Crédit visuel : Sophie Désy — Photographe
Article rédigé par Hai Huong Lê Vu — Journaliste
Le Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) a organisé le 17 novembre dernier son Assemblée générale (AG) d’automne à l’auditorium des ancien.ne.s. L’événement hybride, qui s’est tenu de 10h à 21h20, a réuni près de 400 inscrit.e.s.
Maya Sinclair, présidente du Conseil d’administration du SÉUO, a ouvert la réunion avec une reconnaissance du territoire et un hommage à l’Association des étudiant.e.s autochtones. Après l’approbation de l’ordre du jour et des procès-verbaux, les membres de l’exécutif ont présenté leurs mises à jour.
Quoi de nouveau depuis mai ?
La présidente du SÉUO, Delphine Robitaille, a ouvert le bal en présentant les réalisations de son mandat, comme la création du budget 2024-2025 et la restructuration des départements des finances et de la communication, permettant l‘optimisation de l’efficacité et la réduction des coûts. Elle a poursuivi en abordant des sujets clés, comme les 200 000 $ de bourses prévues, la lutte contre l’insécurité alimentaire, avec 250 000 $ investis dans la banque alimentaire, dont 90 000 $ provenant de fonds externes, le campement propalestinien, ou encore les coupures dans le train léger.
Le Commissaire aux opérations, Greg Coleman, a enchaîné en abordant le budget 2024-2025, soulignant le financement record accordé aux clubs et les cotisations aux gouvernements étudiantes reconnues (GÉR). Coleman a également mis en avant les efforts du SÉUO pour améliorer la transparence et la responsabilité financière, notamment en optimisant les procédures comptables et en assurant un audit rigoureux.
Sydney Williams, Coordinatrice de la vie étudiante, a renchéri en mettant l’accent sur la planification de la Semaine 101, la plus ambitieuse de l’histoire du SÉUO d’après elle. Williams a poursuivi en mentionnant sa collaboration avec la présidente et la coordonnatrice des communications pour le projet uOttawa 2028.
Daphnée Veilleux-Michaud, Commissaire aux affaires francophones, a conclu en soulignant son engagement envers la communauté francophone sur le campus et à l’extérieur. Par exemple, elle a évoqué les tables rondes aux affaires francophones organisées toutes les deux semaines en collaboration avec les GÉR, ainsi que sa participation à des événements, tels que le Festival franco-ontarien en juin dernier.
Questions en suspens
Lors de la période de questions, une contradiction, dans le budget du SÉUO, entre les restrictions budgétaires et l’augmentation du financement pour les clubs et l’embauche a été soulevée. La présidente du SÉUO a expliqué que l’embauche d’étudiant.e.s à temps partiel était moins coûteuse que celle d’employé.e.s à temps plein. Coleman a continué en précisant que l’augmentation du financement des clubs résultait d’un vote référendaire étudiant.
Une autre préoccupation a concerné l’allocation de 150 000 $ pour le portail des clubs, qu’un étudiant jugeait « élevé » pour un système qui semblait mal fonctionner. Robitaille a expliqué que le Syndicat, n’utilisant pas la totalité de cette somme, avait décidé de développer une plateforme personnalisée afin d’économiser de l’argent, tout en se débarrassant de l’ancien système externe. Williams a précisé que le portail était encore en cours de développement, ce qui expliquait les dysfonctionnements temporaires.
S’agissant des problèmes techniques du U-Pass et des délais de remboursement, Robitaille a expliqué que des discussions étaient en cours, mais que le remboursement dépendait du conseil municipal. Concernant les tarifs, elle a précisé que le budget fédéral prévoit une hausse de 5 %, bien que le SÉUO ait négocié un plafond de 2,5 % pour le U-Pass. Cette hausse, soutenue par OC Transpo et la Ville d’Ottawa, est jugée par la présidente du SÉUO comme étant contraire à l’accord établi.
D’autres questions ont porté sur la grève potentielle des professeur.e.s de l’APUO, ou encore le coût du kit de la semaine 101.
Les décisions clés de l’Assemblée
L’AG a été le théâtre de nombreux débats sur des motions proposées. Une première motion demandait la création d’un Centre de la Francophonie. Celle-ci a été adoptée avec 65 votes pour et 21 votes contre. En entrevue avec La Rotonde, Veilleux-Michaud a salué cette initiative, la décrivant comme « une très bonne motion ». Elle a distingué le nouveau Centre de l’ancien Centre du bilinguisme, qui était axé sur l’apprentissage des langues plutôt que sur la culture francophone.
Une autre motion proposait d’ajuster à la baisse les exigences de bilinguisme pour les membres de l’exécutif de 3/4 à 2/4, à l’exception du poste de Commissaire aux affaires francophones. Veilleux-Michaud a insisté sur l’importance du bilinguisme pour assurer une communication efficace avec les étudiant.e.s francophones. Marème Diongue, membre exécutif de l’Association des leaders étudiants Noirs, a suggéré un amendement à la motion, permettant aux candidat.e.s* unilingues de postuler à condition de s’engager à apprendre l’autre langue. Elle a défendu cette proposition comme une solution face aux défis de recrutement rencontrés par le Syndicat. Bien que son amendement ait été approuvée- (67 voix pour, 11 voix contre, 7 abstentions), la version finale de la motion telle qu’amendée a été rejetée à 47 voix pour et 37 voix contre. En effet, pour passer, la motion nécessitait une majorité des 3/4, conformément à l’article 14.1.2 de la Constitution du Syndicat, précise Maya Sinclair, Présidente du Conseil d’administration, dans un courriel à La Rotonde.
Ensuite, la motion exigeant des vérifications d’antécédents pour les guides de la Semaine 101 a suscité des inquiétudes quant à sa faisabilité, ainsi qu’à la discrimination et à la potentielle criminalisation des étudiant.e.s marginalisé.e.s. Elle a finalement été rejetée. Une autre motion, visant à ce que le Syndicat revendique l’option de notation réussite/échec pour certains cours au choix, a été adoptée. Finalement, la motion proposant la création d’un budget pour l’accessibilité, financé par trois dollars par étudiant.e par an, ainsi qu’un caucus pour les étudiant.e.s handicapé.e.s, a été adoptée.
* Précision apportée par Maya Sinclair après la publication de l’article : Cet amendement ne concernait pas les candidat.e.s à l’élection, mais les étudiant.e.s qui postulent au rôle d’exécutif intérimaire à la suite d’un poste vacant lors d’une élection. L’amendement concernait la section 5.11.3 de la Constitution (« Membres intérimaires de l’Exécutif ») et n’aurait pas eu d’incidence sur l’éligibilité aux élections.