant le plus plu. Nous avions énormément apprécié l’univers des comics, et ce personnage principal hors du commun qui était étudiante le jour, et tueuse à gages la nuit. Une double vie qui apportait beaucoup de réflexions concernant le système de justice en place pour les violences à caractère sexuel, entre autres.
Le choix a été difficile, puisque nous avons majoritairement tou.te.s apprécié les romans franco-canadiens. Ils étaient uniques à leur façon et traitaient de thèmes importants, comme la transidentité, la pédophilie, le stress et l’anxiété de performance, le système de santé, la guerre, l’environnement et bien sûr, les violences à caractère sexuel.
Il semblerait que nous n’étions pas les seul.e.s à avoir cette opinion, car c’est ce titre qui a gagné le prix pour la catégorie franco-canadienne 2022. Ce genre de prix permet souvent une immense visibilité aux auteur.e.s et leur permet même souvent de faire décoller leur carrière d’écrivain.e.s.
Lauréat de la sélection française
Dans la section française, la sélection était la suivante :
- Aussi riche que le roi d’Abigail Assor, aux éditions Gallimard
- Avant que le monde ne se ferme d’Alain Mascaro, aux éditions Autrement
- Blizzard de Marie Vingtras, aux éditions de l’Olivier
- Le Démon de la Colline aux Loups de Dimitri Rouchon-Borie, aux éditions Le Tripode
- Le Doorman de Madeleine Assas, aux éditions Actes Sud
- S’en aller de Sophie d’Aubreby, aux éditions Inculte
- Les Envolés d’Étienne Kern, aux éditions Gallimard
- Soleil à coudre de Jean d’Amérique, aux éditions Actes Sud
La sélection de notre finaliste français avait été un peu plus laborieuse pour notre club de lecture. En effet, les romans français nous ont laissé.e.s plus mitigé.e.s. Nous avions finalement choisi Avant que le monde ne se ferme d’Alain Mascaro. Bien que le roman de Mascaro ait été choisi parmi les finalistes, c’est le roman de Dimitri Rouchon-Borie, Le Démon de la Colline aux Loups, qui a remporté le prix de la sélection française.
Malgré ma surprise initiale face à cette annonce, la victoire est tout à fait justifiée. C’est un livre poignant, qui traite de sujets tabous d’une façon très crue. Il est indiqué sur le site web des Rendez-vous du premier roman que celui-ci « raconte un être, son enfance perdue, sa vie remplie de violence, de douleur et de rage, d’amour et de passion, de moments de lumière… Il dit sa solitude, immense, la condition humaine ».
La description du livre ne semble pas avertir le.la lecteur.ice sur les sujets sensibles qui s’y retrouvent. De nombreuses scènes choquantes, et peut-être même traumatisantes pour certain.e.s, sont présentes. Il est donc important pour moi de le mentionner ; un.e lecteur.ice averti.e en vaut deux !
Bilan de mon expérience
Bref, dans toute cette aventure romanesque, j’ai découvert plusieurs romans fort intéressants. J’ai aussi pu échanger avec les autres membres du groupe, ce qui m’a permis de voir des aspects que je n’avais peut-être pas considérés ou remarqués dans ma lecture. Je conseille fortement ce club à tou.te.s ceux et celles qui sont intéressé.e.s par la lecture de romans, tout particulièrement si vous avez envie de découvrir de nouveaux.elles auteur.e.s. En tant qu’étudiante en Lettres françaises qui étudie beaucoup d’œuvres du passé, ce vent de modernité ne m’a pas fait de mal !
Je tiens à remercier Claudia Bouliane, professeure à l’U d’O responsable de cette activité parascolaire très plaisante. J’espère qu’à la session d’automne, le club puisse se rencontrer et discuter des romans dans la sphère réelle au lieu de virtuelle !